Hypothèques

La fameuse question des taux d’intérêt

Tous les propriétaires de maison ont profité de taux hypothécaires très bas depuis maintenant plusieurs années. Mais il n’en sera pas toujours ainsi. Une hausse des taux est à prévoir plus tard cette année, selon les experts. Prendre la décision d’opter pour un taux fixe ou un taux variable sera pour plusieurs un exercice complexe. Des experts nous aident à y voir plus clair.

Où s’en vont les taux ?

La Réserve fédérale américaine (Fed) a commencé à hausser les taux d’intérêt aux États-Unis. La Banque du Canada devrait le faire aussi, probablement l’an prochain. Toutefois, cela ne veut pas dire que les taux hypothécaires ne vont pas monter au Canada dès cette année, explique Matthieu Arseneau, économiste principal à la Financière Banque Nationale. Les taux hypothécaires sont fixés en fonction des taux des obligations. Or, les taux des obligations canadiennes suivent généralement de près les taux des obligations américaines, qui tendent à monter actuellement à cause de la politique de la Fed. « Nous prévoyons que les taux des obligations 5 ans au Canada augmenteront de 0,50 % d’ici la fin de l’année et que les taux hypothécaires de 5 ans feront de même », dit M. Arseneau.

Jouer les taux ?

On peut jouer les taux d’intérêt en optant pour une hypothèque à taux variable, si l’on pense que les taux vont baisser, ou à taux fixe si l’on croit qu’ils vont monter. Mais attention. Pour plusieurs, le prêt hypothécaire est la dette la plus importante. Le remboursement de cette dette devient alors un poste budgétaire des plus importants. Pour cette raison, il faut y penser à deux fois avant de jouer avec le taux d’intérêt, explique Luce Samson, vice-présidente, groupe de ventes spécialisées, chez BMO Groupe financier. « La moindre hausse des taux peut avoir un impact important sur le budget de l’individu, s’il se retrouve à renouveler un prêt à un taux supérieur », dit-elle.

Au-delà du taux d’intérêt

Les emprunteurs hypothécaires peuvent prendre d’autres décisions qui vont au-delà du taux d’intérêt et qui peuvent avoir un impact financier intéressant, explique Luce Samson. D’abord, le type de produit. Pour certains, il peut être intéressant de remplacer le prêt hypothécaire par une marge hypothécaire. Cela peut offrir plus de souplesse dans la gestion du budget. Mais aussi, la fréquence des versements. « En payant un peu plus chaque mois, l’emprunteur accélère le remboursement de son prêt, ce qui aura un impact direct et certainement non négligeable sur le total des intérêts payés », dit-elle.

Fixe ou variable

Généralement, le choix entre l’hypothèque à taux fixe et celle à taux variable est dicté par la tolérance au risque de fluctuation des taux d’intérêt, explique Jonathan Haziza, directeur de produits, solutions de crédit hypothécaire, à la Banque Nationale. « L’hypothèque à taux variable n’est pas un produit pour tous, car à la suite d’une hausse de taux, certains pourraient se retrouver dans l’impossibilité d’effectuer les paiements à la date prévue », dit-il. Par ailleurs, le taux variable peut être intéressant pour ceux qui ont une certaine souplesse dans leur budget et qui voudraient rembourser le prêt plus rapidement pour différentes raisons, selon lui.

Un an ou cinq ans ?

Bien que le terme de cinq ans soit le plus populaire, couvrant environ 80 % des prêts hypothécaires, il n’est pas nécessairement la meilleure solution pour tous. Il y a plusieurs facteurs à considérer dans le choix du terme de l’hypothèque, explique Luce Samson. D’abord, le temps pendant lequel l’individu compte conserver sa propriété. Ensuite, des projets à court ou à moyen terme qui nécessiteront un refinancement hypothécaire. L’individu doit garder à l’esprit que la pénalité qu’il pourrait encourir advenant un remboursement anticipé de son hypothèque pourrait être onéreuse. Enfin, pour ceux qui croient avoir la capacité de rembourser l’hypothèque plus rapidement, une hypothèque ouverte pourrait être la bonne option.

Gare à la complaisance

Conséquence de la crise financière de 2008-2009, les taux d’intérêt ont chuté jusqu’à un niveau atteint jamais auparavant. Et ils continuent d’être très bas. Le taux hypothécaire fixe de 5 ans a touché 2,39 % en 2016, un record, relate Jonathan Haziza. « Plusieurs propriétaires sont jeunes et n’ont jamais vu monter les taux d’intérêt », dit-il. Le printemps est une période propice à l’achat et à la vente de propriétés, si bien que les prêteurs se font concurrence auprès d’emprunteurs, ce qui a tendance à faire baisser les taux. Mais il ne faut pas s’y laisser prendre. Il faut plutôt éviter de tomber dans la complaisance et se rappeler que le biais demeure vers une hausse des taux hypothécaires cette année.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.