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La thérapie par la BD

Lili a 29 ans. Bientôt 30. Elle a appris en février qu’elle avait un cancer du sein. Parce qu’elle ne savait pas comment annoncer cette bouleversante nouvelle à ses proches « sans que ce soit trop lourd », cette Montréalaise d’adoption a tout simplement décidé de l’illustrer en BD.

« Ça permet de dédramatiser. J’ai une vision plutôt positive et rigolote. Quand on n’a jamais vécu le cancer, on ne sait pas du tout ce que c’est. Les gens ont une image de la mort, mais il y a des gens qui s’en sortent aussi. »

Son blogue s’appelle Tchao Günther. « Il faut bien nommer ce truc… Le Danemark a sa girafe Marius. Moi, j’aurai mon cancer Günther. Ne vous attachez pas, il subira le même sort », raconte-t-elle. Notons que le girafon Marius a été abattu au zoo de Copenhague en février dernier, ce qui a créé une vague d’indignation.

Comme le premier épisode a été bien reçu, Lili a décidé de continuer. En congé de maladie, elle se raconte avec humour à travers des illustrations vraiment sympas. À ce jour, elle a pondu huit délicieux épisodes.

« Je me suis rendu compte que ça me servait de thérapie. Que raconter et mettre des mots sur ce que je vis et ressens, ça fait vraiment du bien. »

— Lili, auteure du blogue Tchao Günther

Le « Club de lutte violente au nunchaku contre ce con de Günther » compte des centaines de fidèles. « Grâce à Facebook, on m’écrit de partout, aussi bien du Québec que de Belgique et de France. Ce sont des gens qui ont vécu la même chose, qui vivent la même chose ou qui ont des proches qui sont dans cette situation. D’autres veulent simplement m’encourager. »

Lili tient néanmoins à son anonymat, notamment parce que ça lui permet de se détacher de son nouveau rôle imposé de « la fille qui a le cancer du sein ». « Quand on est malade, les gens posent un regard négatif sur nous, ils ont de la pitié. Ce n’est pas fait méchamment, mais ce n’est pas ce dont on a besoin. »

Être incognito lui permet également ce ton politiquement incorrect. Sa plume est mordante, toujours rafraîchissante. « Je raconte ce que je comprends. Il y a sûrement du faux, mais c’est ce que je perçois. C’est souvent rigolo, mais si j’ai besoin de publier un billet plus lourd, je le ferai. »

Avec « les mésaventures de Günther en BD ou comment je vais kicker le cul à mon cancer du sein », Lili se permet de vivre la maladie avec un soupçon de légèreté… avant son prochain rendez-vous médical.

Visitez le blogue Tchao Günther
(tchaogunther.com)

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