Appel à tous

Qui fait la meilleure baguette ?

Vous ne résistez pas à l’envie de croquer son quignon avant d’arriver à la maison ? Elle est parfaitement craquante, dorée, alvéolée ? Pas de doute, vous pensez connaître le boulanger qui produit les meilleures baguettes de Montréal et ses environs ? Écrivez-nous ! La section Gourmand est à la recherche de la perle rare pour son concours « La meilleure baguette » de la grande région métropolitaine. Soumettez vos candidatures jusqu’au 27 juillet. Nous organiserons une compétition amicale avec les candidats les plus populaires, dont le grand gagnant sera dévoilé pour la rentrée, et le retour des lunchs !

— Violaine Ballivy, La Presse

Critique resto/Chez Sophie

Un autre Griffintown

Chez Sophie, on est en plein cœur de Griffintown. Pourtant ce restaurant ne pourrait être plus éloigné de l’esprit qui règne dans ce quartier, ou plutôt de l’image qu’en projettent un certain nombre d’établissements portés sur la musique forte, les vins aussi chers que racoleurs et les décolletés profonds.

Ici, Chez Sophie, le niveau de décibels convient parfaitement aux conversations intimes et aux gourmets à l’ouïe fragile.

À peu près tous mes amis, collègues, connaissances, lecteurs friands de bonnes tables qui se plaignent depuis des années du tapage des restaurants à la mode, m’ont confié dans la dernière année avoir adopté Chez Sophie. La carte des vins est précise et recherchée – si vous aimez les champagnes, notamment –, la cuisine demeure plutôt classique, mais son exécution et sa présentation sont impeccables. Il y a une jolie terrasse au jardin pour manger dehors quand il fait beau. Et la décoration est sobre, mais élégante.

Le refuge, en d’autres mots, pour ceux qui fuient les restos trop courus, trop néo-rustiques, trop improvisés.

Sophie, c’est Sophie Tabet, une chef montréalaise d’origine libanaise, qui a étudié et vécu en France (elle a étudié chez Bocuse) et en Italie (elle y a rencontré son mari et partenaire Marco Marangi) avant d’ouvrir plusieurs restaurants à Beyrouth. En 2013, alors que le Moyen-Orient plongeait à nouveau dans la crise, elle a choisi de revenir ici pour s’installer dans Griffintown. Sa table ici est moins chic que ne l’était son Chez Sophie libanais, dont quelques amis m’ont dit récemment que c’était incontestablement l’un des restaurants phares de la capitale.

À Montréal, l’approche demeure assez conviviale. Le service est professionnel (même si les réponses aux questions un peu pointues sur les ingrédients sont parfois étonnantes), mais les assiettes sont assez simples. Mozzarella di bufala et tomates. Asperges, jambon et hollandaise. On a vu plus compliqué. Est-ce une raison pour ne pas aimer ? Pas du tout. Parfois, il fait plus de bien de manger des classiques impeccables que des créations bancales.

Après un amuse-bouche de fine mortadelle offert par la maison et un petit velouté de chou-fleur bien arrondi et crémeux, on commence avec une entrée d’asperges vertes, la chef n’ayant pas été capable de s’approvisionner en asperges blanches satisfaisantes ce jour-là. Peu importe. L’assiette est classique et délicate, puisque les légumes verts, cuits à la perfection, sont enrobés d’une hollandaise riche à souhait et juste assez citronnée. On aime les copeaux de parmesan et les petits morceaux de jambon de Parme qui donnent au plat un ton italien.

En fait, la chef adore l’Italie. Une autre entrée est une assiette de burrata – peau de mozzarella farcie à la crème – accompagnée d’une tomate marinée, une composition encore là bien traditionnelle, à peine réinterprétée, mais bien faite. Comme c’est le cas pour tous ces plats, ce sont les produits qui changent tout, et dans le cas de l’assiette de jambon ibérique, c’est effectivement le jambon, hyper fin, hyper délicat, qui triomphe. La tartine de pain au levain grillé façon « pain aux tomates » à la catalane avec manchego (fromage espagnol de lait de brebis) râpé est moins frappante.

En plat principal, la daurade à la plancha, qui s’accompagne d’un couteau de mer gratiné, est particulièrement bien cuite, avec sa peau croustillante, fondante comme de la peau de poulet. On aime la rencontre très terrestre avec la tombée d’épinards et la sauce bien citronnée.

La morue noire laquée, de son côté, moelleuse et fondante, arrive en compagnie d’un daïkon confit à l’orange qui vole la vedette. On en oublie presque la mousseline de chou-fleur, très fine, et le foam au citron vert.

Troisième poisson, le saumon est présenté tout simplement, cuit à point donc très rose, avec des carottes croquantes et un chutney relevé au gingembre. On aurait aimé y penser avant, tellement c’est simple et bon.

Au dessert, la surprise au chocolat est spectaculaire par sa présentation – on fait fondre une sphère de chocolat avec une sauce chaude au chocolat aussi. Mais en bouche, le plat surprend moins. On mange essentiellement plusieurs variations sur le thème de la ganache et de la sauce au chocolat. Le millefeuille à la pistache est nettement plus intéressant puisqu’il revisite le concept et met en scène quelques feuilles de pâte fines avec beaucoup de crème de pistache maison, probablement le plat le plus libanais de tout le repas, et une glace au chocolat noir.

Le dessert le plus gourmand ? Le pain perdu à la brioche, servi avec du caramel au beurre salé en abondance. Ça aussi, on veut la recette, tant c’est riche, caramélisé et fondant tout à la fois. Un peu moins élégant que le reste du repas, mais on lui pardonne n’importe quand.

Chez Sophie

1974, rue Notre-Dame Ouest

Montréal

438 380-2365

NOTRE VERDICT

Prix

Entrées entre 14 $ et 18 $, plats entre 30 $ et 40 $. Desserts 12 $ ou 14 $.

Carte des vins

Beaucoup d’importations privées triées élégamment, et les amateurs de champagnes seront contents.

Service

Professionnel, mais on aurait aimé un peu plus de précisions dans les réponses à nos questions sur la provenance des ingrédients.

Décor

Simple, dépouillé, mais de bon goût, dans des tons neutres. On aime les quelques tables au jardin. Parfait en été.

Atmosphère

Très calme, posée, dans un décor tout doux, aux tons neutres, dépouillé. On apprécie le niveau de décibel très civilisé.

On aime

La qualité de la cuisine et le calme

On aime moins

On n’a jamais vraiment su d’où venait le saumon

On y retourne ?

Oui !

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