LE DÉBAT DU JOUR

Parti conservateur et populiste

Comment interpréter l’annonce faite hier par le gouvernement Marois d’éliminer le droit, accordé dans un premier temps aux institutions qui le désirent, de se soustraire à l’interdiction du port des signes religieux ? Certains pensent que c’est de l’improvisation et de l’amateurisme ; j’y vois plutôt la détermination d’un gouvernement qui a décidé d’aller jusqu’au bout d’une logique identitaire étroite, élaborée par le Parti québécois, depuis son arrivée au pouvoir.

De fait, ce ne sont pas l’égalité entre les femmes et les hommes ni même la neutralité de l’État pourtant promue comme son objectif qui sont les fondements de ce projet de Charte. En ciblant le crucifix qui serait maintenu en place, la manifestation symbolique des Femen québécoises à l’Assemblée nationale témoigne de ce malaise. Ce qui se déploie maintenant est une vision de la société québécoise – fondée sur des valeurs canadiennes-françaises ethnonationalistes – que l’État incarnerait et appliquerait de façon interventionniste. Un des effets collatéraux de cette charte n’est-il pas de faire de la fonction publique un bassin d’emploi réservé à tous ceux et celles qui se plieront aux nouvelles directives ?

Le PQ se donne à voir tel qu’il est devenu, privé de son aile sociale-démocrate et interculturelle, comme un parti conservateur et populiste.

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