Cueillette sauvage

Asclépiade commune

Nous vous présentons cette semaine un dernier produit sauvage comestible qui se cueille sur le beau et grand territoire québécois.

Plante un peu controversée (crue ou mal apprêtée, elle peut être toxique), l’asclépiade n’en est pas moins comestible et délicieuse !

« J’adore son goût, qui rappelle celui des petits pois frais et de l’asperge, mais qui est très distinctif et qu’on reconnaît avec le temps comme le goût… de l’asclépiade !, lance le cueilleur François Patenaude. Au printemps, on peut manger la jeune pousse comme une asperge, en juin, les boutons floraux se mangent comme des brocolis, et en juillet, on consomme les gousses (les “petits cochons”) fraîches ou marinées comme des petits cornichons. Pas mal pour une plante qu’on considère comme une mauvaise herbe ! »

François Patenaude (oui, oui, le Zapartiste !) a récemment mis sur pied une petite entreprise de commercialisation de produits sauvages, qu’il a nommée Saveurs des bois.

L’humoriste a acheté des terrains à Saint-Jean-de-Matha il y a sept ans, sachant qu’il avait besoin d’un peu de nature dans sa vie. Au fil du temps, le désir de s’y installer en permanence s’est précisé. Lorsque nous lui avons parlé, il y a deux semaines, l’urbain était en plein déménagement.

Intéressé par les PFNL (produits forestiers non ligneux), il a suivi la première formation donnée par la SADC Matawinie et l’Association forestière de Lanaudière. Il fait également partie du projet des Vergers potagers forestiers de Lanaudière.

« Chez moi, on a principalement planté des noisetiers, parce que je trouve aberrant de consommer des noix qui viennent de l’étranger alors que plusieurs espèces poussent très bien chez nous. C’est une source de protéines végétales très intéressante. »

Des arbres à fruits comme l’aronia, le camérisier, l’amélanchier et l’argousier font désormais également partie du paysage.

Mais revenons à l’asclépiade. « Il ne faut jamais manger l’asclépiade crue, car son latex contient une toxine, prévient François Patenaude. On laisse tremper les parties à consommer pendant 24 heures dans une eau salée, que l’on peut changer à quelques reprises, puis jeter avant de les faire bouillir dans deux eaux. Ensuite, je les fais sauter avec un peu de beurre, de sel et de poivre, car c’est ainsi, apprêtées simplement, que je les préfère. » Voilà pour la recette !

Ariane Paré-Le Gal, de l’entreprise Gourmet sauvage, affirme qu’il suffit de faire bouillir une seule fois l’asclépiade, pendant trois ou quatre minutes. « Le MAPAQ a basé ses recommandations sur les travaux de mon père [Gérald Le Gal, le gourmet sauvage en question !], mais il en rajoute toujours plus. »

Un bon truc ? Cueillir avec un seau d’eau, pour éviter que le latex, soluble à l’eau, ne se répande et ne colle partout. La saison des pousses et des boutons floraux est maintenant passée. C’est le tour des gousses. « Idéalement, on les cueille quand elles font moins de 5 cm, sinon c’est très coriace », conseille François Patenaude.

L’asclépiade fraîche est difficile à acheter. Il faut la cueillir (ou la manger au restaurant !). On pourra acheter la nouvelle récolte du Gourmet sauvage, transformée en marinades, vers la fin de l’été. Pour l’instant, les produits de Saveurs des bois sont vendus au Marché de solidarité régionale de Joliette.

NOTE

La cueillette de produits sauvages ne s’improvise pas. Beaucoup de plantes se ressemblent, et si plusieurs sont délicieuses, certaines se révèlent toxiques. Histoire de garder la santé, mais aussi de protéger la ressource, nous ne saurions trop vous recommander de vous les procurer au marché ou auprès de cueilleurs chevronnés.

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