CHUM

« Le patient va transformer le système »

Assumant en garde partagée ses fonctions de président-directeur général du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) et du CHU Sainte-Justine, Fabrice Brunet sait que la prochaine année sera remplie de défis pour lui. En effet, les deux hôpitaux prendront possession de leurs nouvelles bâtisses dans les prochains mois. Martelant vouloir mettre le patient au cœur de toutes ses décisions, celui qui est devenu l’un des administrateurs de la santé les plus épiés de la province a des objectifs ambitieux. Entretien.

Vous êtes entré en poste le 3 septembre. Vous dirigez maintenant deux des plus importants établissements de santé francophones du Québec. Comment s’est passée votre nomination ?

Il y a eu une première réunion où le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, m’a demandé si je voulais venir au CHUM. Bien entendu, j’étais tout de suite intéressé. Mais je ne voulais pas quitter Sainte-Justine. Non pas que je me sente indispensable, mais tout simplement parce que le CHU Sainte-Justine est à un an de son nouveau bâtiment. C’était difficile de les laisser. Le ministre a réfléchi et m’a ensuite proposé de regrouper les deux institutions. Là, j’ai accepté.

Vous n’avez pas hésité devant l’ampleurde la tâche ?

Non. Je suis un médecin. Je suis au service de la population. […] Mettre ces deux organisations ensemble offrait la possibilité d’atteindre encore mieux cet objectif. […] Je ne suis pas inconscient. Je sais qu’il y a du travail. Mais ce sont deux organisations tellement prestigieuses que ça valait la peine de venir.

Qu’avez-vous fait depuis votre arrivée en poste ?

D’abord, j’ai essayé de comprendre rapidement ce qui se passe. Quels sont les problèmes éventuels, les forces, les solutions qui existent déjà. Cette étape a été faite en accéléré, car nous avons des échéances au CHUM qui sont très courtes en termes de nouveau bâtiment, notamment (Le CHUM prendra possession de la première phase de son nouvel hôpital au printemps).

Quel est votre principal objectif ?

Que les patients, la population disent après cinq ans, par exemple, qu’il y a une réelle amélioration, une prise en charge qui est améliorée. Une meilleure satisfaction.

Le CHUM a un historique lourd. Une réputation d’établissement difficile à gérer. Comment faire pour changer l’ambiance ?

En premier, il faut incarner une vision et des valeurs, déjà présentes au CHUM. Notre première mission, c’est les soins à la population. Bien entendu, les CHU vont au-delà de donner des soins. On doit aussi améliorer les soins de façon continue à travers la recherche, l’enseignement, l’innovation. Une fois cela établi, la deuxième étape, c’est d’aller chercher tous les acteurs du terrain pour se mobiliser afin d’atteindre cet objectif.

Vous avez plusieurs projets importants en cours pour la prochaine année. Avez-vous bon espoir de régler tout ça dans les temps ?

Oui, on va tout faire pour respecter nos budgets et nos échéanciers. Mais nous ne prendrons possession des établissements que si nous sommes sûrs que la qualité des soins, la sécurité des patients et des équipes sont au rendez-vous. Je ne sacrifierai pas ces éléments pour respecter à tout prix un échéancier.

Faites-vous allusion au Centre universitaire de santé McGill (CUSM) qui a pris possession d’un bâtiment qui avait plusieurs irrégularités ?

Non. Je ne fais allusion à rien. Je suis un ami du CUSM. Je vous dis simplement ce que je fais.

La médecine vous manque-t-elle ?

Beaucoup. […] Mais je fais de la clinique pour un patient très complexe : le CHUM ! Je le traite comme ça. De temps en temps, il faut intervenir vite et fort. Et des fois, il faut le laisser se stabiliser puis reprendre.

Vous êtes arrivé au Canada en 2002, comme chef du service de réanimation et des soins intensifs à l’hôpital St. Michael de Toronto. Puis au Québec en 2009  pour prendre la tête du CHU Sainte-Justine. La France vous manque-t-elle ?

Pas du tout ! J’aime le Québec. Je suis québécois de première génération.

Quel est votre principal défi ?

Nous allons améliorer la trajectoire du patient […] et travailler à réaligner le système pour mieux répondre aux besoins du patient […]. On fait une telle transformation aujourd’hui, qui se réoriente vers le patient, que c’est un changement culturel majeur. Et le défi est là. Il n’est pas tant financier et structurel. On se réoriente vers le patient. C’est un changement culturel majeur. Le patient va transformer le système.

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