Chronique
L’année cinéma, par thèmes
La Presse
Les paris relevés
de Denis Villeneuve et de Jean-Marc Vallée
Ils sont partis chacun à leur manière à la conquête du cinéma américain, et ils ont réussi.
de Denis Villeneuve est un thriller psychologique de grande qualité, rondement mené, magnifiquement filmé, efficace et intelligent. La mise en scène de de Jean-Marc Vallée est tout aussi riche, inspirée par les performances remarquables de Jared Leto et de Matthew McConaughey.
de Louise Archambault
Les chansons de Robert Charlebois, chantées par la chorale de l’école Les Muses, ont une charge émotive vive, envahissante, irrésistible, dans ce très beau film de Louise Archambault. Des airs et des paroles archiconnus, qui font partie de notre patrimoine musical, mais qui semblent prendre une autre dimension, transcendante, grâce à ces magnifiques interprètes.
de Steve McQueen et de Stephen Frears
Deux films de cinéastes britanniques, d’après des « histoires vraies ». Le premier, un percutant coup au plexus, racontant l’horrible épreuve subie par Solomon Northup, homme libre de la Nouvelle-Angleterre fait esclave dans le sud des États-Unis à la moitié du XIX
siècle. Le second, plus léger en apparence, suscitant tout autant d’indignation face au traitement des filles-mères par les communautés religieuses, ici comme ailleurs, au milieu du siècle dernier.d’Haifaa Al-Mansour
est non seulement le premier film de fiction réalisé en Arabie saoudite. C’est le premier à y avoir été réalisé par une Saoudienne, qui aborde de front, mais avec intelligence l’asservissement de la femme. Une œuvre féministe qui lève le voile sur un contexte politico-social que l’on a rarement l’occasion d’entrevoir en Occident. Un premier long métrage imparfait, aux qualités cinématographiques limitées, mais surtout un symbole de résistance et un retentissant cri de liberté.
de Marc-André Lavoie
La comédie autoproclamée de l’été, au scénario sans queue ni tête, a égrené tous les clichés possibles, en n’offrant que deux ou trois occasions de sourire (et des dizaines de soupirer). C’était pourtant sa raison d’être. Un brouillon inachevé, désespérément livré en pâture à un public censé raffoler de quiproquos usés et sans ressort. Un public qui, encore une fois, a fait la preuve qu’il n’est pas dupe.
de Zack Snyder
Un film de superhéros archétypal – avec une scène interminable où une ville entière se fait détruire dans une bagarre entre Superman et Zod – qui marie de manière improbable le prosélytisme religieux et le showbiz hollywoodien.
contient assez de références chrétiennes, de métaphores messianiques et autres allégories bibliques pour inspirer plus d’un prédicateur. Alléluia !de Neill Blomkamp
Matt Damon, moitié homme, moitié robot, « full » pauvre, tire sur tout ce qui bouge pendant près de deux heures pour tenter de sauver sa peau. Jodie Foster, chef des forces armées d’un satellite de la Terre peuplé de milliardaires, crispe les lèvres d’inquiétude beaucoup trop longtemps. Le cinéaste de
propose l’un des pires films de l’année, une ânerie ultraviolente sans le moindre intérêt.de Michel Gondry
On espérait tomber sous le charme. Et c’est vrai que des idées brillantes foisonnent dans cette mise en scène débordante d’originalité et d’inventivité. Mais à force de vouloir traduire fidèlement en images le roman de Boris Vian, Michel Gondry a fini par desservir l’œuvre, qu’il trahit et écrase, en piétinant ses nénuphars. Avec pour résultat, un film froid, distant et, au final, raté.
des frères Farrelly
Un film à sketches qui, voulant repousser les limites de la vulgarité, ne fait qu’ennuyer. Un lutin qui sacre se fait ligoter et martyriser. Une femme demande à son fiancé de lui prouver son amour en déféquant sur elle. Un homme (Hugh Jackman) vit avec un scrotum dans son cou… Pas « assez mauvais pour être bon », ni assez audacieux pour faire rire.
de Ken Loach
Une franche comédie, absolument sympathique, qui flirte avec le burlesque et l’humour décalé, tout en restant ancrée dans le réalisme et les luttes de classes sociales. L’histoire d’une bande de cambrioleurs loufoques de Glasgow, jeunes délinquants condamnés à du travail communautaire, dont le regard oblique se pose bientôt sur un cru extrêmement rare de whisky.
La jeune Française Adèle Exarchopoulos est pratiquement de toutes les scènes de
d’Abdellatif Kechiche, la plupart du temps en gros plan. Elle perce littéralement l’écran avec un jeu d’un naturel désarmant. La comédienne australienne Cate Blanchett est au sommet de son art dans de Woody Allen. Elle est époustouflante dans le rôle d’une femme de la « haute société » qui a tout perdu et trouve refuge à San Francisco chez une sœur qu’elle a toujours méprisée. Juliette Binoche, à nu comme jamais, interprète avec une justesse inouïe le rôle-titre de de Bruno Dumont, qu’elle incarne en très peu de mots, grâce à un regard intense, évocateur, magnifique de détresse.La transformation physique de Matthew McConaughey, abonné d’ordinaire aux rôles de beaux Brummell musclés, est sidérante dans
de Jean-Marc Vallée. Mais la subtile transformation psychologique de son personnage et la manière dont il la rend à l’écran sont tout aussi remarquables. À 77 ans, Robert Redford offre l’une des performances les plus marquantes de sa carrière dans de J. C. Chandor. Un rôle quasi muet, celui d’un navigateur dans ses derniers retranchements, déployant tous les efforts pour survivre à l’accident qui a abîmé son voilier, en plein océan Indien. Tom Hanks est aussi à la tête d’un navire en eaux troubles, dans de Paul Greengrass. Le cargo qu’il dirige a été capturé par des pirates, le long des côtes somaliennes. Un jeu qui transpire la vérité, le courage et le désespoir.