Commission Charbonneau

De la théorie à la pratique

Voici quelques théories sur la science de la tricherie telles qu’illustrées par la commission Charbonneau.

La fraude est contagieuse. Voir quelqu’un tricher peut inciter à tricher.

« En 2008, j’ai décidé, avec trois autres entrepreneurs, qu’on n’est pas pires qu’ailleurs. On va former un système de collusion, on va sortir les entrepreneurs qui nous sortent des autres villes. »

— André Durocher, entrepreneur, sur sa tentative de créer un cartel dans la couronne nord.

Lorsqu'ils sont soumis à la tentation de tricher, la plupart des gens succombent à la tentation.

Lorsque les journalistes se sont mis à rapporter le manque de compétition dans l’industrie de la construction, la Ville de Montréal a décidé d’ouvrir le marché à de nouveaux entrepreneurs. Mais certains considéraient déjà que ces nouveaux venus seraient corruptibles.

« Je me réjouissais de l’arrivée d’un nouveau joueur – bien plus de cadeaux à Noël. »

— Luc Leclerc, ex-ingénieur à la Ville de Montréal.

L’être humain est très habile à trouver des justifications à ses actes et se convaincre qu’il a bien agi.

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« Je ne suis pas une personne naïve. Je suis une personne qui fait confiance. »

— L’ex-maire de Montréal Gérald Tremblay, se défendant de ne pas avoir agi devant la collusion et la corruption qui ont sévi sous son administration à Montréal.

L’être humain a tendance à garder en mémoire les faits qui lui donnent une bonne image éthique de lui-même et à oublier les autres.

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« J’ai acheté mes billets [d’avion], mais je n’ai pas eu l’itinéraire et le coût des chambres. Je m’attendais honnêtement à payer mes choses sur place. Mais lorsqu’on est arrivé à l’hôtel, monsieur Borsellino a dit : "Écoute, j’ai réglé les choses, c’est payé." J’ai voulu insister, mais monsieur Borsellino ne voulait pas. »

France Charbonneau : «  Vous êtes-vous battu longtemps pour payer ? »

« Je ne pourrais pas vous dire. »

Robert Marcil, ex-directeur des travaux publics à la Ville de Montréal.

La fraude s’explique souvent par un environnement dans lequel des actes illégaux finissent par être considérés comme acceptables.

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« Quand je suis arrivé à la Ville… C’était complètement différent. Je me suis adapté. On dit : à Rome, on va comme les Romains. C’est beaucoup plus facile d’accepter la bouteille de vin que de la refuser. Tout le monde en recevait. »

Luc Leclerc, ex-ingénieur à la Ville de Montréal.

Il est très difficile de se retourner contre des gens qu’on considère comme faisant partie du même groupe que soi.

« Je me suis sentie obligée de le faire et je reconnais que j’ai commis un grave impair de l’avoir fait. Surtout que ça ne fait pas partie de mes valeurs. Mais le contexte, la façon dont ça se faisait, ne permettait quasiment pas de questionnement. »

Jocelyne Guertin, conseillère municipale de Laval, qui a admis avoir servi de prête-nom.

On justifie souvent la tricherie par le fait d’aider quelqu’un.

« Il m’a appelé pour me dire qu’il y avait des gens des communautés culturelles, mes "compatriotes", qui voulaient aider le parti, mais ne voulaient pas écrire de chèques. Ils ne voulaient pas être identifiés à la formation politique. Et il m’a demandé si j’accepterais de fournir des chèques pour ces montants-là. »

Basile Angelopoulos, ex-numéro deux de la Ville de Laval, en parlant de Jean Bertrand, ex-agent officiel du parti PRO des Lavallois.

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