Marc Ancuta : l’homme qui carbure aux défis
Retour en 1978, alors que la Roumanie est sous la dictature de Nicolae Ceausescu. M. Ancuta travaille dans l’industrie du tourisme et côtoie des milliers de touristes étrangers, ce qui lui fait miroiter l’espoir d’une vie meilleure à l’Ouest. Il se met à rêver d’un avenir dans « le monde libre ». Il décide de tenter sa chance et de fuir le pays, même si cela représente un risque énorme.
« À l’époque, on ne pouvait pas sortir de la Roumanie, on n’avait pas de passeport, et si on était pris à s’enfuir, on pouvait être mis en prison pour le restant de notre vie. »
-Marc Ancuta
Déterminé, Marc Ancuta fait la connaissance d’un passeur prêt à l’aider. Une nuit de septembre 1978, ce dernier se présente – en pleine nuit et sans préavis – à sa résidence. Il n’a alors que cinq minutes pour faire ses valises. « J’ai dû pratiquement tout laisser derrière moi », évoque-t-il. Avec le passeur et un groupe d’individus, il entreprend une marche de plusieurs jours dans les montagnes. Le groupe doit même traverser le Danube à la nage pour entrer en Yougoslavie. « C’était risqué, surtout que plusieurs d’entre nous ne savaient pas nager ! Il nous a fallu bricoler des flotteurs de fortune pour arriver sains et saufs sur l’autre rive », se remémore-t-il.
Une fois la frontière franchie, Marc Ancuta n’est toutefois pas au bout de ses peines. Il poursuit son périple vers l’Ouest à pied ou en autostop. D’abord, la Yougoslavie, puis l’Autriche, dans l’espoir d’immiger en Allemagne, pays dont il connaît la langue. Pour ce faire, il traverse plusieurs frontières illégalement, au péril de sa vie. « Quand on est jeune, on n’a pas conscience du danger. On fonce, c’est tout », affirme-t-il. Alors qu’il vient tout juste d’arriver en Allemagne, Marc Ancuta se fait malheureusement arrêter par des douaniers et se retrouve en prison. Après y avoir séjourné pendant un mois, il est finalement déporté en Autriche.
En Autriche, Marc Ancuta passe six mois dans un camp de réfugiés dans des conditions déplorables. Dès son arrivée, il tente désespérément de se trouver un emploi intéressant, mais aucune entreprise ne veut d’un réfugié de l’Est. Il trouve finalement un travail dans un abattoir. Découragé, il n’a plus qu’une idée en tête : quitter ce pays où il n’y a pas d’avenir. Ayant appris le français à l’école, il décide donc de faire une demande d’immigration au Canada.
« À l’époque, c’était très difficile d’immigrer au Canada, mais j’aime les défis et je voulais me prouver que j’étais capable d’y arriver. »
-Marc Ancuta
Marc Ancuta est arrivé au Canada en avril 1979. « J’avais 100 $ dans les poches et une petite valise », souligne-t-il. Il s’est trouvé un appartement dans Notre-Dame-de-Grâce et un emploi dans l’entrepôt d’une usine de textile. Décidé toutefois à travailler dans le tourisme, Marc Ancuta entreprend la tournée des agences et grossistes de voyages, et décroche finalement un emploi dans le domaine. Il y passera plus de 20 ans à développer une foule de programmes en Europe, en Méditerranée et en Asie, entre autres.
Au début des années 2000, il décide de démarrer sa propre entreprise en lançant Vacances Célébritours dans un petit local du boulevard Taschereau, à Brossard, avec trois employés. Rapidement, le succès est au rendez-vous. Aujourd’hui, l’entreprise, qui est considérée comme un leader dans l’organisation de voyages, a le vent dans les voiles. À tel point qu’un bureau a été ouvert à Québec et qu’un autre ouvrira bientôt à Laval.
Bien que son fils Brian se soit joint à l’équipe et qu’il assurera éventuellement la relève de l’entreprise, Marc Ancuta voit difficilement sa vie sans défis à relever. Même s’il est maintenant dans la soixantaine, il n’entend pas prendre sa retraite de sitôt. « Je ne serais jamais capable de me retirer complètement de la compagnie. Je ne peux pas concevoir une vie à la retraite. Il faut que je crée des choses », déclare-t-il. Ainsi, 40 ans après avoir fui la Roumanie, Marc Ancuta est toujours prêt à relever des défis.
« Dans ma philosophie, il n’y a qu’un seul gagnant dans la vie, ce qui me force à me pousser à l’extrême pour me dépasser. »