L’aventure dans la peau

Le poids des sacrifices

Aventuriers et sportifs émérites sécrètent leur adrénaline dans « le dépassement de soi ». Traverser un océan à la rame, escalader un sommet ou s’imposer un Ironman, qu’est-ce qui les pousse vers de tels défis ? À travers une série de portraits, nous nous intéressons à ces héros ordinaires. Aujourd’hui, nous vous présentons François Morin. 

Ancien obèse, François Morin a su se remettre en question. Après avoir fondu, cet aventurier au physique massif s’est attaqué aux plus hauts sommets du monde. Quel déclic l’a poussé vers ce choix radical ? Posé et affable, notre interlocuteur livre une belle leçon de vie. Si l’alpiniste n’est pas encore rassasié, l’homme s’est enfin trouvé.

Le soleil se perd à l’horizon. En cette fin d’après-midi, quatre alpinistes redescendent le mont McKinley. Le cortège, aux automatismes rodés par plusieurs semaines d’expédition, progresse comme un seul homme. François est premier de cordée. Le terrain sur lequel il s’aventure dévoile soudain ses trésors : une vue plongeante sur les cimes enneigées de l’Alaska. En arrière-plan, la taïga, avec ses lacs bordés par d’épaisses forêts de sapins, complète le tableau. François a trouvé ce qu’il cherchait. « À cet instant précis, le monde m’appartient. Quand tu vois ce panorama, c’est un moment de paix sans égal. Après plusieurs semaines à repousser mes limites, à porter des charges lourdes, j’ai pu atteindre ce moment de plénitude », raconte-t-il, la voix empreinte de nostalgie. 

Une certaine sagesse émane de cet alpiniste autodidacte. Peut-être parce qu’à une époque, sortir de sa zone de confort représentait une question de survie. À l’aube de la trentaine, François n’incarnait pas l’aventurier moderne. Obèse et accro à la nicotine, il flirtait dangereusement avec les 200 kg. Un matin, le réveil a été difficile. «  J’étais là, allongé. Je me sentais tellement mal que je me suis dit que j’allais claquer d’une crise cardiaque d’ici deux ou trois ans. J’ai eu un geste de désespoir : soit je fais quelque chose, soit je me laisse définitivement aller », nous explique-t-il, sans pudeur.

La longue marche

Sept cent quarante et un : c'est le nombre de jours consécutifs où François s’est entraîné après sa prise de conscience. Son plan d’action reposait sur des bases simples : revenir aux fondamentaux et s’imposer des « objectifs numérotés ». Quotidiennement, le jeune trentenaire marchait trois heures. En un an, ses mollets, endurcis par le poids de sa propre charge, portaient 100 kg de moins. Transformé, François n'a pas diminué son effort. « Être en forme ne m’a pas enlevé tous mes problèmes, mais ça m’a donné conscience que je pouvais les résoudre. Je vis beaucoup mieux avec moi-même. J’ai développé une certaine confiance en moi, mais ce n’est pas un acquis permanent. Cela doit être cultivé et passe par de nouveaux défis. » 

À 38 ans, notre randonneur a trouvé un défi à sa nouvelle mesure dans l’ascension du Kilimandjaro. Le géant d’Afrique – dont les neiges bientôt défuntes recouvrent un sommet culminant à 5895 m – propose un parfait compromis entre marche et alpinisme, du fait de son escalade peu technique. Pendant l’expédition, un déclic s’est opéré. « Je voulais voir comment je supportais l’altitude. Ça s’est très bien passé, mais j’ai fini épuisé. Au sommet, je ne pensais qu’à redescendre. La haute montagne m’a apporté le type d’effort que je recherchais », raconte François, qui a escaladé dans la foulée les plus hautes montagnes des Amériques : le mont McKinley (6194 m) et le mont Aconcagua (6962 m).

« La zone d’inconfort »

Un vent froid et usant souffle sur le Mercedario. Notre alpiniste supporte péniblement l’haleine de ce proche voisin de l’Aconcagua, point culminant de la cordillère des Andes. Une ultime portion de 15 m, rocailleuse et escarpée, mène au sommet. Exténué, François rebrousse chemin. De son propre aveu, aucune frustration ne découle de ce choix. « À cause du vent, je considérais que c’était dangereux. J’ai fait mon maximum et j’ai trouvé ma zone d’inconfort. C’est le plus important. » L’année dernière, cette zone d’inconfort est une fois de plus atteinte : François, qui déteste la chaleur, traverse le Grand Canyon sous un soleil de plomb. Plus qu’une thérapie, la douleur physique s’apparente ici à une sorte de rédemption. L’intéressé nous éclaire : « L’inconfort physique, je l’ai subi de manière passive. Maintenant, je me l’impose de manière active. C’est moi qui le contrôle. » 

Une échéance se profile : après 18 mois de préparation, il sera temps de se frotter à l’Himalaya, qui propose les plus hauts sommets du monde. Le résultat importera peu. François nous rappelle que l’essentiel est ailleurs. «  Dans l’effort investi réside plus de satisfaction que dans l’atteinte de l’objectif. La capacité d’être fier de soi est accessible à tous. »

Quelques conseils pratiques pour « fondre » 

Se débarrasser de quelques livres superflues n’est pas une entreprise aisée. Nicolas Delaitre, préparateur physique situé à Montréal, nous propose quelques conseils pour perdre du poids sereinement. 

Les exercices essentiels : « Un entraînement à raison de cinq jours par semaine est conseillé avec une séance d’une heure quotidienne. Les exercices doivent s’orienter autour du cardio. La course à pied est de loin le meilleur exercice : le corps élimine entre 10 et 20 calories par minute. En comparaison, on dépense entre 5 et 10 calories en vélo. L’accent doit également être mis sur l’intensité de l’effort. Ce type d’exercice doit être complété par un entraînement musculaire afin de maintenir un bon métabolisme. »

L’alimentation : « Il faut privilégier la viande blanche et le poisson. Sans une bonne alimentation, les résultats de l’entraînement seront quand même visibles au début car le corps n’a pas encore l’habitude de l’effort mais le poids se stabilisera ensuite. Au fond, l’équation est très simple : les calories ingérées doivent être inférieures à celles dépensées ». 

Stabiliser son poids : « Il faut à tout prix rester actif. On en revient également à l’alimentation qui est aussi importante que l’entraînement. Des clients reviennent régulièrement me voir car ils n’ont pas réussi à se discipliner. Par exemple, les hommes d’affaires qui mangent 5 jours par semaine au restaurant peineront à garder leur ligne. Et les anciens obèses doivent se surveiller à vie car les cellules graisseuses qu’ils ont développées ne disparaissent jamais ».

À suivre la semaine prochaine: Éric Contant, l'Ironman

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