En septembre 2018, vous affirmiez que l’équipe était en mode [redémarrage]. Un an plus tard, êtes-vous encore dans cette phase ?
À Montréal, repartir à zéro, connaître des saisons de 72-75 points pendant cinq ans, c’est inconcevable. Quand tu fais ça, tu dois envoyer tous tes joueurs plus âgés [ailleurs]. Moi, je crois que ça prend un noyau de vétérans. Il y a deux ans, il y a des choses que je n’ai pas aimées. J’avais parlé beaucoup de l’attitude. Je sais que c’est devenu une blague. Mais si tu vas travailler le matin et que tu n’as pas une attitude positive, ça peut affecter ton environnement. L’année dernière, on a fait des pas en avant. Rater les séries, c’est certain que ça nous a blessés. Ça a fait mal à nos joueurs. Mais je veux reprendre cette année là où on a fini l’année dernière. On a appris. On va continuer de miser sur la vitesse et d’intégrer des jeunes dans l’alignement le plus rapidement possible.
Quel est votre objectif, cette année ?
Faire les séries. Dans la LNH, il y a beaucoup de parité. Il y a deux, trois équipes dont on est presque certains qu’elles les feront. Deux, trois qui ne les feront pas. Les autres sont dans le milieu.
Vous êtes dans le milieu actuellement ?
Oui.
Votre « fenêtre d’opportunité » pour gagner la Coupe Stanley est-elle ouverte ?
Oui. Regarde St. Louis l’année dernière. Regarde Columbus, qui a battu Tampa, 128 points. Qui aurait pensé ça ? Même moi, si tu m’avais dit que Columbus allait battre Tampa en quatre, je t’aurais dit : no way. Mais c’est arrivé. Si tu as une équipe en santé, le momentum et un bon gardien, tout est possible.
Si la fenêtre est ouverte, êtes-vous prêts à échanger des espoirs ?
[Après un instant d’hésitation.] L’année dernière, je ne l’ai pas fait. J’ai eu des conversations, mais le prix était très élevé. Encore là, tu vas aller chercher un joueur, tu donnes un ou deux choix de première ronde, il n’y a pas de garantie que tu vas faire les séries. On a beaucoup de jeunes qui poussent. Est-ce que je suis plus susceptible de faire bouger un jeune à la date limite des échanges ? Probablement. Mais ça va dépendre lequel, et où on se trouve au classement.
Le mois dernier, le président du Canadien, Geoff Molson, a déclaré que l’équipe serait « excellente » dans trois à huit ans. Partagez-vous le constat de votre patron ? Ou l’équipe sera-t-elle excellente avant ?
Les joueurs étoiles dans la LNH, ils ne bougent pas. Les équipes les gardent. La meilleure façon d’avoir les joueurs étoiles, c’est de les repêcher. Et plus tu repêches tôt, plus tu as des chances d’en trouver un. On veut donc des bons joueurs. Mais on veut aussi gagner. Sauf que ça ne fonctionne pas comme ça. Regarde Toronto. Ils ont de très bons joueurs. Auston Matthews a été repêché au 1er rang. Mitchell Marner, 4e. Morgan Rielly, 5e. William Nylander, 8e. Nazem Kadri, 7e. Ça veut dire qu’ils ont eu cinq années difficiles. C’est comme ça que tu les as, les bons joueurs. Et à Montréal, on ne veut pas ça.
C’est qui, « on » ? Votre patron ?
Non. C’est le marché. Le matin, quand je me lève, je dois mettre la meilleure équipe possible sur la patinoire. À moins d’avoir le mandat de tout scrapper, de recommencer à zéro. Mais ce n’est pas mon mandat.