TÉLÉVISION  Toc Toc Toc

Contes et souvenirs d’un village inoubliable

La première fois que les artisans de l’émission jeunesse Toc Toc Toc sont entrés dans le village servant de décor à leurs folles aventures, ils sont restés bouche bée.

« D’ordinaire, les décors d’émissions pour enfants sont faits en carton. Ici, nous avons mis les pieds dans un vrai village, se souvient la comédienne Nancy Gauthier (Babiouche). Un village doté de vraies maisons remplies d’accessoires. Un village avec son Magli (engin volant servant aux déplacements) qui avait des pitons comme s’il pouvait réellement décoller. Il s’est fait un grand silence parmi nous. »

Nancy Gauthier campe l’un des neuf personnages de Toc Toc Toc. Les interprètes sont tous demeurés les mêmes au fil de huit saisons et 520 émissions (plus cinq émissions spéciales) dont la diffusion s’est amorcée en 2007 et qui se terminera en décembre (avec des reprises jusqu’en 2020 !).

La cohésion de la bande, y compris les techniciens, est attribuable à la qualité de la production, au plaisir de jouer ensemble et à un équilibre évident entre les côtés didactique et ludique de l’émission, disent les artisans à l’unisson.

L’affirmation peut paraître relever du cliché, mais quelques heures passées en leur compagnie sur le plateau nous ont convaincus de la solidité du noyau. Il fallait voir les artisans travailler leurs textes avec le plus grand sérieux, enregistrer une séquence une fois, deux fois, trois fois avec une joie renouvelée, manger tous ensemble, à la pause midi, assis sans hiérarchie à des tables dressées à un pas du décor.

Et quel décor (signé Marc Ricard) ! Avec ses constructions étalées sur 14 000 pieds carrés, c’est un autre élément liant dans l’aventure « toctoctoceste ». « Ça fait drôle de penser que ce décor aura disparu sous peu, dit Martine Quinty, productrice. On passe en voiture sur l’autoroute et on sait qu’il est là. Certains y sont tellement attachés qu’ils ont déjà mis leur nom sur des objets à emporter avec eux, une fois l’émission terminée. »

UN REPÈRE POUR UNE GÉNÉRATION

Toc Toc Toc est née d’un grand brassage d’idées entre cinq femmes de télévision : Carmen Bourassa, Maryse Joncas, Paule Marier, Laura Baril et Lucie Veillet, productrice et vice-présidente de la boîte Téléfiction.

« La série a été conçue avec Radio-Canada. À l’époque, la directrice du secteur jeunesse était Cécile Bellemarre. Afin de stimuler la création, elle nous avait donné l’idée que cette série devait marquer une génération, rappelle Mme Veillet. En faisant des lectures préparatoires, nous avons retenu que chez chaque enfant, l’imagination tient une grande place, mais que celle-ci doit être développée. Plus on la développe, plus on se donne des outils pour l’avenir. »

Le modus operandi était donc d’avoir une série qui encourage les enfants à développer leur imagination et leur créativité. Une partie de ce mandat se fait à travers les portes mystères (d’où le titre de l’émission), qu’on ouvre en répondant à une devinette et qui donnent accès au savoir.

« Les personnages sont des autodidactes. Ils veulent essayer des choses, ils essaient d’apprendre. Il y a ce côté essais-erreurs qui me plaît. Et ce désir d’apprendre ne se fait jamais dans une perspective trop pédagogique ou didactique. »

— Marie-Christine Lê-Huu (interprète d’Alia)

Le village de Toc Toc Toc, c’était quatre enfants (Youï, Alia, Kao, Zalaé) vivant auprès de cinq adultes bienveillants (Rabou, Musette, Babiouche, Azim et l’impayable Monsieur Craquepoutte). Sans oublier la Grubule, coquine bibitte en 2D à poil jaune.

Chaque personnage avait sa fonction et ses traits de caractère. « M. Craquepoutte est un mélange de mes oncles, de ma mère qui était hyper propre et de moi. Il incarne des valeurs de discipline, de respect qu’on voyait davantage dans les années 1950, dit son interprète Denis Houle. Il incarne le côté plate du parent, celui qui rappelle la nécessaire discipline. »

Au fil des ans, l’émission s’est distinguée par la collaboration entre deux diffuseurs, Radio-Canada, qui présentait un épisode le matin, et Télé-Québec, qui le présentait en reprise l’après-midi, dit Lucie Veillet.

Si l’enregistrement des émissions prend fin, un projet de spectacle ambulant est dans l’air, ajoute-t-elle. C’est pourquoi certains précieux objets de Toc Toc Toc, comme le Magli et le triporteur, seront précieusement conservés.

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