Chronique

Trois chiffres qui compteront en 2014

Il va se passer bien des choses en 2014. Le Québec et le Canada seront confrontés à de gros défis dans l’année qui commence. Voici trois chiffres qui cherchent à décrire trois des grands enjeux auxquels nous serons confrontés, qui nous forceront à faire des choix, qui changeront la façon dont les choses se passent.

3800

C’est une véritable révolution qui s’amorcera au Québec en 2014, dont les conséquences sont incalculables. Pour la première fois de notre histoire, ceux qui arrivent à l’âge de la retraite seront plus nombreux que les plus jeunes censés les remplacer. Le nombre de Québécois âgés de 15 à 64 ans baissera de 3800 en 2014, mais la tendance s’accélérera, et la perte atteindra 20 000 par année en 2020.

Le phénomène est unique au Québec. Il ne se produira ni au Canada ni aux États-Unis. Parce que le Québec s’est doublement distingué, par de fortes naissances dans les années cinquante et par une chute marquée de la natalité à partir des années soixante.

La première conséquence peut sembler heureuse. Comme le bassin de travailleurs baissera, il sera en principe plus facile de leur trouver du travail. Le chômage baissera donc tout seul et passera de 7,5 % en 2014 à 5,3 % en 2021.

Mais il y a un autre côté à la médaille. On manquera de main-d’œuvre pour combler les besoins, et il deviendra difficile de créer des emplois, faute de candidats. Il se créera 20 000 emplois par année au lieu de 50 000. La croissance économique sera plus faible, 1 % par année au lieu de 2 %, selon le ministère des Finances. Cela affectera le niveau de vie de façon significative et contribuera à élargir le fossé avec nos partenaires économiques.

Il faudra miser sur la productivité, et oublier les politiques de création d’emplois, si populaires chez les politiciens, mais franchement inutiles. Il faudra un coup de barre. Pas dans dix ans, mais dès cette année.

1 750 000 000

Le deuxième chiffre est financier… et politique. Le gouvernement Marois n’a pas réussi à éliminer le déficit en 2013-2014. Il espère y parvenir dans deux ans. Pour l’année financière qui s’amorcera en avril, il restera encore élevé, à 1 750 milliard.

Le gouvernement a raté sa cible l’an dernier, en raison d’une croissance moins forte que prévu et d’une inflation faible qui a affecté les entrées fiscales. Pour atteindre ses objectifs en 2014, il faut que l’économie soit au rendez-vous, et que la hausse des dépenses soit limitée à 2 %, ce qui sera très difficile.

Surtout que cela risque de se dérouler dans un contexte électoral. Le gouvernement de Pauline Marois risque fort d’être renversé ce printemps sur son budget. La question de l’élimination du déficit et des façons d’y parvenir sera donc au cœur du débat électoral. Or il est maintenant clair que le déficit est structurel. Pour en venir à bout, il faudra plus qu’une élimination sans douleur du gaspillage. En parlera-t-on en campagne ?

163,7 %

La dette des ménages canadiens par rapport à leur revenu disponible a encore augmenté au troisième trimestre de 2013, pour atteindre 163,7 %. C’est un record historique. En 1990, il n’était que de 85 %.

Cette augmentation inquiétante de la dette s’explique en bonne partie par l’augmentation du prix des maisons, et donc des hypothèques, un phénomène encouragé par le niveau très bas des taux d’intérêt. Mais il tient aussi aux habitudes de consommation et au recours accru à l’endettement.

C’est une épée de Damoclès qui pèse sur l’économie. Si les taux d’intérêt se mettaient à grimper, ce qui arrivera inévitablement, bien des ménages endettés seront pris à la gorge. Et si le prix des maisons se met à baisser, on risque une correction brutale.

Ces menaces ne sont pas théoriques. Elles préoccupent assez la Banque du Canada pour que celle-ci fasse de l’endettement des ménages l’un des grands facteurs de risque qui pèsent sur l’économie canadienne. C’est une chose à surveiller de très près. Et ça se passera en 2014.

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