OPINION ÉCOLES PRIVÉES

Les vrais coûts de la réduction des subventions

En tant que parent bénévole ayant administré deux écoles privées subventionnées au cours des douze dernières années (École primaire Plein Soleil et le Séminaire Salésien, à Sherbrooke), je me sentais le devoir de réagir au débat qui recommence à faire rage ces jours-ci à propos du financement des écoles privées subventionnées.

Cela deviendra, je l’espère, un plaidoyer auprès du ministre de l’Éducation, Yves Bolduc.

On dit que l’État cherche de l’argent et que pour en trouver, il doit réduire la contribution au privé. Les partisans de la réduction des subventions au privé reconnaissent l’apport des écoles privées et affirment que leur existence n’est pas remise en cause. Pourtant, la réduction de la subvention va remettre très sérieusement le réseau en question.

La majorité des parents (plus de 70 %, si je me fie à mon expérience comme administrateur bénévole dans le réseau) qui envoient leurs enfants au privé font un sacrifice réel. Les droits de scolarité au privé sont payés à même le revenu net : il n’y a pas de crédit d’impôt, contrairement à que certains laissent croire. Ainsi, si on réduit ce financement public, plusieurs devront retirer leurs enfants de l’école privée.

Selon le Rapport du comité d’experts sur le financement, l’administration, la gestion et la gouvernance des commissions scolaires (page 128), le transfert d’un seul élève du secondaire du réseau privé vers le public coûterait à l’état 1381 $ de plus au gouvernement, et 1811 $ de plus dans le cas d’un élève du primaire.

Faites le calcul : si jamais la subvention était réduite, combien d’élèves devraient être ainsi transférés au public, et combien cela coûterait-il ? Le réseau privé, au primaire et au secondaire, compte 123 000 élèves…

Il faut comprendre aussi quel est le réel pourcentage du financement du privé par l’État. Les écoles privées subventionnées ne sont pas financées à 60 % par le gouvernement, comme on ose souvent nous le faire croire. Pour un élève régulier au secondaire, le coût moyen en 2011-2012 est de 9228 $ et la subvention du gouvernement pour les services éducatifs et la valeur locative est de 4450 $, soit 48 %. Au primaire, le coût moyen est de 8900 $ et la subvention du gouvernement est de 3445 $, soit 39 %.

Qui plus est, à partir du moment où l’élève est transféré au public, l’État doit assumer seul la facture du transport scolaire alors qu’en ce moment, chaque parent paie environ 150 à 200 $ par année pour le transport d’un élève dans le réseau privé, avec le système géré par les commissions scolaires. Ça non plus, les partisans de la réduction du financement au privé n’en tiennent pas compte.

Enfin, avec tous les scandales que l’on a vu apparaître ces derniers mois, il serait bien amusant de faire l’exercice d’évaluer de combien plus élevée pourrait être une soumission pour changer les fenêtres d’une école publique en comparaison avec la même soumission pour changer les fenêtres dans une école privée, là où un conseil d’administration formé de parents bénévoles administrant l’OSBL avec une rigueur qui frise l’obsession passe en revue chaque soumissionnaire, afin de sauver le plus de sous possible.

À bien y penser, je préfère ne pas le savoir !

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