Grand Prix cycliste de Québec

3, 2, 1… Gesink !

Québec

 — Pas simple de gagner une course de vélo quand on est le grand favori. À son troisième essai, Peter Sagan a encore vu la victoire lui échapper au Grand Prix cycliste de Québec, remporté hier par le Néerlandais Robert Gesink.

À la manière de Philippe Gilbert, vainqueur en 2011, Sagan a attaqué trois fois lors du dernier passage dans les rues tortueuses du Vieux-Québec. Les salves du jeune sprinter slovaque ont fait long feu, si bien qu’il s’est retrouvé avec neuf autres coureurs qui se sont fait un plaisir de l’enterrer sur le long faux plat menant à la ligne sur Grande Allée.

De ce groupe sélect a émergé un grand échalas bien connu du public cycliste québécois : Gesink, 27 ans, qui s’était révélé en 2010 en remportant solo le tout premier GP de Montréal. Le grimpeur de la Belkin réalise le tiercé puisqu’il était aussi monté sur le podium à ses deux passages précédents dans la capitale nationale (3e en 2010, 2e en 2011).

« À un kilomètre de l’arrivée, je me suis dit : je vais m’essayer parce qu’au sprint, je n’ai aucune chance contre [Sagan]. Et… j’ai gagné. Je ne peux toujours pas le croire ! », a reconnu Gesink en conférence de presse.

Le gagnant a échafaudé son succès de la même façon qu’en 2010 et 2011 : par un stage d’entraînement en altitude aux États-Unis, dans les Rocheuses du Colorado. Cette fois, il était accompagné de sa copine Daisy et de sa petite fille Anna, 21 mois, avec qui il a pu partager sa joie, immense, quelques secondes après avoir traversé le fil. Avec la blondinette dans un porte-bébé accroché sur le dos de sa maman, les réjouissances familiales ont fait de bien belles images pour la télévision.

Se découvrant des aptitudes de sprinter, Gesink a nettement devancé le champion de France Arthur Vichot (FDJ.fr), qui aurait pu perpétuer la tradition lancée par son compatriote Thomas Voeckler, qui s’était imposé dans un maillot bleu-blanc-rouge en 2010. Le Belge Gilbert et l’Australien Simon Gerrans (2012) avaient aussi gagné à Québec dans les couleurs de champion national. « Robert était le plus fort [hier] », a concédé Vichot, heureux de ce premier podium sur le circuit World Tour.

Deuxième l’an dernier, Greg Van Avermaet n’a pas été en mesure de concrétiser la journée tout en offensive de son équipe BMC. Le puissant Belge a dû se satisfaire du troisième rang.

De leur côté, les Cannondale ont passé la journée à chasser, plaçant Sagan dans une position idéale juste au bas de la côte de la Montagne, au moment où Chris Froome (41e), le gagnant du Tour de France, s’est montré le bout du nez.

Facile, après coup, de le qualifier de présomptueux, reste que Sagan, finalement 10e à six secondes, a payé comptant ces trois coups de reins, qui ne lui ont pas permis de se détacher.

Déceptions québécoises

« En même temps, ç’aurait pu fonctionner », a rétorqué le Québécois Guillaume Boivin, coéquipier du numéro 2 mondial. « Il y a des erreurs tactiques, des défaillances. Ça fait partie du sport. »

Comme le rôle parfois ingrat de domestique, qu'a joué Boivin pendant plus de trois heures, avant d’abandonner, tenaillé par une douleur au sacrum, conséquence d’une chute récente au Tour d’Espagne. « Ça passe un peu sous les projecteurs, mais je suis quand même heureux du travail que j’ai accompli », a-t-il évalué.

De la même façon, Dominique Rollin (FDJ.fr) et François Parisien (Argos-Shimano), deux vétérans québécois toujours à la recherche d’un nouveau contrat, se sont mis le nez dans le vent pour des équipiers qui ont pu batailler pour la victoire. Moins chanceux, Hugo Houle (AG2R La Mondiale) a dû abandonner avec un peu moins de trois tours à faire, victime d’une chaîne cassée. Auteur d’un coup de boutoir dans l’avant-dernière ascension de la Montagne, Ryder Hesjedal, meilleur Canadien avec le 39e rang, s’est finalement résigné à appuyer son coéquipier Fabian Wegmann (4e).

David Veilleux, lui, avait déjà annoncé que sa forme ne lui fournissait aucun espoir pour cette dernière course sur ses terres. N’étant plus en mesure de tenir le rythme, le futur retraité, inactif depuis le Tour de France, s’est relevé avec un peu plus de deux tours à faire. Sous un crachin, le cycliste de 25 ans est remonté seul jusqu’à la ligne, loin derrière le peloton.

Veilleux a saisi l’occasion pour applaudir le public, qui s’est bruyamment manifesté en retour : « J’avais l’impression que je gagnais la course… » Un avant-dernier coup de chapeau qui bouclait une carrière aussi courte que remarquable. Épilogue demain après-midi sur le mont Royal.

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