L’effet Trump plombera-t-il le marché du carbone ?

QUÉBEC — La contestation judiciaire en Californie n’est pas la seule embûche qui se dresse devant le marché du carbone. L’élection de Donald Trump à la présidence pourrait également avoir un impact majeur sur le programme.

« Il n’y a aucun doute » que le nouvel occupant de la Maison-Blanche influera le marché du carbone, estime Carol Montreuil, de l’Association canadienne des carburants.

Lors de l’élection présidentielle, le leader républicain a promis de retirer les États-Unis du traité de Paris sur les changements climatiques. Il souhaite également relancer l’industrie américaine du charbon, ce qui est incompatible avec une politique de réduction des gaz à effet de serre.

Cela veut dire que des États ou des provinces qui seraient tentés de rejoindre le Québec, la Californie et l’Ontario dans le marché risquent d’y penser deux fois, selon M. Montreuil.

« Ça amène de l’incertitude énorme à long terme pour le Québec. Si jamais on demeurait à trois États seulement – Québec, Ontario, Californie – pour longtemps encore, ça soulève des enjeux de compétitivité extrêmement importants. »

— Carol Montreuil, porte-parole de l’Association canadienne des carburants

Il cite en exemple les raffineries québécoises, qui pourraient composer avec des coûts beaucoup plus importants si leurs concurrentes de la côte est américaine ne sont pas soumises à un régime de tarification du carbone.

Au sud de la frontière, l’élection de M. Trump n’a pas semblé ralentir les ardeurs du gouvernement californien. Le gouverneur Jerry Brown a annoncé son intention de légiférer pour étendre le marché au-delà de 2020.

Et même si ses adversaires le dépeignent comme un climatosceptique, le nouveau patron de l’agence de protection de l’environnement (EPA), Scott Pruitt, s’est montré favorable à des initiatives au niveau des États pour combattre les changements climatiques dans le passé.

« Il a toujours préféré que les États implantent des mesures locales, souligne Chris Busch, directeur de recherche au groupe Energy Innovation. Ce serait hypocrite de leur part de vouloir mettre des bâtons dans les roues du programme californien. »

Selon Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal, la présidence de M. Trump pourrait même encourager les États et les provinces à multiplier les initiatives locales de tarification du carbone.

« Ce marché du carbone a été créé de manière régionale parce qu’il n’y avait pas d’action au niveau fédéral [sous la présidence de George W. Bush], note M. Pineau. En absence d’actions coordonnées par les États, ce sont les villes, les sous-groupes ou les régions qui agissent sur le marché du carbone. »

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