Téo Taxi

« On a fait beaucoup d’erreurs »

« On a fait beaucoup d’erreurs dans les 12 premiers mois », a admis hier Alexandre Taillefer, à propos de la gestion de Téo. « Elles nous ont coûté cher. »

Première erreur : ne pas avoir suffisamment testé le potentiel des voitures électriques.

« On aurait dû tester 12 mois avec [un petit parc] et apprendre, estime l’entrepreneur, qui a répondu par courriel aux questions de La Presse. On serait sûrement en vie. »

D’autres erreurs commises très tôt ont fait mal.

« On a dû scrapper l’application initiale réalisée par un tiers qui n’a jamais fonctionné, on a mis trop de bornes de recharge lentes et pas assez de bornes rapides, on a acheté des écrans de télé et développé un dôme qui devait être dynamique sans avoir d’ententes pour la vente de publicités et, surtout, avoir fait un bon plan d’affaires. En d’autres mots, on s’est attaqués à tout en même temps. »

Tout cela s’est répercuté sur les coûts d’exploitation de l’entreprise. En entrevue avec Paul Arcand, hier matin, M. Taillefer a dévoilé que le point d’équilibre pour Téo était un revenu horaire de 30 $ de l’heure par voiture, « plus que ce que l’on pensait au début ». Elle était récemment parvenue à atteindre 25 $ de l’heure.

De « gros joueurs » aux aguets

Tout n’est peut-être pas perdu pour Téo, affirme toutefois M. Taillefer. La plateforme technologique conçue par l’entreprise, et non l’application elle-même, téléchargée environ 300 000 fois, présente un intérêt certain pour plusieurs entreprises, estime-t-il.

« Algorithmie pour améliorer la productivité, gestion des recharges, repositionnement, dispatch, et j’en passe : la plateforme serait géniale pour gérer des parcs de véhicules électriques même en dehors du taxi. C’est ce qui a intéressé les gros joueurs. On était vraiment près d’obtenir des lettres d’intention de joueurs internationaux. »

L’espoir à ce chapitre n’est pas complètement éteint. « Ça peut toujours arriver, on sait que des choses se trament. »

Équipe

L’équipe d’environ 24 personnes responsable de cette plateforme est toujours en place, pour l’instant.

« Ils sont sur le respirateur artificiel, on doit leur donner de l’air. »

Le premier ministre François Legault a semblé manifester une certaine ouverture à ce sujet, hier.

« S’il y avait un repreneur [pour la division technologique de Téo Taxi], on pourrait examiner la possibilité d’aider ce repreneur. Mais on veut [surtout] réorienter Investissement Québec pour créer des emplois de plus de 50 000 $ par année. Si on parle des chauffeurs de taxi à 15 $ de l’heure, ce ne sont pas des emplois à 50 000 $ », a dit M. Legault.

Terminé pour la politique

Son implication dans la dernière campagne électorale provinciale à titre de président de la campagne libérale a nui à Téo, estime M. Taillefer, parce que « les fonctionnaires sont devenus beaucoup plus prudents ».

Dans ce contexte, l’homme d’affaires a annoncé hier matin, dans au moins deux entrevues téléphoniques, qu’il n’avait plus l’intention de se présenter à la prochaine course à la direction du Parti libéral. Il ne met pas pour autant un point final à ses ambitions politiques.

« L’avenir est long, disait de Gaulle », nous a-t-il répondu à ce sujet.

Cartes prépayées : sort incertain

Les détenteurs de cartes prépayées vendues par Téo ignorent encore ce qu’il adviendra du solde de celles-ci.

« C’est désolant de constater que ça a été fait comme démarche de dernier recours pour augmenter leurs liquidités, nous a écrit hier Marie-Hélène Borduas, une lectrice qui s’était procuré une telle carte récemment, en décembre. Ça frôle même un peu l’arnaque, je dirais. »

« Taxelco souhaiterait honorer ses cartes-cadeaux par l’entremise de Taxi Diamond, a répondu hier une porte-parole de l’entreprise. Toutefois, des discussions et des analyses sont encore en cours en lien avec notre processus de cessation des activités de Téo Taxi. C’est pourquoi il est impossible de fournir davantage de détails.

« Nous avons toujours travaillé pour offrir un service de qualité à nos clients. Jamais nous n’avons eu l’intention de flouer nos clients alors qu’ils sont au cœur de notre stratégie de développement. Malgré les difficultés rencontrées, notre intention a toujours été de maintenir les activités. La décision de cesser les activités n’a été prise que très récemment. »

— Avec Hugo Pilon-Larose, La Presse

salaire minimum

12,50 $

Le taux général du salaire horaire minimum augmentera de 0,50 $ le 1er mai prochain au Québec et passera donc à 12,50 $. Le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet, affirme que cette hausse de 4,17 % profitera à 288 200 salariés québécois. Il précise qu’il s’agira d’une augmentation annuelle du revenu disponible variant entre 400 $ et 650 $, selon le nombre d’heures travaillées et la situation familiale des salariés. Le ministre Boulet ajoute qu’à compter du 1er mai, le salaire minimum payable aux salariés rémunérés au pourboire sera fixé à 10,05 $ l’heure, une augmentation horaire de 0,25 $, et que celui des cueilleurs de framboises ou de fraises passera respectivement à 3,71 $ et à 0,99 $ du kilogramme, des hausses respectives de 0,15 $ et de 0,04 $. Selon le ministère des Finances, le salaire horaire moyen a été de 24,92 $ l’heure au Québec en 2018.

— La Presse canadienne

Facebook rassure sur ses finances et bondit en Bourse

Facebook, secoué par des controverses quasi permanentes, bondissait en Bourse hier après avoir publié des résultats meilleurs que prévu, qui renouent avec un rythme de croissance élevé, et une hausse du nombre d’utilisateurs un peu plus élevée qu’attendu.

En fin de journée, l’action prenait 8,5 % dans les échanges électroniques suivant la clôture de Wall Street.

Le bénéfice net du quatrième trimestre ressort à 6,88 milliards US, en hausse de 61 %. Le bénéfice ajusté, référence en Amérique du Nord, ressort à 2,38 $US l’action, bien au-dessus des attentes des analystes. Même chose pour le chiffre d’affaires trimestriel, qui avance de 30 %, à 16,9 milliards US.

« Nous avons fondamentalement changé la façon dont nous gérons l’entreprise pour nous concentrer sur des questions sociétales très importantes », a commenté le PDG Mark Zuckerberg cité dans un communiqué.

nombre d’usagers

Alors que les investisseurs s’inquiètent d’une crise de croissance de Facebook et de l’impact des crises à répétition, ces rythmes de croissance sont plus élevés qu’au trimestre précédent, signe que les annonceurs et les usagers n’ont pas massivement quitté le réseau.

À 2,32 milliards, le nombre d’usagers mensuels actifs est d’ailleurs légèrement supérieur aux prévisions. Le nombre d’abonnés actifs quotidiens est, quant à lui, pile conforme aux attentes, à 1,52 milliard.

Sur toute l’année 2018, le bénéfice net augmente de 39 %, à 22,1 milliards US. Le bénéfice par action, à 7,57 $US, est largement au-dessus des attentes. Le chiffre d’affaires (55,83 milliards US) est aussi meilleur qu’anticipé.

Ces chiffres sont cruciaux pour le groupe, qui a besoin de connaître un nouveau départ et de redonner confiance après maintes polémiques.

tournant majeur

Alors qu’il fête ses 15 ans début février, le réseau se trouve à un tournant majeur de son histoire : en plus de tous ces scandales qui mettent à mal son image, il doit dépenser beaucoup pour surveiller les contenus.

Néanmoins, Facebook reste de loin le premier réseau social du monde et demeure un mastodonte de la publicité numérique. D’autant qu’il peut compter sur ses autres services, qui connaissent un succès croissant, Instagram, Messenger ou WhatsApp, si tant est qu’il parvienne à en tirer des recettes publicitaires significatives à terme.

Des jeunes payés pour pouvoir scruter leurs habitudes

Facebook a reconnu hier avoir payé des usagers du réseau social, y compris de jeunes adolescents de seulement 13 ans, afin de mieux connaître leurs habitudes sur leur téléphone intelligent, mais affirme l’avoir fait en toute transparence et que les volontaires savaient ce qu’ils faisaient. Le site américain TechCrunch a enquêté sur le dossier et affirme qu’il était virtuellement impossible pour les volontaires – de 13 à 35 ans, payés 20 $US par mois – de savoir précisément ce à quoi ils s’exposaient en acceptant de participer au programme de Facebook.

Génie

Deux géants dans des directions opposées

Les deux plus grandes firmes de génie du Québec se trouvent dans des situations très différentes en ce début de 2019, l’une luttant pour conserver son empreinte sur un marché crucial du Moyen-Orient, tandis que l’autre progresse à pas de géant.

Le groupe SNC-Lavalin a vu son action s’effondrer de plus de 27 % lundi, après avoir indiqué que les tensions diplomatiques entre le Canada et l’Arabie saoudite nuisaient à ses activités. L’entreprise a aussi évoqué des problèmes liés à un projet minier et une décision d’arbitrage défavorable entourant un projet en Australie.

WSP Global, pour sa part, a dévoilé hier un plan stratégique qui prévoit une croissance des revenus de plus de 10 % d’ici 2021, ce qui permettrait à son chiffre d’affaires d’atteindre environ 9 milliards. La prévision a fait grimper le cours de l’action de WSP de 4,8 %, à 67,51 $, à la Bourse de Toronto.

L’effectif de l’entreprise montréalaise de 60 ans est passé de 17 000 employés en 2014 à 48 000 actuellement. Sa taille pourrait dépasser celle de l’effectif de SNC et atteindre 65 000 employés au cours des trois prochaines années, selon les prévisions dévoilées hier.

valeur boursière plus importante

Soutenus par des acquisitions de sociétés comme le groupe new-yorkais d’infrastructure Parsons Brinckerhoff – et 11 acquisitions en 2017 seulement –, les plans d’expansion de WSP ne se traduisent pas par une augmentation excessive de son niveau d’endettement, a observé Derek Spronck, analyste de RBC Dominion valeurs mobilières.

Sa valeur boursière est maintenant plus importante que celle de sa rivale, dont les bureaux sont situés sur le boulevard René-Lévesque, à Montréal. Hier, WSP affichait une valeur d’environ 7,1 milliards, contre 6,5 milliards pour SNC.

Alors que les deux entreprises ont vu leur réputation entachée par la corruption, en particulier au Québec, le nuage qui flotte au-dessus de SNC semble plus important. Ses actions ont chuté en octobre, après que les procureurs fédéraux eurent refusé de négocier un accord de réparation avec elle pour les accusations de corruption liée au régime de l’ancien dictateur libyen Mouammar Kadhafi.

En 2013, la commission Charbonneau sur la corruption dans l’industrie de la construction au Québec a permis d’apprendre que WSP – alors connue sous le nom de Genivar – et SNC-Lavalin faisaient partie d’un stratagème de truquage des offres pour l’attribution de contrats publics à Montréal dans les années 2000.

Alors que SNC intervient dans les secteurs de la construction et de l’ingénierie, WSP est une firme de services davantage tournée vers la conception technique, ce qui la rend moins vulnérable aux dépassements de coûts et aux contrats à prix forfaitaire qui peuvent miner le monde de la construction, soulignent certains experts.

« SNC était peut-être un peu trop optimiste à l’égard des projets sur lesquels il a soumissionné », a observé Karl Moore, professeur agrégé à la faculté de gestion Desautels de l’Université McGill.

« WSP joue un rôle différent – moins dans la construction et plus dans le génie –, de sorte qu’il est également moins exposé aux Arabie saoudite de ce monde. »

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