MUSÉE DES BEAUX-ARTS
Un nouveau pavillon enchâssé dans sa ville
La Presse
Construit en consortium par Atelier TAG et Jodoin Lamarre Pratte architectes au coût de 25 millions, le pavillon pour la Paix a une « architecture simple », a dit hier Paul Lavallée, directeur de l’administration du MBAM et responsable des travaux. Formé de deux volumes, il est en béton, verre, aluminium et bois. Aéré, il sera apaisant dans les grandes salles d’exposition et énergisant quand on circulera près du mur vitré de la façade donnant rue Bishop. Les boiseries, l’escalier principal et le plancher sont faits d’un doux chêne clair venu des États-Unis « mais traité au Québec », a dit Paul Lavallée. Les marches de l’escalier sont en granite gris foncé de type Jet Mist, provenant de l’État de New York.
Aligné sur les maisons victoriennes voisines, le nouveau pavillon comprend des espaces fluides, relaxants et très ouverts, a expliqué Nathalie Bondil, directrice générale du MBAM. « Ce ne sera pas un pavillon coffre-fort mais un temple, dit-elle, ouvert sur l’extérieur et la diversité, ancré dans sa communauté, et offrant des espaces de contemplation et de jeux à tous les niveaux ». Connexes aux salles d’exposition, des salons confortables seront créés pour permettre aux visiteurs de lire, de se reposer ou de contempler le mont Royal ou le fleuve Saint-Laurent. « Ces salons seront des poumons sur la ville », ajoute Nathalie Bondil.
La collection de 75 œuvres de maîtres anciens léguée généreusement par Michal et Renata Hornstein sera présentée aux deuxième, troisième et quatrième étages du nouveau pavillon, le dernier niveau ayant été financé par le mécène Michel de la Chenelière. Le deuxième étage sera consacré aux œuvres du XVIII
siècle, le troisième à celles du XVII et le quatrième aux œuvres du Moyen Âge et de la Renaissance. La scénographie des salles d’exposition (20 m de largeur x 27 m de longueur x 4,7 m de hauteur) est en cours de réalisation pour accueillir « en grand » les exceptionnelles peintures de Joos de Momper, Pieter Claesz, Jan Steen, Jan Lievens ou encore Jacob van Ruisdael…Accessible par la rue Bishop, l’entrée du pavillon pour la Paix accueillera les jeunes visiteurs et les membres d’organismes communautaires après leur arrivée à un débarcadère sécuritaire pour autobus. La rue sera prochainement transformée pour devenir plus étroite, plus calme et plus artistique. Cette entrée mènera à l’Atelier international d’éducation et d’art-thérapie Michel de la Chenelière, un axe majeur de l’angle social du musée. Avec le nouveau pavillon, le MBAM passera de 7 à 12 ateliers éducatifs. Cette aire des familles, qui servira de carrefour multifonctionnel, recevra plus de 400 000 personnes par année au lieu des 307 000 actuels.
Au sous-sol, réservé à l’Atelier international d’éducation et d’art-thérapie Michel de la Chenelière, se trouveront des ateliers, des vestiaires et une salle à manger. Première mondiale dans un musée, deux espaces seront réservés à l’art-thérapie. L’un pour des projets de recherche clinique et une salle de consultation pour des médecins et art-thérapeutes et l’autre pour des projets en partenariat avec l’Université Concordia. Le plafond de ce niveau intègre des structures architecturales coniques pourvues de tissu afin de minimiser la réverbération du son. Le collectif MU créera des fresques urbaines sur les murs de cette zone consacrée au travail d’enracinement communautaire et identitaire du musée.
Pour créer des liens avec les maîtres anciens, Nathalie Bondil réalisera un Sentier de la Paix contemporain qui unira cinq œuvres permanentes installées à tous les étages. Gagnant du concours du 1 %, l’artiste Patrick Beaulieu placera son œuvre dans l’aire des familles. Celles des quatre autres artistes du concours, Patrick Coutu, Roberto Pellegrinuzzi, Yannick Pouliot et Martha Townsend, seront intégrées à ce sentier. Surplombant un large espace du 3
étage surnommé « la plage » et ouvert en porte-à-faux au-dessus de la rue Bishop, la sculpture en verre , de Jean-Michel Othoniel, adresse déjà à la métropole un message de paix et d’ouverture. « L’intelligence du sensible », suggère Nathalie Bondil.