De la vie sur Vénus ?

Des chercheurs pensent en avoir la preuve avec la découverte d'un gaz, la phosphine, dans ses nuages

Les nuages de Vénus pourraient abriter la vie, selon des astronomes britanniques et américains. Cette hypothèse, dévoilée lundi dans la revue Nature Astronomy, avait été proposée pour la première fois en 1967 par le célèbre astronome Carl Sagan.

La NASA a immédiatement annoncé qu’elle redoublerait ses efforts pour explorer l’étoile du Berger. « La découverte de phosphine, qui est produite par la biologie anaérobique, est la preuve la plus importante jusqu’à maintenant de la vie ailleurs que sur la Terre », a écrit sur Twitter Jim Bridenstine, grand patron de la NASA. « Il y a 10 ans, la NASA a découvert de la vie microbienne à 40 km d’altitude de la Terre. Il est temps de prioriser Vénus. »

Une sonde américaine, Da Vinci, doit s’envoler l’an prochain pour explorer l’atmosphère vénusienne pendant une heure. Des missions russe et européenne sont aussi prévues. La Russie a une longue expérience avec Vénus, qui a été visitée par 15 sondes soviétiques entre 1967 et 1984. Sept atterrisseurs du programme Venera ont foulé le sol vénusien, et des ballons ont flotté dans l’atmosphère très acide de la planète en 1984.

La preuve de la vie sur Vénus repose sur un gaz toxique et odoriférant appelé phosphine qui, sur Terre, est produit par des microbes et par l’industrie chimique. Les astronomes du Massachusetts Institute of Technology (MIT) qui copublient l’étude avaient déjà démontré que la phosphine ne peut être produite par la nature sans la présence de vie, à part sur Saturne et Jupiter, à cause de leurs pressions des milliers de fois supérieures à celle de la Terre et de la présence d’hydrogène gazeux, absent sur Vénus. Cette fois, avec des collègues de l’Université de Cardiff, ils démontrent qu’il y a de la phosphine sur Vénus.

Les chercheurs mettent leurs collègues au défi de prouver que la phosphine peut être produite de manière abiotique, sans présence de vie. « Il est très difficile de prouver qu’un processus n’existe pas », a déclaré, durant une téléconférence de presse du MIT et de la Société astronomique royale, la coauteure Clara Sousa-Silva, du MIT. « Je suis enthousiaste à l’idée que des astronomes vont essayer de montrer comment produire la phosphine de manière abiotique. De notre côté, nous sommes arrivés au bout de nos efforts pour une production abiotique de phosphine. »

Migration vers les nuages

Les chercheurs postulent que la vie serait dans les nuages parce que c’est le seul endroit sur Vénus qui est habitable. La température à la surface de Vénus est de 460 degrés Celsius et la pression, 90 fois plus grande que sur Terre. Les microbes produisant de manière anaérobique (sans oxygène) la phosphine se trouveraient dans une bande stable s’étendant entre 50 et 60 km d’altitude, près du 45e parallèle de Vénus de chaque côté de l’équateur. La température y oscille entre 20 et 60 degrés Celsius.

« Nous pensons que les microbes producteurs de phosphine sur Vénus auraient une efficacité 10 fois moindre que sur Terre », a dit durant la téléconférence de presse Jane Greaves, de l’Université de Cardiff.

« La vie serait apparue au début de l’existence de Vénus, quand elle était recouverte d’océans, puis a migré vers les nuages quand la planète est devenue trop chaude et a perdu son hydrogène. »

— Jane Greaves, professeure d’astronomie à l’Université de Cardiff

Vénus a presque la même masse que la Terre et est située à 108 millions de kilomètres du Soleil, contre 150 millions pour la Terre. À titre de comparaison, Mars est 10 fois moins massive que la Terre et se trouve à 235 millions de kilomètres du Soleil.

L’équipe américano-britannique a étudié les données de deux télescopes à Hawaii et au Chili.

La phosphine est utilisée en industrie pour fabriquer des semiconducteurs et des enduits ininflammables, entre autres. Ce gaz a une odeur de poisson pourri.

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