Habitat

Un chalet qui épouse la forêt

Bâti à même la roche et sur un terrain en pente, ce chalet minimaliste épouse à merveille la forêt environnante. Grâce à sa fenestration généreuse et au bois de grange astucieusement intégré à l’intérieur, il offre surtout un refuge à la fois chaleureux et ouvert sur la nature à une jeune famille souhaitant décrocher de la ville.

La maison de campagne, située dans les Cantons-de-l’Est, apparaît minuscule au premier coup d’œil. À l’inverse de ses voisines, elle se fait discrète. « On voulait absolument un terrain en pente pour avoir un rez-de-jardin et être vus le moins possible de la rue », indique la propriétaire.

Au départ, il ne devait s’agir que d’un bloc rectangulaire pas trop grand pour favoriser le cocon familial et ouvert sur l’extérieur pour ne rien perdre du panorama et de la luminosité.

Mais lors des travaux d’excavation, la découverte d’une immense roche a imposé des changements importants. « De mon point de vue, c’était un beau défi, car j’y voyais toutes les possibilités d’intégration », estime Christine Ménard, la designer d’intérieur qui a réalisé le projet de concert avec l’architecte Marie-Pier Germain.

Terminée l’an dernier, la maison prend finalement la forme de deux pavillons s’imbriquant l’un dans l’autre et totalisant 1200 pi2 au rez-de-chaussée, puis 650 pi2 au rez-de-jardin. Les deux espaces permettent de suivre les saisons de près grâce à une fenestration généreuse.

Au premier niveau, l’aile érigée sur la pierre abrite la cuisine, la salle à manger et le salon. « L’idée était de se placer au plus près du bord de la roche pour que, quand on s’assoit dans le salon, on ait l’impression qu’on tombe dans le vide », raconte Christine Ménard.

La seconde section comprend la chambre principale, celle des enfants et une salle de bains. Au sous-sol en rez-de-jardin, elle accueille une salle de séjour, une deuxième salle de bains et deux chambres d’amis.

Simplicité volontaire

Sobriété, fonctionnalité, matériaux bruts et locaux ont guidé la conception. Rester simple, ne pas surcharger l’intérieur afin de créer une ambiance moderne et épurée. « Ça permettait aussi de donner plus d’impact aux éléments qu’on voulait mettre en valeur, le cube de la cuisine, la descente d’escalier avec l’escalier et le mobilier intégré. »

De plus, pour se dissimuler dans le décor, la même teinte foncée a été utilisée pour le toit et la façade extérieure. En bois d’épinette, les planches ont été installées à la verticale « pour faire un clin d’œil aux granges d’antan », note la propriétaire.

La nature à l’intérieur

Pour amener la nature à l’intérieur et vice-versa, ce revêtement se poursuit sur l’un des murs de l’entrée principale. L’interaction entre le paysage et l’architecture était essentielle. Les grandes fenêtres de la cuisine offrent une vue sur l’extérieur même quand on est aux fourneaux, puis le blanc lustré des armoires en mélanine permet de refléter le panorama et les variations de lumière au fil de la journée.

Cet espace enveloppant a hérité d’un budget plus modeste, mais non pas moins d’attention. « On a choisi une cuisine IKEA, mais nous l’avons trafiquée pour la personnaliser en modifiant la hauteur des portes et la finition. » Par exemple, le revêtement de plancher, du bois de hickory, a été repris pour terminer la finition sur le panneau arrière de l’îlot et habiller les murs et le plafond.

Autre particularité, l’architecture et le design d’intérieur ont été conçus ensemble. La largeur de la cuisine a été calculée selon la conception de la pièce, de façon à s’assurer que chaque meuble trouve sa place sans qu’il soit désaxé.

Bois de grange

Épuré et contemporain, le chalet garde son esprit chaleureux grâce au caractère rustique du bois de grange exploité avec ingéniosité.

« Chaque fois qu’on a voulu l’intégrer, on lui a donné une fonction. Dans la chambre principale, il monte jusqu’au plafond. Il intègre la niche et un meuble de rangement, faisant office de table de nuit », détaille Christine Ménard. Dans la chambre des enfants, il pare une partie du mur et s’emploie comme tablette.

Le mobilier intégré du salon en est un autre bon exemple. Utilisé pour ranger la télévision et le bois de chauffage notamment, il sert de garde-corps pour l’escalier. « On savait dès le départ qu’on voulait créer un mobilier et qu’il deviendrait une pièce centrale de la maison », raconte la designer.

Pensé pendant six mois, le meuble n’a pas été aussi facile à concrétiser que la simplicité de ses lignes le laisse croire. Il a fallu entre autres trouver le matériau à un prix abordable, déniché finalement par la propriétaire chez l’antiquaire La Belle Gueule de bois, de Magog.

La réalisation a été confiée à l’ébéniste Frédéric Auger, de WOOD Design. Comme les pièces étaient en bon état, l’ébéniste les a nettoyées avec une brosse d’acier pour enlever les résidus. Elles ont été planées, puis embouvetées, ce qui a permis de les installer plus facilement. 

Posées à l’horizontale, les planches se suivent à la perfection d’une armoire à l’autre. « J’ai joué avec les largeurs pour créer une continuité et avec les couleurs naturelles du bois afin d’obtenir une sorte de dégradé », explique-t-il. Une façon ingénieuse d'intégrer le bois de grange à son décor.

Trois choses à savoir sur le bois de grange

Un bois d’exception

On l’aime pour sa valeur écologique, son aspect rustique et ses teintes grisonnantes, mais on aurait tort de le considérer comme simplement vieux. Bien qu’il soit récupéré, il s’agit tout de même d’un bois antique. « Quand on défait une grange, environ 70 % du bois n’est plus bon, il est fendu ou pourri. En fait, seulement 20 à 30 % sont réutilisables », dit l’ébéniste.

Un bois avant tout décoratif

Pruche, cèdre, pin, épinette… le bois de grange a une fonction décorative et nécessite un support adéquat pour le soutenir. « À l’extérieur pendant 100 ans, il s’est stabilisé. L’oxydation sur sa surface le protège et lui donne un effet de vernis. Mais c’est un bois fatigué. Il s’applique bien sur des murs, mais on ne pourrait pas en faire la structure pour une table, par exemple. »

Bien choisir les planches

S’il est offert à bas prix (2,50 $ le pied carré) sur les petites annonces, sachez qu’il sera le plus souvent sous sa forme la plus brute et il restera à le restaurer (le nettoyer, le sécher, le sabler, le redresser, le planer…), d’où le prix parfois élevé dans les commerces spécialisés. À Montréal, on peut en trouver notamment chez Bois antique Veser et Gris de bois.

reclaimedantiquewoods.com

grisdebois.com

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