Enfin du nouveau chez Harley-Davidson !

Actionnaires comme clients attendaient avec impatience du nouveau de la part de la célèbre marque de Milwaukee. Pour 2018, finalement, il y en a.

MOTO

« Quand » plutôt que « si »

La formule qui a valu beaucoup de succès à Harley-Davidson depuis les années 90, soit ces fameuses customs chromées aux sympathiques lignes rondes, n’est plus aussi populaire qu’elle ne l’était. Les raisons du ralentissement de la réussite de cette formule sont nombreuses : très et trop imitée, devenue prévisible, associée aux plus vieux par les plus jeunes, vieillissement de la clientèle, etc. La question n’était donc plus « si », mais « quand » Harley allait offrir quelque chose de nouveau. Après la récente annonce d’un audacieux plan de renouveau – 100 nouveautés en 10 ans –, la gamme Softail 2018 donne enfin un avant-goût de ce à quoi cette nouvelle direction ressemblera.

Moto

Du nouveau pour les endurcis et du nouveau pour les nouveaux

Le plus grand problème de Harley-Davidson n’est pas technique. Le constructeur a la capacité de produire n’importe quel type de moto. Il est plutôt tribal. Pour les amateurs endurcis, une Harley ressemble strictement à « ça ». Bien que jouer avec « ça » représente donc un risque élevé, il reste que « ça » ne plaît pas nécessairement à une nouvelle clientèle potentielle. La solution retenue est de moderniser la mécanique et d’innover sur le plan du style, mais en respectant religieusement les modèles sur lesquels repose l’héritage de la marque. Le résultat est une série de montures profondément revues sans que ça se voie vraiment, accompagnées de quelques autres qui choquent carrément tellement elles sont différentes.

Courrier

Différence apocalyptique

Disons que The Walking Dead existe pour vrai et que les usines de Harley-Davidson continuent de fonctionner. Disons. Pour circuler, personne ne voudrait, par exemple, d’une sympathique Deluxe. La machine appropriée devrait plutôt ressembler à quelque chose d’indestructible sur laquelle on se sentirait prêt à affronter une armée de zombies. Cette moto, c’est la nouvelle Fat Bob. Elle ne ressemble à aucune Harley (à part l’ancienne Fat Bob)… mais on se demande en revanche comment une telle chose pourrait venir de la plume de stylistes autres que ceux de Harley. Artistiquement, elle est brillante et le constructeur est convaincu qu’elle fera envisager une Harley-Davidson à des gens qui ne l’auraient pas fait avant.

Moto

Une Fat Boy encore plus en chair

Les photos ne rendent pas justice à la nouvelle Fat Boy. En personne, elle choque. On la regarde ébahi, on en fait le tour en remarquant détail après détail, puis on recommence. De la nacelle avant aux proportions complètement exagérées jusqu’aux roues qui semblent empruntées à un rouleau compresseur (le pneu arrière est un 240 mm et le pneu avant est un 160 mm !) en passant par les ailes surdimensionnées, elle ressemble à quelque chose tout droit sorti d’un film de science-fiction. Difficile de prévoir si les amateurs traditionnels de la marque aimeront ou pas, mais quiconque souhaite faire tourner les têtes y trouvera son compte.

Moto

Les modèles classiques

Si Harley-Davidson s’est permis un certain risque avec les nouvelles Fat Boy et Fat Bob, en revanche, il n’a pas négligé les classiques de la gamme, comme la Softail Slim, la Breakout, la Deluxe et l’Heritage Classic, entre autres. Chacune bénéficie en 2018 d’un nouveau cadre 65 % plus rigide avec un seul amortisseur logé sous le siège. Le V-Twin Twin Cam 103B tire sa révérence et se voit remplacé par une version à doubles balanciers montée rigidement de l’excellent V-Twin Milwaukee Eight lancé l’an dernier. Sa cylindrée de base est de 107 po3 et certains modèles sont aussi offerts en version de 114 po3.

Moto

Une nette progression mécanique

Selon Harley-Davidson, la refonte de la plateforme Softail et le jumelage des familles Softail et Dyna pour 2018 (la plateforme Dyna disparaît donc complètement) représentent le plus grand défi technique de l’histoire de la marque. Non seulement le constructeur a considérablement amélioré le comportement des modèles en courbe, où ils sont nettement plus solides et penchent considérablement plus loin, mais le poids des motos a aussi été abaissé d’une quinzaine de kilos en moyenne. Le résultat est une plus grande facilité de pilotage et une amélioration clairement ressentie au chapitre de toutes les facettes du comportement. La performance est aussi agréablement à la hausse.

Moto

En conclusion

L’absorption de la famille Dyna par la famille Softail et la refonte de cette dernière pour 2018 ne représentent qu’un premier pas de l’opération « renouveau » de Harley-Davidson. Il est donc bien trop tôt pour déterminer si cette opération redonnera à la marque américaine l’envieuse position qu’elle détenait jusqu’à la crise financière de 2008. Toutefois, un détail est prometteur. Il s’agit de l’audace créative dont font preuve les nouvelles Fat Boy et Fat Bob. Il est facile de prévoir qu’elles seront polarisantes, mais le simple fait que Harley-Davidson accepte maintenant de s’aventurer dans une telle direction laisse croire que l’avenir réserve plus de ce type de surprises et qu’on ne fait donc plus du surplace à Milwaukee.

Les frais de transport et d’hébergement ont été payés par Harley-Davidson.

Bertrand Gahel est l’auteur du Guide de la moto.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.