Arts martiaux mixtes UFC 168
« Silva est toujours le meilleur »
La Presse
On dit qu’un arbre qui tombe dans une forêt déserte ne fait aucun bruit. Puis il y a l’inverse. Il y a Anderson Silva qui tombe devant des milliers de spectateurs, dans le crépitement des appareils photo et sous le feu des projecteurs.
« Oh. Mon. Dieu », s’est exclamé le commentateur qui ne croyait manifestement pas à ce qu’il voyait. Anderson Silva, le plus grand combattant des arts martiaux mixtes, avant Georges St-Pierre, étendu de tout son long, mis K.-O. par l’Américain Chris Weidman.
C’était le 6 juillet dernier. La défaite d’Anderson Silva a fait un boucan à l’UFC et a laissé dans son sillage plusieurs questions. Chris Weidman a-t-il profité d’un coup chanceux ? Était-ce la fin du plus grand combattant de sa génération ? Anderson Silva reviendrait-il ?
Les réponses sont attendues demain soir à l’UFC 168, alors que Silva et Weidman s’affrontent de nouveau.
L’enjeu est de taille. Une deuxième défaite de Silva, 38 ans, pourrait bien signifier la retraite. Après le départ de St-Pierre, le scénario serait catastrophique pour l’UFC, qui entamerait 2014 sans ses deux plus grandes stars.
Mais Silva n’a pas dit son dernier mot. St-Pierre, qui a passé les dernières années dans l’ombre du Brésilien, le considère encore comme le meilleur combattant livre pour livre.
« L’entourage de Weidman est composé de personnes très intelligentes. Ce n’est pas toujours la meilleure équipe qui gagne au hockey. Parfois, c’est l’équipe qui arrive la mieux préparée et qui joue le meilleur match, a dit St-Pierre dans une récente entrevue. C’est la même chose avec le combat.
« Anderson s’est fait toucher, évidemment. Mais je crois qu’il est encore le meilleur au monde, a ajouté St-Pierre. C’est vraiment ce que je crois. »
Au sommet des palmarès de l’UFC, St-Pierre et Silva se partagent les honneurs. Entre 2006 et 2013, les deux combattants ont dominé outrageusement leur sport, St-Pierre à 170 livres et Silva à 185.
Le Brésilien a défendu 10 fois d’affilée son titre des moyens avant de le perdre en juillet, un record. Personne n’a accumulé autant de victoires consécutives dans l’UFC (16).
Après son exploit, Weidman savait qu’il venait d’abattre une légende. « Il a toujours été mon idole. Je ne voulais pas le dire avant le combat, mais j’ai grandi nourri par ses combats, a dit l’Américain. S’il veut une revanche, je vais lui donner une revanche. »
Silva a d’abord refusé. « Je me bats pour cette ceinture depuis si longtemps. Je ne la veux plus. Je ne veux plus me battre pour la ceinture. Chris Weidman est le nouveau champion », a-t-il dit dans les minutes qui ont suivi le combat.
Des mois plus tard et à la lumière de l’annonce de St-Pierre, les propos de Silva prennent une autre dimension. Le Québécois aussi s’est plaint du poids de la ceinture, de l’énorme stress qui vient avec le statut de champion de l’UFC alors qu’année après année, il faut mater de jeunes loups bien décidés à vous donner une raclée.
Mais contrairement à St-Pierre, Silva s’est ravisé. Il a finalement accepté d’affronter de nouveau Weidman. Peut-être que St-Pierre aurait fait pareil s’il avait perdu contre Hendricks. Qui sait ?
Silva va monter dans l’octogone favori demain contre l’homme qui lui a passé le K.-O. en deux rounds. Telle est l’aura du Brésilien.
Une victoire viendrait cimenter son statut de légende. Une défaite le rapprocherait de la retraite. C’est brutal, mais c’est ainsi. Même pour les légendes.