Monsieur L’inspecteur

Débusquer les traces d’infiltration d’eau

Les infiltrations d’eau sont parfois flagrantes, parfois fort discrètes, mais dans tous les cas, il faut trouver leur cause, sans quoi un acheteur s’expose à d’importants problèmes de structure et d’hygiène.

En inspection, la technologue Janick Marinier a toujours une lampe de poche à portée de la main. En plein jour et même avec les lumières des pièces allumées, elle s’en sert pour scruter les murs et les plafonds. En donnant un angle au faisceau, tout ressort : joints de plâtre mal tirés, réparations et traces d’infiltration d’eau.

Dans ce duplex jumelé de Rosemont converti en cottage, l’ensemble de la finition intérieure a été refait en 2010. Les stries dans la peinture ont clairement été formées par des cloques d’eau. Janick Marinier y touche et constate qu’elles sont sèches. Il y a deux sources d’eau possibles : le climatiseur ou le toit.

L’eau de condensation du climatiseur pourrait être en cause, mais cette hypothèse est rapidement écartée. Les traces d’eau sont plus élevées que l’appareil. Le condensat s’évacue normalement par un boyau, par gravité. Ce boyau est repéré sous l’évier de la salle de bains, du côté opposé aux stries sur le mur.

Avant de poursuivre, notre inspectrice interroge le propriétaire vendeur. Celui-ci déclare que les cloques se sont formées lors de trois ou quatre épisodes de pluie en 2013. Il est lui-même monté sur le toit et a découvert une flaque d’eau sur le solin de bord de toit du voisin. Il a abondamment calfeutré le solin, ce qui aurait réglé le problème. Par la suite, le voisin aurait corrigé la pente dans la tôle du solin, afin que l’eau s’écoule vers son toit, sans créer d’accumulation et risquer de s’infiltrer entre les deux maisons.

L' AMPLEUR DES DOMMAGES

Si les épisodes d’infiltration ont effectivement été peu nombreux, il se pourrait que les composants internes du mur et du toit se soient asséchés sans se détériorer. Janick Marinier s’interroge cependant sur la qualité des réparations. « Si ce n’est pas un professionnel qui a réalisé les travaux, il se pourrait qu’il y ait de nouveau une infiltration. L’ampleur des dommages a-t-elle été évaluée ? »

Puisque l’infiltration d’eau a été déclarée par le vendeur, les dommages existants ou futurs pourraient difficilement être considérés comme un vice caché.

Inquiet, l’acheteur pourrait demander une expertise, afin que soient déterminées avec certitude la source de l’infiltration d’eau, la qualité de la réparation et l’étendue des dommages. Mais qui paiera pour cette enquête ?

« Il y a deux façons de penser, dit Janick Marinier. À mon avis, quand il y a des signes de problèmes, c’est au vendeur de nous assurer que son bien est en bon état. Certains courtiers prétendent que c’est plutôt à l’acheteur de démontrer [à ses frais] qu’il y a un problème. »

Un expert tentera de cerner l’infiltration d’eau par divers moyens : inspection visuelle, détection des différences de température sur les matériaux mouillés à l’aide d’une caméra thermique et mesures invasives ou non avec un humidimètre. En dernier recours, il ouvrira les murs.

RÉPARER LES DOMMAGES

Une infiltration d’eau rapidement repérée et colmatée entraînera peu de dommages. Par contre, une infiltration sournoise qui dure depuis des années pourrait avoir imbibé les matériaux et provoqué des moisissures.

Dans le cas d’un toit, le pontage et les fermes pourraient être noircis de moisissure. La laine minérale ou la cellulose pourraient avoir perdu leurs propriétés isolantes. Au moment d’une réfection, il s’agit de trouver le bon couvreur, qui sera disposé à remplacer tous les matériaux détériorés avant d’apposer un nouveau revêtement.

« Les matériaux endommagés sont facilement accessibles, affirme Michel Paré, directeur du développement des affaires à l’Association des maîtres couvreurs du Québec. Un couvreur qui adhère aux bonnes pratiques du métier doit tout vérifier et proposer des réparations s’il y a lieu. C’est ce qui fait la différence entre un professionnel et un couvreur du dimanche. »

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