Éditorial Pont Champlain

Plan B

Les conservateurs sont entêtés. On peut voir cela comme une qualité ou un défaut, cela n’enlève rien au fait qu’ils font habituellement ce qu’ils disent qu’ils vont faire, peu importe les hauts cris, peu importe les réactions.

Quand ils affirment sur toutes les tribunes qu’il n’y aura pas de pont Champlain sans péage, une formule qu’ils répètent en boucle depuis maintenant deux ans et demi, on peut donc conclure sans grand risque de se tromper… qu’il n’y aura pas de pont Champlain sans péage.

Et pourtant, la seule réponse qu’est capable de leur fournir le maire de Montréal, c’est « non ». Juste « non ».

Un « non » qui n’a rien donné jusqu’ici. Un « non » qui risque de ne rien donner jusqu’à l’ouverture du futur pont Champlain à la fin 2018. Un « non » qui prend ainsi la forme d’une plate résignation face à ce qui devient chaque jour un peu plus inéluctable.

Si Ottawa inaugure donc à la fois un pont et un unique péage dans cinq ans, il partagera avec le maire Coderre la responsabilité du gâchis qui s’ensuivra, car face à la fermeté des conservateurs il n’aura rien offert de plus qu’un entêtement stérile.

Il est temps de passer au plan B. Il est temps, en fait, de penser à un plan B pour éviter d’être pris de court d’ici 2018 pour trouver une solution alternative à ce péage qui, s’il est unique, paralysera les autres ponts de la Rive-Sud par effet domino.

On peut bien poursuivre le sempiternel débat sur l’équité d’un tel péage. On peut bien répéter que Champlain II sera un « pont de remplacement » bien plus qu’un « nouveau pont pour le Saint-Laurent », selon l’expression d’Ottawa. On peut bien promettre une autre guerre de drapeaux, comme l’ont fait Pauline Marois et Philippe Couillard.

Mais le temps file. Et il est de plus en plus clair que ce débat n’infléchira pas la volonté du gouvernement Harper. Il faut donc dès maintenant concocter une contre-proposition : l’implantation d’un réseau de péages dans la région de Montréal, duquel pourront être pigées les sommes nécessaires au financement du futur pont.

Tout aussi inéquitable soit-il, le péage envisagé par Ottawa verra le jour. Montréal et Québec doivent donc prendre la balle au bond pour accélérer la nécessaire révision du cadre financier des transports routier et collectif en incluant le pont Champlain dans l’équation. Ils n’ont d’autres choix que de mener à terme la réflexion sur le péage entamée par l’administration Tremblay il y a… sept ans !

Une telle réflexion s’impose plus que jamais, à la fois pour répondre à la détermination des conservateurs et pour s’attaquer au déficit financier des infrastructures de transport routier et collectif.

Plutôt que de se faire imposer un péage qu’elle ne veut pas, la région de Montréal aurait avantage à implanter son propre réseau de péages (sur les autoroutes de la région non pas sur les ponts) pour tirer les recettes nécessaires à l’entretien des routes, au développement du transport en commun et, par le fait même, à la construction du nouveau pont Champlain.

Répondre à l’entêtement par l’entêtement est tout simplement irresponsable.

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