Documentaire

Bergdorf Goodmania !

«Lorsque je mourrai, répandez mes cendres au Bergdorf ! » Tels étaient les mots lancés par une chic dame buvant du thé dans une caricature du New Yorker et qui a inspiré le titre du documentaire Scatter My Ashes at Bergdorf’s. Une phrase qui illustre l’attraction incommensurable qu’exerce cette institution new-yorkaise sur les fashionistas de ce monde.

Le documentaire, présenté en exclusivité au Cinéma du Parc depuis jeudi (en version originale seulement), réunit une panoplie impressionnante de designers. Tous viennent y raconter leur relation avec ce qui est sans aucun doute la boutique de vêtements haut de gamme la plus prestigieuse en Amérique, sinon au monde. Giorgio Armani, Vera Wang, Michael Kors, Karl Lagerfeld, Oscar de la Renta, Marc Jacobs, Tom Ford, Dolce & Gabbana, pour ne nommer que ceux-là, ont tous accepté de confier à la caméra comment Bergdorf a changé leur vie. Pour certains, comme Kors qui a été découvert par Dawn Mello (alors directrice de la mode pour Bergdorf), il s’agit d’un véritable conte de fées qui a complètement bouleversé leur parcours.

« Lorsque nous avons approché Bergdorf pour le documentaire, ils nous ont proposé d’écrire des lettres à 50 designers qui, selon eux, auraient des histoires intéressantes à raconter sur leur relation avec la boutique. Finalement, ils ont reçu plus d’une centaine de réponses. Tous les designers voulaient être dans le film ! Au total, nous avons interviewé plus de 175 personnes », raconte Iris E. Wagner, productrice exécutive et Montréalaise d’origine à la tête de la boîte Memoirs Production.

Le documentaire donne un accès privilégié à cet univers d’opulence et de luxe, fascinant monde où la mode fait foi de tout. On y suit l’histoire de la famille qui a fondé l’institution et celle de l’édifice construit en 1928 au centre névralgique de New York (coin 5e avenue et 57e rue). Sans compter tous ces designers qui ont rêvé ou rêvent d’y faire leur entrée et les gens qui y travaillent, devenus au fil du temps de véritables personnages – dont l’élégante et toute-puissante Linda Fargo, qui sélectionne les designers qui auront la chance d’entrer au Bergdorf, et l’hilarante Betty Halbreich, qui a habillé les plus grandes stars américaines. Lena Dunham (Girls) préparerait même une série inspirée de la vie de cette dernière pour HBO.

« C’est un film pour les fashionistas, pour tous ceux qui aiment l’histoire des entreprises familiales ou qui veulent tout simplement se plonger dans l’univers new-yorkais, où Bergdorf est une véritable attraction. Bergdorf, c’est tellement unique et luxueux, c’est une aspiration, un idéal pour tant de gens. Cet endroit représente l’essence même du rêve américain ! », ajoute Mme Wagner.

Des vitrines, des œuvres d’art

Réalisé et écrit par Matthew Miele, le documentaire voulait au départ s’intéresser aux fameuses vitrines du Bergdorf, véritable pôle touristique de la 5e avenue. S’il ratisse finalement beaucoup plus large, la conception de ces vitrines demeure un élément central – et fascinant – du film.

On y suit David Hoey, le directeur de la présentation visuelle à Bergdorf, alors qu’il prépare, des mois à l’avance, les vitrines pour Noël 2011. Le tout se fait en collaboration avec différents artistes new-yorkais qui créent les pièces d’art uniques qui embelliront les vitrines, accompagnés de morceaux exclusifs créés par les plus grands designers au monde.

C’est à travers cette histoire qu’on comprend que Bergdorf est beaucoup plus qu’une boutique où seuls les plus fortunés peuvent se permettre d’entrer. C’est aussi un rêve, un instant de magie, accessible à tous les badauds qui s’arrêtent pour admirer ses vitrines et se perdre dans ses détails, qui vont au-delà de la mode pour devenir de véritables œuvres d’art. Et c’est probablement là un des secrets de son succès et de sa pérennité.

À l’affiche au moins jusqu’au 20 juin, au Cinéma du Parc, en version originale anglaise.

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