Personnalité de la semaine
Raymond Caplin
Collaboration spéciale
Dans son film d’animation, un musicien s’arrache littéralement le cœur de la poitrine pour ensuite l’insérer dans sa guitare. Cette image forte résume à elle seule le propos du court métrage de Raymond Ray Caplin : si l’on veut réussir quelque chose, il faut y mettre du cœur.
Le réalisateur micmac de 21 ans ne s’en cache pas : le guitariste de son film, c’est lui. « Même si le personnage a été physiquement modelé sur mon meilleur ami, il est vrai que j’ai vécu la même expérience », souligne-t-il.
On ne réalise pas 2166 dessins si le cœur n’y est pas. Mais Ray Caplin a mis un certain temps avant de mettre du cœur à l’ouvrage.
Le jeune Amérindien, de Listuguj en Gaspésie, a passé une bonne partie de son adolescence, reclus, dans sa chambre. Décrocheur, l’adolescent préférait s’isoler du reste du monde pour dessiner. Et pour rêver. « J’étais un ado très timide, très renfermé. Je pouvais passer des journées entières devant l’ordinateur, à surfer sur l’internet. »
C’est l’arrivée du Wapikoni mobile dans son patelin qui a changé le cours de son destin. Lancé par Manon Barbeau, le Wapikoni est un studio roulant qui visite les Premières Nations afin d’initier les jeunes à la création musicale et vidéo.
Dès le premier jour, Ray fut pris en charge par le formateur Marco Luna. C’était à l’été 2012, et le Péruvien d’origine est encore aujourd’hui très présent dans la vie du jeune homme.
« Marco [Luna] est devenu avec le temps un ami, un conseiller, un mentor. Je lui dois beaucoup. »
— Raymond Caplin
Bien que Marco Luna et toute l’équipe du Wapikoni aient aidé Ray Caplin à devenir un réalisateur accompli, il reste qu’à la base, le jeune homme possède un talent incroyable pour le dessin. Un talent brut qui lui a aussi ouvert les portes de la célèbre École de l’image Gobelins, à Paris. Un établissement très réputé dans l’animation, et où les cours sont donnés par des artisans des plus grands studios de la planète, comme Pixar ou Disney. « C’est à ce jour l’expérience la plus incroyable de toute ma vie. »
Ray se prépare à relever un autre défi de taille. Le jeune homme a été accepté en cinéma à l’Université Concordia. Un programme fortement contingenté. Sans avoir terminé son secondaire, Ray entrera à l’université en septembre. « Mes parents sont tellement fiers de moi. Mon père a toujours voulu travailler dans le domaine du cinéma et de la télévision. C’est lui qui m’a donné ma première caméra lorsque j’étais enfant. Je réalise mon rêve, mais aussi celui de mon père, je crois. »
sera projeté au cinéma Beaubien à compter du 9 juillet. Le court métrage ouvrira chaque séance de la nouvelle comédie d’Émile Gaudreault, .