CHSLD Saint-Lambert-sur-le-Golf

Enquête sur la mort d'une patiente

Déjà accusées d’avoir violenté et intoxiqué une patiente de 87 ans, deux préposées du Centre hospitalier de soins de longue durée Saint-Lambert-sur-le-Golf, affilié au groupe Savoie, font l’objet d’une enquête afin de déterminer si elles ont même pu contribuer au décès de leur victime alléguée.

Marie-Margaret Pétimé, 46 ans, et Immacula Eugène, 51 ans, ont comparu hier après-midi au palais de justice de Longueuil. Elles sont accusées d’avoir, au début de juillet dernier, comploté afin d’introduire dans le CHSLD une substance « délétère » et de l’avoir administrée à Denise Beaulieu, 87 ans. Elles sont aussi accusées de trafic de stupéfiants, en lien avec la possession de la substance en question. Pétimé est en plus accusée de voies de fait armées sur la dame.

Quelque temps plus tard, Mme Beaulieu est décédée.

Ce n’est qu’en novembre que la police de Longueuil a amorcé son enquête sur ce cas de maltraitance présumé dans cette résidence, la première réalisée au Québec en mode PPP. Le groupe Savoie, propriétaire des résidences Soleil, administre ce CHSLD.

C’est un membre de la famille de la défunte qui a porté plainte. Soupçonnant de la maltraitance, les proches de la dame avaient installé dans sa chambre des caméras, qui auraient surpris les préposées en flagrant délit. Les enquêteurs ont pu récupérer ces caméras lors d’une récente perquisition à la résidence Saint-Lambert-sur-le-Golf, chemin Tiffin.

PLUSIEURS QUESTIONS EN SUSPENS

Les deux frêles dames ont comparu, en présence de membres de leur famille, mais aussi de quelques proches inquiets de patients de la résidence de Saint-Lambert. Elles demeurent détenues, au moins jusqu’à demain, alors qu’aura lieu leur enquête sur remise en liberté.

Pendant ce temps, les enquêteurs de la Section des crimes graves de la police de Longueuil poursuivent leur enquête.

« Dans un premier temps, on veut savoir si elles ont fait d'autres victimes. Ensuite, on veut savoir si la dame de 87 ans est décédée des suites du mauvais traitement qu’elle a subi. On a été informés de l’affaire au mois de novembre seulement. On doit donc faire l’enquête à l’envers », explique l’agent Mark David, porte-parole de la police de Longueuil.

CONGÉDIEMENT, MAIS PAS D'APPEL AUX POLICIERS

Selon nos sources, la police s’interroge également sur le fait que la direction de l’établissement de santé, qui a fait les manchettes à quelques reprises pour des plaintes de mauvais traitements, n’a pas alerté la police.

Car du propre aveu de Nathalie Savoie, vice-présidente du groupe du même nom, elle savait depuis longtemps que ces gestes auraient été posés par ses employées. Au point qu’elles ont été congédiées avant même que ne débute l’enquête policière, alors qu’elles sont toujours présumées innocentes.

« Nous avions en main des éléments qui permettaient de les congédier. Malheureusement, elles ont fait des choses très répréhensibles et vont faire face à la justice. Mais nous leur avons déjà imposé la peine capitale, le congédiement. C’est sans appel », explique Mme Savoie.

Mme Savoie assure « avoir agi » dès qu’elle a été mise au courant des agissements de ses deux employées. « On a dénoncé la situation aux autorités », mentionne-t-elle, tout en avouant ne pas avoir contacté les policiers.

« On en a parlé à l’Agence de la santé et on a contacté la famille. On est les premiers à vouloir dénoncer les agissements inacceptables quand ils sont portés à notre connaissance », dit-elle.

L'AGENCE DE LA SANTÉ ENQUÊTE

L’Agence de la santé de la Montérégie affirme que le Groupe Savoie l’a informée en septembre du fait que deux employées avaient commis des « gestes inacceptables ».

« Mais on n’avait pas tous les détails. On a vu tous les faits lorsque la famille de la défunte nous a rencontrés, en novembre », explique la directrice des communications de l’Agence, Christine Danielle.

Un enquêteur a aussitôt été nommé et devra faire la lumière sur « les pratiques de gestion clinique liées à la qualité et à la sécurité des soins » au CHSLD Saint-Lambert-sur-le-Golf d’ici la fin janvier, ajoute-t-elle.

Le président de l’Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées, Louis Plamondon, se dit « extrêmement inquiet » de la situation au CHSLD en partenariat public-privé. « Combien d’incidents du genre cachent-ils ? », demande-t-il.

CHSLD Saint-Lambert-sur-le-Golf

Eddy Savoie s’adresse à la Cour suprême

Après avoir vu sa poursuite en diffamation de 400 000 $ rejetée par la Cour d’appel en novembre dernier, le propriétaire du CHSLD Saint-Lambert-sur-le-Golf, Eddy Savoie, s’adresse maintenant à la Cour suprême, a appris La Presse.

M. Savoie poursuit Pierrette Thériault-Martel, la fille d’une ancienne résidante du CHSLD Saint-Lambert-sur-le-Golf, qui avait vivement dénoncé la qualité des services reçus par sa mère.

En septembre dernier, le juge Gary D.D. Morrison de la Cour supérieure a rejeté la poursuite en diffamation de M. Savoie, estimant qu’il s’agissait d’une poursuite-bâillon. M. Savoie a porté cette cause en appel. Mais la Cour d’appel a refusé de l’entendre. Il s’adresse maintenant à la Cour suprême, a confirmé l’avocat de Mme Martel, Me Jean-Pierre Ménard.

— Ariane Lacoursière, La Presse

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