À VOTRE TOUR

Ma journée sans ordi

Assez souvent le dimanche, parfois un autre jour de la semaine, je prends ma journée sans ordinateur. Je dois dire que c’est plus facile depuis que ma seule profession est celle d’écrivain et que je n’ai plus de téléphone portable.

Pour certains, c’est soit un tour de force, soit un épouvantable refuge ringard, loin de la condition postmoderne.

Ce n’est rien de tout ça. Il s’agit simplement d’une pause bénéfique comme l’arrêt sur un banc quand on a marché toute une journée dans une ville. Le fait de s’asseoir pour se détendre ne nous fait pas oublier tout ce qu’on a vu et apprécié, au contraire, cela permet de mieux enregistrer les impressions, de se les approprier.

Il en est de même de l’information, car je n’apprendrai rien à personne en disant que trois nouvelles répétées mille fois sont beaucoup moins utiles que cinq nouvelles vues une seule fois chacune, sans compter que ça demande six cents fois moins de temps.

Ce qui importe

C’est remarquable, à quel point on ne rate pas grand-chose quand on va soi-même à la chasse aux nouvelles plutôt que de se laisser submerger par le flot des médias qui frappent à notre porte.

Je ne veux pas dire par là que les grands médias sont inutiles. Ils ont des moyens qui permettent d’avoir accès à des nouvelles et de les diffuser à grande échelle. Mais on n’a plus besoin d’attendre après eux pour savoir ce qui nous importe.

On arrive donc à savoir tout ce qui est nécessaire si on consulte les sites utiles, les médias qui nous intéressent et les sources que l’on connaît comme crédibles au moment où on en a besoin. Cela bien sûr exige qu’on ait une curiosité qui va au-delà de la connaissance du menu préféré des « pipoles ». Et à cette condition, tout ce qu’on rate, finalement, c’est ce qui ne nous est pas utile.

Samedi dernier, j’émergeais de ma sieste de mi-journée quand j’entends à l’émission La sphère de Radio-Canada qu’une grande polémique, un événement médiatique incontournable, avait rempli toutes les tribunes pendant la semaine. Ça m’avait totalement échappé, et j’ai donc fait une petite recherche sur le web pour savoir de quoi il s’agissait. J’ai alors découvert qu’il s’agissait de ce genre de non-événement qui oppose les teneurs de micros ou les hurleurs en compétition pour les cotes et les clics. Je ne vous en dirai pas davantage, c’était une nouvelle sans aucun intérêt qui ne concerne rien ni personne.

On se réjouira de constater qu’on ne rate rien d’important quand on dispose de suffisamment de sources, quand on les sollicite au bon moment et qu’on garde bien sûr accès à des grands médias de manière ponctuelle. L’avantage extraordinaire de la multiplicité des points d’accès est, pour les personnes qui savent s’en servir, de pouvoir débrancher sans crainte de manquer quelque chose, parce que les nouvelles ne disparaissent pas quand on ferme la boîte à perdre du temps, pas plus que la ville ne disparaît derrière nous quand on s’assoit sur un banc.

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