Chronique

Olivier ou L’imposteur ?

Il y a un mois, ce dilemme n’aurait même jamais traversé mon esprit. Allô, c’est L’imposteur de TVA sans l’ombre d’un mini doute. Ramenez-moi Youri/Philippe et son éternel blouson de cuir, ça presse, et cessez d’infliger des épreuves épouvantables à ce pauvre petit garçon aphone, seigneur.

Quasiment à mi-parcours dans la diffusion de ces deux productions du lundi à 21 h, mon opinion a bougé. En fait, non. Je trouve encore la série Olivier de Radio-Canada linéaire, simple et beaucoup trop triste. Comme si elle renfermait trop de Josélito Michaud et pas assez de Serge Boucher, un auteur talentueux qui a pourtant créé des univers sophistiqués et tordus à la Feux ou Apparences.

C’est plus L’imposteur qui me déçoit depuis quatre semaines. L’intrigue, qui n’a pas été bien recadrée au départ, se complique inutilement et on s’y perd. L’héroïne volée, sa revente aux motards, l’argent dérobé dans la caisse des saisies pour payer des sources, les affaires internes sur le dos de Youri (Marc-André Grondin), l’arrivée des Riders, l’entrée en scène de Gandhi (excellent Robin Aubert) : tout ça forme une masse confuse, difficile à cerner.

Comment se fait-il que des policiers aguerris, dont le métier est de voir clair dans le jeu des criminels, n’aient pas encore démasqué Youri, qui a toujours l’air aussi perdu qu’au premier épisode diffusé l’an dernier ?

Il a sûrement été dirigé de cette façon, car l’histoire se déroule sur une courte période de temps, reste que ça devient lassant de constamment voir Youri/Philippe en état de choc post-traumatique. Comme s’il n’avait jamais réussi à prendre le contrôle de la situation.

Dans l’épisode de lundi soir, l’alerte au divulgâcheur sonne ici telle une sirène de police dans la nuit noire, Youri a étranglé et abattu 253 (Denis Bouchard), déposé le cadavre dans le coffre de son auto et apporté le corps aux motards. Ça commence à faire beaucoup de crimes à porter pour une seule personne.

Depuis deux semaines, c’est Olivier qui gagne la bataille des cotes d’écoute du lundi soir contre L’imposteur. Ce renversement dans le choix du public s’explique plutôt facilement. Pas besoin d’avoir vu les épisodes précédents d’Olivier pour s’accrocher à cette série d’époque.

Tout ce qu’il faut savoir se résume à : voici un enfant (et son toutou bleu) qui passe d’une famille d’accueil à l’autre, au début des années 70. Il tombe sur un tyran (terrifiant Sébastien Ricard), il atterrit dans une famille aimante, enfin, mais le malheur frappe encore. Un de ses frères adoptifs meurt sous ses yeux ! Voilà, vous avez rattrapé votre retard.

La facteur curiosité joue également dans l’attrait d’Olivier. Je connais une vedette hyper connue qui appelle Josélito Michaud après la diffusion de chacun des épisodes pour poivrer l’animateur et auteur de questions. La gentille sœur (touchante Isabelle Vincent) a-t-elle vraiment existé ? As-tu revu tel ou tel personnage de l’histoire ? Le bonhomme Surprenant était-il aussi cruel dans la vraie vie ?

Il y a cependant des problèmes de rythme dans la série Olivier. Parfois, on étire des silences du jeune protagoniste à la limite du tolérable. Genre : la séquence des bougies du gâteau d’anniversaire. Souffle, bonyenne, souffle !

D’autres fois, on passe rapidement sur des éléments qui mériteraient plus que deux minutes. Je pense à la dislocation de la famille Rivard, celle qui a procuré tant de bonheur au petit Olivier avant que ça ne vire – inévitablement – au cauchemar. Pauvre petit bonhomme. Va-t-il finir par se sortir de la misère ?

Départ de Nadine ?

Quelques répliques semées cette semaine dans District 31 font craindre le pire par rapport à l’avenir de Nadine Legrand (Magalie Lépine-Blondeau) au sein du SPGM.

« Ça me tente pu, j’ai pu de jus », a confié Nadine à Patrick (Vincent-Guillaume Otis) dans une scène de salle de bains diffusée mercredi soir.

Sonnette d’alarme ! Ça sent le long départ/congé tout ça. Nadine en a marre de son travail, la commission sur l’écoute électronique lui pèse et le premier anniversaire de la mort du petit Théo Gagnon fait remonter des souvenirs peu agréables : on dirait que le scénariste Luc Dionne planifie la sortie de notre lieutenant préférée.

Un autre indice ? Le nom de Luc Picard, pourtant le dernier à avoir rejoint les rangs de la série de Radio-Canada, apparaît toujours au générique d’ouverture avant ceux de Magalie Lépine-Blondeau et Vincent-Guillaume Otis. Est-ce annonciateur d’un « changement de shift », comme on dit chez les flics ? Columbo Hugo rédigera son rapport bientôt.

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