Bute échoue à un test antidopage

Lucian Bute a échoué à un test antidopage à la suite de son combat contre Badou Jack, le 30 avril à Washington, a annoncé le World Boxing Council (WBC) en début de soirée, hier. Le boxeur, de son côté, nie catégoriquement avoir fait usage de substances illicites.

« La D.C. Boxing and Wrestling Commission suivra ses règles concernant l’antidopage et consultera le WBC et son programme Clean Boxing. D’autres nouvelles seront annoncées dans les prochains jours », a indiqué le président du WBC Mauricio Sulaiman dans un bref communiqué.

Selon l’organisation, Bute, 36 ans, a fait l’objet d’un contrôle positif à l’ostarine. Cette substance, aussi appelée enobosarm et déclarée illégale par l’Agence mondiale antidopage en 2008, a des effets semblables à ceux des stéroïdes anabolisants.

« Cela aide les muscles à se restaurer et se réparer. Quand on en prend beaucoup, on peut développer une masse musculaire. On peut notamment en voir chez les culturistes », explique la Dre Christiane Ayotte, directrice du laboratoire de contrôle du dopage de l’INRS, en entrevue avec La Presse.

Bute a réagi à son tour par voie de communiqué, quelques heures après l’annonce. Se disant « surpris et désolé de cette nouvelle », il affirme ne pas comprendre ce qui a pu mener à un tel résultat.

« J’ai toujours réussi tous les examens requis depuis que je suis champion du monde. Plus récemment, en prévision de mon affrontement contre [James] DeGale à Québec, en novembre dernier, j’ai été testé à huit reprises du début de mon camp jusqu’après mon combat. Je n’ai jamais rien pris et jamais je n’ai utilisé des substances contre-indiquées ! »

— Lucian Bute

Bute (32-3-1, 25 K.-O.) et Jack (20-1-2, 12 K.-O.) avaient dû se contenter d’un verdict nul au terme des 12 rounds de leur affrontement. Jack avait ainsi pu conserver sa ceinture WBC des super-moyens.

InterBox, promoteur de Bute, n’a pas voulu commenter la nouvelle, préférant attendre d’avoir de plus amples détails sur l’affaire avant de se prononcer.

PROBLÈMES D’ENTOURAGE ?

Le combat contre Jack était le dernier prévu au contrat entre Bute et InterBox. Mais selon nos sources, les contacts d’ordre professionnel entre les deux parties sont presque au point mort depuis environ deux ans, soit depuis que Bute s’est adjoint les services d’Al Haymon à titre de gérant.

Comme Haymon travaillait davantage avec le Groupe Yvon Michel (GYM), InterBox a accepté – un peu à contrecœur, nous dit-on – que ce dernier travaille avec Bute pour faciliter la tenue de ses prochains combats. InterBox demeurait cependant impliqué dans leur promotion.

En plus de Haymon, Bute a également recruté le conseiller Chris Ganescu, de même que le préparateur physique Ángel Heredia. Celui-ci était impliqué dans le scandale du laboratoire BALCO qui a éclaboussé le baseball majeur, il y a une dizaine d’années. Il jure qu’il n’utilise plus de produits illégaux depuis cette affaire.

Bien sûr, la seule présence d’Heredia dans l’entourage de Bute ne signifie pas nécessairement que ce dernier a en effet utilisé des substances interdites. Mais certaines personnes gravitant autour de lui se demandent malgré tout s’il n’y a pas anguille sous roche.

« Je pense que Lucian a donné sa carrière et son âme à de nouvelles personnes et qu’il est prêt à tout pour redevenir champion », a confié une source à La Presse.

De son côté, Yvon Michel a déclaré dans un communiqué qu’il « a toujours prôné des contrôles adéquats pour que le sport de la boxe soit propre ». 

« Nous sommes fort surpris de cette conclusion préliminaire et nous souhaitons maintenant que l’analyse de l’échantillon B prouve que ce premier résultat était une erreur. »

— Yvon Michel

En entrevue avec La Presse, Michel, de toute évidence secoué par cet incident, a ajouté que la présence d’Heredia auprès de Bute ne l’inquiétait pas. Il rappelle qu’Heredia était aussi dans l’équipe du boxeur roumain pour son combat contre DeGale.

« Il m’a encore garanti qu’il n’avait rien changé à son protocole, qu’il était sûr que la contamination était survenue ailleurs. Il a fait une erreur dans le passé, et depuis ce temps, il a un parcours parfait », souligne-t-il.

D’AUTRES CAS RÉCENTS

Le cas de Bute s’ajoute à une liste grandissante de cas de dopage survenus dans le monde de la boxe au cours des derniers mois.

En mars, le poids lourd australien Lucas Browne a été dépouillé de sa ceinture WBA, acquise aux dépens de Ruslan Chagaev, après un test positif au clenbutérol. Il y a deux semaines, le Russe Alexander Povetkin, un autre poids lourd, a lui aussi échoué à un contrôle antidopage aléatoire après qu’on eut détecté du meldonium dans son organisme.

« Je ne veux pas commenter le cas de Lucian Bute spécifiquement, parce qu’on n’a pas beaucoup de détails en ce moment. Il ne faut pas sauter aux conclusions. Est-ce que ce serait une contamination ? Attendons avant de juger », signale le boxeur Jean Pascal lorsque joint par La Presse.

Pascal, qui a souvent réclamé que ses adversaires subissent des tests antidopage avant leur combat, estime cependant que l’ampleur du problème en boxe demeure méconnue.

« Sur le ring, on risque notre vie. On se frappe dans le cerveau. Malheureusement, il y a plus de dopage qu’on le pense en boxe. S’il n’y avait pas de dopage, j’aurais peut-être une défaite ou deux de moins à ma fiche. »

— Jean Pascal

Reste à voir ce qu’il adviendra désormais de Bute si l’analyse de l’échantillon B s’avère positive. Il se pourrait que le combat contre Jack soit officiellement considéré comme sans décision plutôt qu’un match nul. Bute pourrait également écoper d’une amende ou d’une suspension.

Mais ce qui risque de lui faire le plus de tort, c’est de voir sa réputation jusque-là impeccable entachée, sans parler de la vive déception chez ses nombreux partisans.

— Avec la collaboration de Gabriel Béland, La Presse

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