À quel prix ?

Déterrer ses racines

La généalogie est une forme d’histoire qui nous touche de près. Des généalogistes peuvent évidemment fouiller pour nous, mais nous pouvons nous réserver le plaisir de la découverte.

« On préfère dire aux gens de faire eux-mêmes leur généalogie, confie Suzanne Galaise, directrice générale de la Société généalogique canadienne-française, mais on comprend qu’ils aient aussi des contraintes de temps. »

Que l’on veuille déterrer ses propres racines ou laisser son passé entre les mains d’un généalogiste, combien coûte un arbre généalogique ?

La lignée

La généalogie ne se limite pas à l’arbre généalogique, loin de là ! Ce serait même la dernière étape à faire pour retrouver ses ancêtres – et aussi la plus longue.

Bien qu’on puisse remonter très loin, on se concentre généralement sur les ancêtres qui ont habité au Québec. Pour une personne dans la cinquantaine, on peut retracer ainsi jusqu’à 14 générations.

« En général, on commence par la lignée patronymique, parce que c’est notre nom, indique Daniel Jaros, généalogiste. Rapidement, on se rend compte que toutes les autres lignées sont intéressantes. Ça aussi, ça fait partie de notre ADN. »

Parmi toutes les découvertes à faire dans le passé familial, la lignée patronymique ou patrilinéaire est la plus simple. Il s’agit de remonter de père en père grâce aux recueils paroissiaux de mariages, ce qui permet de constituer une branche.

On peut aussi remonter de mère en mère, ce qu’on appelle une lignée matrilinéaire ou matriarcale. « C’est la plus sûre ! », affirme Marcel Fournier, généalogiste et recherchiste pour l’émission Qui êtes-vous ? de Radio-Canada. « Quand la femme accouche, on est bien sûr que c’est elle la mère. »

Trouver une lignée prend environ deux heures. Si on désire la faire exécuter par un généalogiste ou une société de généalogie, ça coûte de 75 à 250 $, avec les copies d’actes de mariage.

La lignée ne permet pas de savoir combien d’enfants chaque couple a eu, ou ce qu’ils faisaient dans la vie, à moins que ce ne soit indiqué dans l’acte de mariage. La lignée, c’est le squelette d’une généalogie.

Les gens aiment parfois retracer moins de générations, mais plus de détails personnels. On demande souvent à Daniel Jaros une table de cinq générations, jusqu’aux arrières-arrières-grands-parents. On parle ici davantage de biographie que de généalogie.

« La biographie, c’est la vie des gens, explique Daniel Jaros. La naissance et le décès sont les plus importants pour connaître la période, mais ensuite, on peut aller très loin avec les testaments, les inventaires après décès, les recensements… La biographie devient la chair autour de l’os. »

Daniel Jaros demande 350 $ pour une table de cinq générations avec impression des documents de preuve comme les baptistaires et les actes notariés.

Arbre généalogique complet

L’arbre, ou éventail, prend beaucoup de temps, et c’est pourquoi peu de généalogistes le font. Un arbre généalogique complet de 10 générations peut contenir 1024 noms et prendre des mois à constituer.

Daniel Jaros fait un éventail pour environ 7000 $, si aucune difficulté ne se présente. Le prix varie en fonction du temps passé à l’élaborer et inclut l’impression de l’éventail sur un grand papier, de même que les copies des documents de preuve.

D’autres généalogistes et sociétés de généalogie fonctionnent au taux horaire, qui varie de 30 à 100 $. « Pour un arbre généalogique complet, certains demandent de 1000 à 1500 $, ce qui est à mon avis plus que raisonnable, soutient la généalogiste Sylvie Gauthier. Par contre, d’autres peuvent demander jusqu’à 20 000 $ pour le même travail, mais pas forcément meilleur. »

Déterrer soi-même ses racines

Il est possible, voire préférable, de s’occuper soi-même de sa généalogie. « L’idée, c’est d’avoir le plaisir de la découverte, croit Suzanne Galaise. C’est incroyable de retrouver l’acte de naissance d’une grand-mère qu’on a perdue jeune. Il y a quelque chose d’extraordinaire à savoir d’où vient l’ancêtre. »

Retracer ses générations passées peut toutefois demander beaucoup de temps à un néophyte. Il faut savoir où chercher, comment le faire, et savoir distinguer les bonnes informations des mauvaises.

La société de généalogie

L’aide existe, que ce soit sous forme de document ou sous forme humaine. « La première porte d’entrée, c’est la société de généalogie de notre quartier, » affirme Michel Banville, président de la Fédération québécoise des sociétés de généalogie.

La société de généalogie regroupe les passionnés de généalogie d’un quartier ou d’une ville. Elle sert surtout à encadrer les chercheurs et à leur donner des outils. « Normalement, les sociétés font peu de recherches pour les gens, précise Suzanne Galaise. Elles aident les gens à faire la recherche eux-mêmes. »

L’abonnement annuel de 25 à 45 $ donne accès aux banques de données et à plusieurs logiciels et sites habituellement payants, parfois même de chez soi. Selon la société, des bénévoles aguerris peuvent donner un coup de main, et on peut profiter d’ateliers sur la généalogie.

Par exemple, la Société généalogique canadienne-française de Montréal offre deux heures de formation pour 15 $, ou alors une initiation de huit semaines pour 120 $. Les non-membres ont aussi accès à l’initiation, mais ils devront débourser 140 $.

Logiciels et recherche sur l’internet

La société de généalogie aide aussi à choisir une bonne source plutôt qu’une mauvaise, plus particulièrement sur l’internet. On ne peut pas faire aveuglément confiance aux données trouvées en ligne.

« Les sites ou généalogistes amateurs déposent souvent de l’information incomplète, parfois complètement erronée, déplore Suzanne Galaise. Le site Mes aïeux comporte plusieurs erreurs ! Un employé est chargé de vérifier les informations versées sur le site Mes aïeux. Mais vu la quantité d’information, il ne peut que corriger les erreurs qui lui sont signalées par les utilisateurs. Les gens republient l’information sans vérifier, et on se ramasse avec une multiplication d’informations erronées. Les gens pensent que ça doit être bon s’ils la voient plusieurs fois. Il faut être capable de juger l’information. »

Au moins, les nouvelles technologies dépoussièrent la généalogie et la rendent plus accessible. Il existe certains bons sites de généalogie qui font payer leurs membres, mais qui filtrent et vérifient systématiquement l’information qui y est versée. Toujours selon Mme Galaise, il existe également d’excellents logiciels, comme Brother’s Keeper.

Le site canadien Ancestry.ca demande 119,40 $ par année et BMS2000, 46,18 $ pour 500 bons de consultation, qui diminuent à chaque clic. « Ça coûte de 500 à 600 $ par an si on veut être abonné à tout », estime Suzanne Galaise. Heureusement, c’est moins cher si on est abonné à une société de généalogie – par exemple, 25 $ pour Ancestry.ca avec la Société de généalogie de Québec.

« Avec les technologies et l’accès via internet, on est très efficace en termes de production, se réjouit Daniel Jaros. De temps en temps, on va mettre ses bottes pour aller aux archives nationales quand on a une question ou qu’il nous manque une preuve. »

Les nœuds dans l’arbre

Les archives nationales sont l’option la moins chère pour monter sa généalogie. Il y a un centre dans presque chaque région du Québec, de l’Outaouais à la Gaspésie. « Ça coûte le transport pour y aller, point, souligne Suzanne Galaise. La chance qu’on a au Québec, c’est que 95 % de nos archives existent encore depuis les débuts de la colonie. »

Le Québec a effectivement la chance d’avoir de superbes archives grâce à l’Église catholique. Toutefois, des difficultés peuvent ralentir l’élaboration de l’arbre pour le généalogiste amateur comme pour le professionnel.

Par exemple, les mariages protestants étaient moins bien répertoriés, les Irlandais arrivaient sans papier et les autochtones n’avaient que la tradition orale et pas de document écrit.

« Dans une généalogie complète, il y a souvent des branches qu’on est obligé d’interrompre par épuisement des sources, précise Daniel Jaros. On ne peut pas l’inventer, l’information ! »

Le métier de généalogiste

Au Québec, la Fédération des sociétés de généalogie possède un bureau d’attestation de compétence qui offre depuis quatre ans une certification après examen. Il y a maintenant des maîtres et recherchistes généalogistes agréés par la Fédération, mais le métier n’est pas reconnu comme une profession par le gouvernement.

On peut difficilement vivre de la généalogie au Québec, contrairement à la France, où le métier est reconnu et même enseigné dans un institut.

La généalogie est avant tout une grande passion pour ceux qui la pratiquent. « C’est Tison, votre nom ? demande Daniel Jaros à la fin de l’entrevue. Vous descendez des Tison de Dollard-des-Ormeaux ? »

À quel prix ?

Devenez membre !

Société de généalogie de Québec

Abonnement : 45 $ par année

Lignée : 95 $

Actes notariés ou demandes spéciales : 30 $ de l’heure

Société d’histoire et de généalogie de Verdun

Abonnement : 25 $ par année

Société de généalogie de Longueuil

Abonnement : 35 $ par année

À quel prix ?

Quelques options

Société de généalogie canadienne-française

Abonnement : 45 $ par année, 70 $ pour deux personnes à la même adresse

Lignée : 150 $

Formation de deux heures : 15 $ pour les membres

Initiation à la généalogie : 120 $ (140 $ pour non-membres)

Daniel Jaros

Lignée : 150 $, 250 $ avec le document de preuves

Table cinq générations : 250 $ (350 $ avec les documents)

Généalogie complète : 7000 $

À quel prix ?

Des outils pour la maison

Site Ancestry.ca 

119,40 $ par année

25 $ si on est membre de certaines sociétés de généalogie

Site BMS2000

46,18 $ pour 500 requêtes

Gratuit si on est membre de certaines sociétés de généalogie

BMS (pour Baptême, mariage et sépulture). Ce projet coopératif regroupe des données généalogiques de 24 sociétés de généalogie du Québec.

Logiciels

Heredis pour Windows 2014 : 39,99 euros (environ 60 $) version standard, 129,98 euros (environ 190 $) version pro avec DVD

Heredis pour Mac : 54,99 euros

Heredis pour iPhone ou iPad : gratuit

Brother’s Keeper, pour Windows seulement

45 $ Programme et manuel

Période d’essai gratuite

Guide de généalogie Retracez vos ancêtres

32,95 $, Marcel Fournier, 2009, Éditions de l’Homme

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