OPINION

Les profs doivent s’adapter

Le monde de l’enseignement a bien changé durant les deux dernières décennies. Les classes regorgent maintenant de divertissements, de téléphones cellulaires, d’ordinateurs portables et autres sources de distractions. Certains professeurs sont réfractaires à ces changements.

Pourtant, avons-nous vraiment le choix ? Refuser de s’adapter, c’est en quelque sorte vouloir vivre dans le passé. Qui plus est, à partir de 2014, la majorité des États américains abandonneront l’apprentissage obligatoire des lettres attachées. Pourquoi ? Parce que l’écriture manuscrite disparaît progressivement de la réalité professionnelle et sociale : elle a perdu de son utilité. Ainsi, intégrer l’ordinateur individuel en classe ne semble pas un choix, mais une obligation.

Même si pédagogiquement, les distractions numériques sont parfois nuisibles, cette métamorphose de l’univers des classes demeure une occasion de revoir les méthodes d’enseignement et de les rendre plus interactives.

Si la formation générale doit apprendre aux étudiants à être de bons citoyens, expulser la technologie des classes ou empêcher son entrée créerait un anachronisme volontaire. Les enseignants du primaire et du secondaire devront s’y faire autant que les professeurs de cégep et d’université. L’ordinateur, la tablette et tout autre gadget en classe deviendront une réalité banale dans quelques années.

En 1999, je m’étais opposé comme étudiant à l’obligation d’acheter un ordinateur portable en classe. Bien que l’outil a été fort utile pour mon organisation d’étude, le personnel enseignant ne s’était pas encore adapté à une telle réalité. Il faut dire qu’à l’époque, l’ordinateur portable coûtait plus de 3300 $ (en dollars de 1999 !) et il constituait davantage un outil marketing que pédagogique. Depuis ce temps, les ordinateurs portables et les tablettes sont devenus des outils accessibles. Pour moins de 600 $, on peut se munir d’une machine assez performante pour les besoins scolaires de la majorité des étudiants. De plus, l’accès internet s’est démocratisé et les supports technologiques se sont beaucoup améliorés.

Depuis que HEC Montréal a emboîté le pas en intégrant le portable à ses programmes d’études, plusieurs établissements d’enseignement ont fait de même. Par exemple, le cégep régional de Lanaudière à L’Assomption a intégré l’ordinateur portable en classe dans ses deux programmes de techniques administratives.

Évidemment, on ne passe pas d’un programme papier à un programme numérique en deux clics de souris. On doit mettre en place des ressources matérielles, financières et humaines. Dans ces circonstances, les professeurs deviennent des acteurs de changement ou de résistance. On ne doit plus tenir l’attention des étudiants pour acquise.

Le professeur doit se rendre intéressant, étant en concurrence avec des machines offrant des possibilités infinies d’évasion. Le professeur doit maintenant « occuper les étudiants avant qu’ils ne s’occupent ». À L’Assomption, un sondage a été effectué auprès des étudiants participant au programme avec ordinateur portable. Ceux-ci estiment que l’ordinateur portable contribue à la réussite grâce à une meilleure organisation des documents (100 %), contribue à la prise de notes en classe (89 %) et facilite la rédaction de travaux d’équipe (98 %).

Dans les organisations, il faudra des acteurs de changement prêts à quitter leur confort pour développer du matériel interactif d’apprentissage. Il faudra complètement revoir la manière d’enseigner. Les cours magistraux où les professeurs et enseignants sont rois et maîtres sont chose du passé. Il y a une forte tendance à la démocratisation des études dans les prochaines décennies. Certaines formations pourront s’offrir de façon virtuelle par le biais du web. Ainsi, les institutions qui demeureront dans le XXe siècle créeront indubitablement leur propre perte. Pouvons-nous nous permettre de manquer le bateau ?

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