Chronique

Passe-Remake pour Passe-Partout !

Claire Pimparé, alias Passe-Carreau, a d’abord cru à une blague quand l’Union des artistes lui a révélé que Télé-Québec planchait sur un remake de Passe-Partout, qui aboutira en ondes à l’automne 2019.

« Moi, je ne suis pas une nostalgique et je ne suis pas une fan des remakes en général. Je préfère voir des choses nouvelles. Il y a tellement de talent au Québec et de bons créateurs que je me dis, my God, pourquoi les producteurs n’essaient pas des choses plus osées ? Y avait-il à ce point de la création et de l’imagination à notre époque qu’il n’y en a plus du tout aujourd’hui ? », demande la comédienne qui vient de fêter ses 65 ans.

Claire Pimparé ne souhaite aucun mal aux artisans de ce Passe-Partout ressuscité. « Ça sera peut-être très bon, comme Les pays d’en haut. J’espère juste que les acteurs vont être mieux payés que nous autres », indique-t-elle.

Marie Eykel, l’interprète de Passe-Partout, partage entièrement l’opinion de sa camarade. « Je trouve ça bizarre qu’ils veuillent refaire Passe-Partout. Ç’a été créé pour une époque spécifique, pour répondre à des besoins spécifiques des familles. Ce qui est difficile à reproduire, c’est la magie qui nous unissait. Engagez donc de nouveaux créateurs. C’est plein de jeunes scénaristes et réalisateurs de génie au Québec », m’a confié Marie Eykel, hier.

Quant à Jacques L’Heureux, le joyeux Passe-Montagne, il a préféré ne pas commenter la nouvelle, car il est « passé à autre chose », rappelle son agent, Thomas Graton.

Les populaires comptines reviendront telles quelles dans la relecture de cette émission jeunesse culte. Même chose pour les accrocheuses chansons tant fredonnées depuis 40 ans. Les noms des personnages ne changeront pas non plus. Redites bonjour à Ti-Brin, Fardoche, Cannelle, Pruneau, Perlin, Perline, Grand-Mère, Passe-Montagne, Passe-Carreau et tous les autres.

Non, vous ne verrez pas Tintinabulle ou Giboulé dans cette nouvelle mouture de Passe-Partout. Télé-Québec et les producteurs d’Attraction Images se concentreront sur les 125 émissions de la première génération, qui ont été enregistrées entre 1977 et 1981.

Honnêtement, ce sont les meilleurs épisodes, ce sont les classiques qui ont le mieux vieilli et dont on connaît encore les répliques par cœur. L’arrivée des singes Oran et Outan a fait décrocher bien des poussinots, dont moi.

La marque Passe-Partout appartient toujours à Télé-Québec, tout comme la bible des personnages, les textes et les paroles des chansons, mais pas la musique des ritournelles, qui devra faire l’objet d’une renégociation avec les ayants droit du compositeur Pierre F. Brault, mort en janvier 2014.

« Passe-Partout a marqué l’imaginaire du Québec », note le directeur général des programmes de Télé-Québec, Denis Dubois.

Ce Passe-Partout modernisé, toujours en format quotidien, changera de rythme et conservera les trois blocs qui composaient les épisodes en 1977 : le côté documentaire avec les enfants qui jouaient, les personnages humains et les marionnettes, qui pourraient toutefois se métamorphoser en bonshommes animés. Rien n’a encore été décidé.

Il n’est pas impossible que des sketches de 1977 soient repris intégralement. D’autres subiront une cure de jouvence. Les producteurs épluchent actuellement les scénarios d’époque pour déterminer ce qu’ils gardent, ce qu’ils jettent.

Évidemment, les Marie Eykel, Jacques L’Heureux et Claire Pimparé ne renfileront pas leurs costumes colorés. Télé-Québec embauchera des acteurs plus jeunes. Et il n’est pas exclu que des personnages pivots changent d’origine ethnique. Car on s’entend, le Québec a énormément évolué de 1977 à 2017, notamment au chapitre de la diversité culturelle.

Pour l’instant, Télé-Québec n’envisage pas de codiffuser les épisodes avec Radio-Canada comme dans le bon vieux temps.

Le chandail mystérieux

Première affaire urgente à régler au lendemain du gala des Gémeaux : qui apparaissait donc sur la photo en noir et blanc imprimée sur le chandail de Jean-Philippe Wauthier ?

Nous avons été plusieurs à penser qu’il s’agissait d’un message politique ou d’un hommage à une personne disparue. Eh bien non. Le mystérieux visage qui a enflammé les réseaux sociaux était celui d’une jeune autochtone inconnue, qui a vécu à la fin du XIXe siècle.

Ce pull griffé Givenchy enfilé par Wauthier (et Pierre Marcotte, ne l’oublions pas) fait partie de la collection automnale imaginée par le designer Riccardo Tisci, qui a puisé son inspiration dans une série de photos de femmes autochtones vêtues de robes victoriennes. Ce chandail de luxe vaut 860 $, avant les taxes.

Deuxième truc : qu’est-ce qui a donc provoqué ces irritantes coupures de son dans les 15 premières minutes du gala ? Selon Radio-Canada, c’est un problème de transmission à la régie centrale qui a bousillé le monologue d’ouverture.

Troisième point : parlons du système de climatisation de la Place des Arts, qui était défectueux et qui a fait suer bien des gens – dans tous les sens du terme. « Dans la salle, un public écrasé par la chaleur, ça réagit moins bien », constate la directrice générale de la télévision de Radio-Canada, Dominique Chaloult.

Malgré les pépins techniques, la patronne s’est dite « super satisfaite de la prestation de ses deux animateurs ». Au point où elle leur a proposé de reprendre les manettes pour la troisième fois en 2018. « Ce sera à eux de voir s’ils veulent revenir », glisse Dominique Chaloult.

Dans les coulisses, on entend que TVA songerait à se retirer des Gémeaux. Présent dimanche soir, le président et chef de la direction de Québecor, Pierre Karl Péladeau, a quitté la Place des Arts bien avant la fin de la cérémonie.

Avec la tension qui règne entre les différents empires médiatiques, jumelée à une récolte famélique de trophées par les émissions de TVA dimanche, ça ne m’étonnerait pas que l’industrie du petit écran vive un nouveau schisme.

Aucune blague sur PKP n’a d’ailleurs été prononcée pendant toute la durée de la fête, question de ne pas souffler sur les braises.

Ce 32e gala des Gémeaux a été regardé par 1 135 000 téléphages, une hausse de 70 000 par rapport à l’an passé.

Nouveautés qui cartonnent

Très bon départ du nouveau magazine L’indice McSween à Télé-Québec, qui a été suivi jeudi soir par 228 000 téléspectateurs. Dans la même case horaire, Infoman de Radio-Canada a baissé à 454 000 fidèles et J.E. à TVA a retenu l’attention de 516 000 curieux.

Je ne suis pas le plus grand fan de l’humour potache de l’animateur et comptable Pierre-Yves McSween, mais le contenu de son émission est solide, intelligent et intéressant.

Vendredi soir, Ici on chante (543 000) de Véronic DiCaire a battu le gala Juste pour rire de TVA (469 000).

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