ARCHITECTURE

Culte du corps au spa... dans une église

De l’extérieur, il est difficile de croire que le sanctuaire du Rosaire et de Saint-Jude, à l'angle de Saint-Denis et de Duluth, change de vocation. Et pour cause : la façade originale composée de brique et d’acier a été conservée presque telle quelle.

«C’était important de garder l'intégrité de la structure datant de 1905, soutient l’architecte Thomas Balaban, responsable du projet. Dès le départ, on voulait que le projet s'intègre à la vie quotidienne du quartier. D’un point de vue écologique, c’est également beaucoup plus logique de s’approprier les structures vides existantes que de démolir et de construire à neuf.»

L'entrée de l’église, légèrement repoussée vers l’intérieur, est l’élément le plus modifié. Les portes d’origine ont également été remplacées par du verre recouvert d'une résille en bois.

À l’intérieur, la palette de matières trouve un équilibre entre des surfaces minérales (pierre, béton et acier) et des éléments plus chaleureux (bois et végétation). La structure de l’église originale reste omniprésente.

Nouveaux rituels 

Concevoir un spa dans une église est assez particulier. Il est donc inévitable que la structure soit une grande source d'inspiration pour la conception. Selon l’architecte, le «rituel» d’hydrothérapie s'intègre notamment bien avec la structure de l’église qui a été construite à l’origine pour une tout autre sorte de rituel.

«Même si c’est un grand espace vide, la structure de l’église, avec ses grandes fenêtres, ses arches et sa voûte, pousse la configuration des nouveaux espaces dans une certaine direction», dit Thomas Balaban.

Si l’église l’a inspiré (les salles de massage se retrouvent par exemple en lieu et place de l’autel), pas de réclusion dans les nouveaux lieux. Les espaces sont conçus pour favoriser les rencontres et les interactions sociales.

Le plafond et les fenêtres sont les éléments architecturaux d'origine qui sont les plus présents dans le nouveau design. «Nous avons essayé autant que possible de percer des vues d'un espace à l’autre pour avoir toujours accès à la lumière, même quand on est dans le milieu du bâtiment», explique l’architecte.

L’intérieur est divisé en deux niveaux qui permettent une vue continue sur la voûte. Les fenêtres deviennent quant à elles un élément focal. Les escaliers, les couloirs et les espaces communs sont tous orientés vers les fenêtres.

Plusieurs services 

Le projet de 8 millions comprend un spa nordique, des bains d’hydrothérapie combinés avec un sauna et un hammam, un centre d’entraînement physique et un centre de soins corporels. Des cours de yoga et d'autres disciplines seront aussi donnés sur place, et le tout fonctionnera presque 24 heures sur 24.

L'agrandissement largement vitré – qui remplace l’ancien garage adjacent – abrite pour sa part un restaurant, dont la terrasse sur le toit fait le pont entre le bâtiment et les piscines d'hydrothérapie à l’arrière de l’édifice.

Déjà un prix

La construction du spa Le Saint-Jude a commencé officiellement en juin dernier et l’ouverture est prévue au printemps. Le projet a par contre déjà conquis le magazine Canadian Architect, qui lui a décerné un prix d’excellence en 2012. 

Il reste à voir si saint Jude, patron des causes désespérées, veillera sur vous et vous aidera à garder la forme.

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