Les baby-boomers champions des antidépresseurs

Les baby-boomers prennent davantage d’antidépresseurs que les personnes âgées, selon une nouvelle étude dévoilée hier au congrès de l’Association francophone pour le savoir (ACFAS). Cela pourrait diminuer la prise de benzodiazépines, associées aux chutes au troisième âge.

« Les benzodiazépines, une catégorie qui inclut l’activan, le valium et le clonazepam, sont utilisés pour les troubles d’anxiété et l’insomnie, explique Guy Beauchamp, pharmacologiste à l’Université du Québec en Outaouais et auteur principal de l’étude. Chez les personnes âgées qui se lèvent la nuit pour aller à la salle de bains, ça peut causer des problèmes de coordination et des mauvaises chutes. L’Association de gérontologie américaine a suggéré de les éviter. C’est pour ça que le changement qu’on observe chez les baby-boomers, des benzodiazépines vers les antidépresseurs pour traiter l’anxiété, est particulièrement intéressant. »

UNE PREMIÈRE

Ce genre d’analyse n’avait jamais été fait, selon M. Beauchamp, qui a épluché les données d’une enquête de Statistique Canada couvrant les années 2000 à 2010. Il veut maintenant étudier la trajectoire des patients qui prennent des benzodiazépines, pour voir quelle proportion finit par en faire un usage chronique et combien passent plutôt aux antidépresseurs. L’étude n’a pas encore été publiée dans une revue avec comité de révision.

PROPORTION DE LA POPULATION QUI PREND UN MÉDICAMENT

Benzodiazépines Antidépresseurs

Personnes âgées 14 % 8 %

Baby-boomers 10 % 10 %

Adultes plus jeunes 8 % 8 %

Source : Université du Québec en Outaouais

LIEN AVEC LA CIGARETTE

43 % des baby-boomers qui prennent des benzodiazépines fument

24 % des personnes âgées qui prennent des benzodiazépines fument

32 % des adultes plus jeunes qui prennent des benzodiazépines fument

Source : Université du Québec en Outaouais

LE MYSTÈRE POSTSECONDAIRE

Les baby-boomers qui prennent des benzodiazépines ont des caractéristiques différentes des autres adultes : ils fument davantage et ont plus souvent fait des études postsecondaires (41 %, contre de 29 % à 30 % pour les adultes plus vieux ou plus jeunes). « Généralement, les gens qui fument, prennent plus d’alcool et font moins d’exercice ont plus souvent des problèmes de sommeil, explique M. Beauchamp. Mais pour ce qui est des études postsecondaires, la différence chez les baby-boomers est mystérieuse. »

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