Point de vue Christiane Germain, coprésidente du Groupe Germain Hospitalité

Le défi n’est pas d’investir, mais de s’investir

Je suis de celles qui croient qu’une entreprise socialement responsable doit impérativement exercer ses activités d’une manière durable sur les plans économique, social et environnemental.

À mon sens, toute société doit tisser des liens étroits avec la collectivité qui l’entoure et se préoccuper activement de son bien-être. Le succès d’une entreprise repose justement sur les liens qu’elle entretient avec ses clients, ses employés, ses fournisseurs, bref, avec toute la communauté dans laquelle elle évolue.

Or, ces liens impliquent aussi des responsabilités.

Les études sur les habitudes d’engagement communautaire foisonnent au Canada. La plus récente étude de l’Institut Fraser sur cette question indique que le Québec arrive bon dernier, après les autres provinces et territoires, en matière de dons.

Cités récemment dans La Presse+, Sylvain Lefèvre, professeur à l’École des sciences de la gestion de l’UQAM et spécialiste de la philanthropie au Québec, et Yvan Comeau, titulaire de la Chaire sur la culture philanthropique de l’Université Laval, expliquent cette moins grande générosité des Québécois sur le plan des dons en argent par un certain nombre de facteurs, notamment la culture religieuse, où l’Église est l’institution qui « s’occupe » des démunis et l’intervention plus dynamique de l’État, qui tend à diminuer les inégalités.

Cependant, si les Québécois font moins de dons en argent qu’ailleurs au pays, ces mêmes chercheurs indiquent que leur engagement en temps à diverses causes représente 372 millions d’heures annuellement, une somme de près de 4 milliards de dollars. L’engagement des Québécois en temps est considérable et franchement réjouissant. Nous pouvons reprendre à notre profit un proverbe de culture protestante : Time is money.

La part des entreprises

Du côté des entreprises, bien que les études démontrent qu’elles font leur part, la question est de savoir si elles mettent véritablement leur capital humain au service des causes qu’elles soutiennent. De mon point de vue, ce serait toute la différence. Il est évidemment primordial que les entreprises s’engagent dans les communautés où elles évoluent, mais ce serait formidable que leurs directions s’engagent personnellement, ouvrant ainsi la voie à leurs employés. Un rêve ? Peut-être. Mais c’est celui que je chéris.

D’un engagement social, on attend la contribution du meilleur de soi-même. L’entrepreneur se signale habituellement par ses qualités de leader, de visionnaire et de fonceur – toutes qualités dont une cause, quelle qu’elle soit, saura tirer profit. Il peut sans doute prêter son expertise, mais il peut certainement donner un exemple. Davantage que de l’argent, il donne ainsi un peu de son souffle.

Et côté souffle, je peux vous assurer que j’ai payé de ma personne !

J’ai appuyé la cinquième édition du Grand défi Pierre Lavoie, un défi qui vise à encourager un mode de vie actif et à amasser des fonds au profit de la recherche médicale sur les maladies orphelines. Après d’innombrables heures d’entraînement, j’ai enfourché mon vélo – avec ma famille, des membres de la direction et des employés de Groupe Germain Hospitalité – pour pédaler pendant 60 heures afin de parcourir les 1000 km entre le Saguenay–Lac-Saint-Jean et Montréal.

Je dois vous avouer que le « Défi » porte très bien son nom. Nous avons tous travaillé extrêmement fort pour nous préparer à pédaler aux côtés de pairs et d’athlètes chevronnés… mais quelle expérience !

Cette année, l’équipe des Hôtels ALT relèvera à nouveau ce défi, et nos employés participeront au Grand Défi Entreprise de Pierre Lavoie. Le cercle s’élargit…

Mes engagements personnels et ceux de notre entreprise sont nombreux et je souhaite continuer sur cette lancée, car pour moi, donner est en soi plus enrichissant que recevoir. J’ai aussi l’espoir qu’en m’engageant personnellement et professionnellement dans ma communauté, je puisse faire une différence et inciter mes pairs à emboîter le pas. C’est ma conviction et j’espère que ma fille Marie Pier et ma petite-fille Margot pourront elles aussi porter fièrement cet héritage familial.

Laisser un héritage…

Outre mon vélo, j’enfourche d’autres causes.

Je réserve mon prochain défi à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont (HMR), dont j’ai accepté de coprésider la prochaine campagne de financement. Encore une fois, cet engagement va bien au-delà de l’argent, car je compte m’y donner sans compter pour permettre à la population de l’est de Montréal de continuer de profiter d’un centre de santé de haut niveau.

Affilié à l’Université de Montréal, l’HMR forme plus de 4000 étudiants et stagiaires annuellement, ce qui en fait l’un des plus grands centres d’apprentissage axés sur la simulation au Québec. Cet hôpital est également le plus gros employeur de l’est de Montréal avec ses 5500 employés et médecins.

Ma mère m’a toujours encouragée à « donner l’exemple » auprès de nos employés. Il s’agit de mon héritage familial. Celui-là même qui m’incite à m’engager activement auprès de causes qui me sont chères et à partager mon temps, mes biens et mes acquis au service de la communauté. Un héritage qui, je l’espère, réussira à inspirer mon équipe, mon entourage et, pourquoi pas, d’autres chefs d’entreprise à emprunter la même voie et à multiplier l’impact pour notre société.

À chacun sa manière. À chacun sa cause. Mais chacun peut payer un peu de sa personne.

Ça vaut la peine d’y investir et de s’y investir.

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