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Quand les scientifiques font de l’art

L’objectif des scientifiques est de comprendre le monde. Mais il arrive qu’en le sondant et en l’observant, ils tombent sur des scènes qui frappent par leur beauté ou leur aspect étonnant. L’Association francophone pour le savoir (ACFAS) est partie à la recherche des plus beaux clichés scientifiques croqués au Québec dans le cadre de son concours « La preuve par l’image ». La Presse vous présente quelques-unes de ces œuvres signées autant par des biologistes et des chimistes que des physiciens et des ingénieurs.

Des étoiles dans les yeux

Cette œuvre d’art contemporain est le produit de la nature, ou presque… Il s’agit d’une raie épineuse soumise à des colorations chimiques. Les cartilages sont en bleu alors que les structures minéralisées, comme les écailles, sont en rouge. À nos yeux de profanes, elles ressemblent à des étoiles. Mais pour le chercheur, de telles images permettent de mieux comprendre le développement du squelette de la raie, et même du nôtre. Comme quoi, la beauté peut aussi être au service de la science.

Distance entre les limites externes des globes oculaires (yeux) : 1,5 cm

— Cyrena Riley et Richard Cloutier

Attaque tumorale au câblage cérébral

Fidèles à leur mission première, les fibres nerveuses de matière blanche se réorganisent autour d’une tumeur maligne pour assurer la connexion entre les différentes aires fonctionnelles du cerveau. Ce foisonnement de fibres qui entoure la tumeur posera toutefois un défi de taille au neurochirurgien. Pas facile pour lui de retirer la tumeur sans trop affecter les fonctions neurologiques. C’est pourquoi l’imagerie par résonance magnétique de diffusion lui sera si précieuse en lui permettant de visualiser le câblage cérébral.

— Maxime Chamberland

Machine à voyager dans le temps

Fossilisé dans les sédiments du golfe du Mexique, ce minuscule organisme planctonique – un kyste de dinoflagellé – contient de précieuses informations sur des époques qui s’échelonnent sur plus de 120 000 ans. Tel un voyageur revenu du passé, il permet de mesurer l’évolution de certaines conditions environnementales, comme la température et la salinité des eaux de surface. Des données cruciales pour les scientifiques qui, par exemple, cherchent à identifier les facteurs favorables au développement de ces fameuses marées rouges qui menacent la santé des écosystèmes marins.

Taille : 40 micromètres

— Audrey Limoges

La vérité sort de la plume des enfants

Une chercheuse en psychologie sociale s’est penchée sur le sort des enfants de quartiers marginalisés au Mexique. Invités à dessiner ce qu’ils n’aimaient pas de leur vie et à imaginer des solutions, ces jeunes ont illustré de manière saisissante la violence qui les entourait. Ce dessin d’un jeune garçon reflète parfaitement les résultats de la recherche. Les enfants se perçoivent comme partie intégrante de la violence quotidienne, mais ils peuvent très bien imaginer qu’un monde meilleur est possible.

— Guitté Hartog

Ceci n’est pas un chou-fleur

Dans la petite image, en mortaise, on voit bien sûr un chou-fleur. Mais la photo prise au microscope électronique montre plutôt la surface d’un alliage de platine-étain en fausse couleur. Cette texture de surface résulte d’une méthode par ablation au laser, ce qui confère à ce nouveau matériau d’excellentes propriétés électrocatalytiques. Il pourrait ainsi être utilisé dans des piles à combustible alimentées à l’éthanol pour générer de l’électricité. Voilà une percée tout aussi appétissante qu’électrisante.

— Amel Tabet-Aoul et Mohamed Mohamedi

Contempler les astres au microscope

Moins connus que les neurones, les astrocytes sont pourtant les cellules les plus abondantes du cerveau. Ils jouent plusieurs rôles structurels et métaboliques essentiels. Ils participent aussi à la transmission synaptique et à la régulation des neurotransmetteurs. Afin de les distinguer des neurones, on utilise un marqueur fluorescent qui s’attache à une protéine qui leur est spécifique, ce qui permet de révéler leur belle forme étoilée.

Longueur moyenne d’un astrocyte : 100 micromètres

— Étienne Labrie-Dion

Quel âge as-tu, jeune anguille ?

L’étude des petits pigments sur la tête et le corps de cette jeune anguille – encore au stade de civelle – nous renseigne non seulement sur son âge, mais aussi sur l’impact des changements climatiques. On sait que les larves d’anguilles doivent réaliser l’immense traversée de l’océan Atlantique avant de se métamorphoser en civelles une fois près des côtes. Mais si leur périple devient plus difficile, tout porte à croire, selon l’hypothèse des chercheurs, que les anguilles arrivant à bon port seront plus âgées. À suivre…

Longueur moyenne d’une civelle : 60 mm

— Mélanie Gaillard

Suivi à la trace

Tiriganniaq, c’est le nom du renard arctique en inuktitut. Celui-ci vit sur l’île Bylot, au Nunavut. L’été, les biologistes l’observent de visu, mais l’hiver, c’est quasi impossible. Cependant, grâce à la technologie des colliers émetteurs, les chercheurs le suivent désormais en temps réel, directement du confort de leurs bureaux pourtant situés à des milliers de kilomètres plus au sud. Une vingtaine de spécimens sont ainsi épiés à distance, ce qui permet de récolter de précises et précieuses informations sur leurs habitudes de vie hivernales.

— Marie-Jeanne Rioux

Le chant de la cymbale

Est-ce une soucoupe volante ? Un sombrero psychédélique ? Non. La fantomatique image qui flotte au-dessus de cette cymbale est un hologramme acoustique. Autrement dit, c’est la représentation en trois dimensions des ondes sonores générées par la cymbale à un instant donné. Capté par plusieurs microphones haute résolution, juste après l’impact de la baguette, ce signal acoustique a ensuite été traité par ordinateur. Résultat : on obtient une « image sonore » du chant de la cymbale.

— Jean-Michel Attendu et Jeremy Pinto

Flocon de graphène

Si chaque flocon de neige est unique, que dire de celui-ci ? C’est qu’il est constitué de graphène, un cristal de carbone qui n’a qu’un seul atome d’épaisseur. Cette structure bidimensionnelle pourtant simple lui confère des propriétés exceptionnelles : plus résistant que l’acier, meilleur conducteur que le cuivre, transparent, flexible, imperméable… Toutes ces caractéristiques le promettent à de fabuleuses applications technologiques. Mais il faudra d’abord en maîtriser les procédés de fabrication à l’échelle industrielle pour qu’il sorte enfin du laboratoire.

Taille du flocon : 30 micromètres

— Mathieu Massicotte

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