Grand angle

Bori au secours des grands floués

La version courte… En juin 2013, après huit mois de négociations et de vérifications, Edgar Bori et sa compagne-associée Cathie Bonnet vendent leur boîte, les Productions de l’onde, au producteur Nicolas Asselin et à son associé Steve Desgagné, un diplômé de Harvard qui travaille chez Bell. Pour 120 000 $, dûment payés : tout est beau.

« Je viens d’avoir 60 ans », nous disait Edgar Bori cette semaine. « Après 20 ans dans la business, je voulais m’éloigner de la cuisine pour me consacrer à mes projets personnels… » Comme lancer trois CD en un an : Ballades, le bien nommé Malade et Salade. Le petit dernier voit toutefois sa sortie retardée sinon compromise quand, en octobre, Bori apprend que ses anciens employés, artistes, artisans et fournisseurs n’ont pas été payés depuis des semaines, le loyer non plus.

Sous le chapeau pseudo-coopératif de La Boîte à musique, Asselin avait lancé le RIME – Regroupement indépendant de la musique émergente – qui offrait des spectacles clé en main aux petites communautés québécoises n’ayant pas de salle de spectacle. En couplant des artistes connus – Daniel Boucher, Yves Lambert, Dumas – à des jeunes de la relève.

Les chèques se promènent, mais arrivent systématiquement à la banque sans que les fonds y soient pour les honorer. On croit rêver : la maison du tandem Asselin-Desgagné s’appelait NSF Productions… Les tournées sont suspendues. Au milieu d’octobre, Asselin disparaît. Avec la petite caisse. On apprend bientôt qu’il serait au Maroc et qu’Interpol aimerait lui parler pour d’autres affaires…

Bori décide alors de reprendre sa boîte. Avec les dettes qui viennent avec, comme le veut la loi. Valeur totale du rouge : autour de 400 000 $. Pourquoi il fait ça ? « Parce que je voulais essayer de rembourser tous ces gens qui travaillent de bonne foi pour faire avancer la chanson. Ils sont une soixantaine et je les appelle les grands floués. Les Productions de l’onde n’ont jamais eu de gros budgets, mais on a toujours payé notre monde et survécu en gérant serré. Jamais connu un seul problème de ce côté. Jamais ! Et on a réussi à lancer de jeunes artistes comme Catherine Major, Gaële, Guillaume Arsenault, Bon Débarras… »

Bori obtient des sursis et lance bientôt une campagne de financement public (crowdfunding, sur kapipal.com) qui a rapporté jusqu’à maintenant – de 500 donateurs – 36 000 $. Avec cette somme, Bori a remboursé les « floués » qui participaient à des projets appuyés par Musicaction, l’organisme égalant la mise du producteur (36 000 $ x 2). Bori a mis 8000 $ de sa poche et voilà 80 000 $ de remboursés. Il reste 300 000 $…

Fort de l’appui des organismes publics et des professionnels qui l’entourent, Bori relance la campagne à laquelle il reste deux mois. Pour l’aider, Paul Gauthier de LG2 met gratuitement à contribution son agence de publicité et on verra bientôt des clips de 30 secondes tournés avec des « floués ». Objectif : 300 000 fois 1 $ ou 30 000 fois 10 $… Bori aimerait aller faire ses calculs à Tout le monde en parle, l’émission des gros chiffres… Guillat ?

Edgar Bori a sorti sa trilogie de quatre CD – « comme les trois mousquetaires… » – et il chante au Lion d’or le 23 avril et peut-être aussi le 24. Entre-temps, il continue sa quête, sans porter d’accusation, s’engageant simplement dans ce qu’il croit être la voie de la justice.

VIRAGE JEUNESSE AU CAM

Tout indique que Jan-Fryderyk Pleszczynski sera nommé de façon permanente à la présidence du Conseil des arts de Montréal. Avocat de formation évoluant
dans les industries créatives de pointe (Digital Dimension & Meduzarts, etc.), M. Pleszczynski – prononcé pleytchinski – assure l’intérim depuis la démission, en novembre 2013, du sénateur Charles Lapointe, à la suite d’accusations de « mauvaise utilisation des fonds publics » du temps où il dirigeait Tourisme Montréal.

Ancien président de la Jeune Chambre de commerce de Montréal, Jan-Fryderyk Pleszczynski a toujours été très actif dans la cité, tant dans le secteur des arts que dans la vie communautaire. L’annonce de sa nomination – qui officialise le virage jeunesse, et business, du CAM – pourrait être faite mardi prochain, lors du banquet du 29e Grand Prix du Conseil des arts de Montréal, fondé en 1956.

PORTEZ À VOTRE AGENDA

Musique de véranda – Paul Deslauriers, qui lançait hier au Bistro à Jojo le CD du Paul Deslauriers Band, est à Repentigny ce soir avec sa comparse Dawn Tyler Watson pour la clôture du Week-end Jazz au féminin ; au CFP des Riverains de la rue Valmont à 20 h.

Musique de tête – Après la journée d’étude « Portraits de Denis Gougeon » qui se tiendra le jour même, solistes et ensembles de la faculté de musique de l’Université de Montréal présentent un concert hommage au compositeur qu’honore cette saison la Société de musique contemporaine du Québec ; mercredi, 19 h 30, à la salle Claude-Champagne.

Musique de club – Le Big Band de l’UdeM (directeur artistique : Ron Di Lauro) accueille le compositeur et arrangeur new-yorkais Michael Abene pour un concert dans lequel une dizaine de professeurs – les Alarie, Trottier, Pucci, Brochu – viendront ajouter une ou deux notes de virtuosité dans l’interprétation des classiques du jazz ; jeudi, 19 h 30, à la salle Claude-Champagne.

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