Le Canadien

Le « premier match en revenant » : mythe ou réalité ?

« En général, on s’est bien débrouillés. On revenait d’un long voyage. » Claude Julien a expliqué la défaite de mardi du Canadien de bien des façons, mais une de ses explications était bien connue. Le Tricolore disputait un premier match à domicile après un voyage de quatre rencontres en dix jours. Le prédécesseur de Julien, Michel Therrien, évoquait souvent lui aussi cet argument. Qu’en est-il dans la réalité ? Épreuve des faits.

Méthodologie

Pour cette étude, seuls les voyages de quatre matchs et plus ont été retenus. Nous avons cependant exclu les voyages au cours desquels l’équipe a eu le temps de rentrer à la maison pour quelques jours, que ce soit pour la pause de Noël, celle du match des Étoiles ou pour la semaine de relâche. En fait, dans ces cas, on remettait le compteur à zéro. Ainsi, le voyage de sept matchs du CH pendant les fêtes n’a pas été comptabilisé, puisque l’équipe était revenue à Montréal après le premier match (pour Noël), de même qu’entre les quatrième et cinquième matchs (disputés le 31 décembre à Pittsburgh et le 3 janvier à Nashville). Nous nous sommes limités à l’analyse de la présente saison.

Le corpus

En épluchant le calendrier de chacune des 30 équipes de la LNH, nous en sommes donc arrivés à un total de 53 matchs qui répondaient à nos critères, parmi les 1030 déjà disputés cette saison (avant les rencontres d’hier). Les Panthers de la Floride, une des équipes les plus isolées géographiquement, sont les plus représentés, avec cinq matchs de la sorte. Ils sont suivis des Sharks de San Jose, avec quatre. Trois équipes n’ont disputé aucun match satisfaisant à nos critères : les Sabres, les Flyers et les Penguins.

Les résultats

À leur retour à la maison, les équipes ont donc compilé une fiche de 28-16-9, soit au total 65 points. Au chapitre du pourcentage de victoires, les 28 victoires en 53 matchs sont un brin inférieures à la moyenne des équipes de la LNH à domicile cette saison. Par contre, le pourcentage de points demeure semblable. Dans neuf cas, l’équipe a souligné son retour à la maison en l’emportant pour un écart de trois buts ou plus. Seules trois équipes ont subi une défaite aussi cuisante.

À Montréal et ailleurs

Chez le Canadien, deux matchs ont été compilés : la victoire de 5-2 contre les Devils le 8 décembre, après un voyage de cinq matchs à Detroit, en Californie et à St. Louis. L’autre duel était celui de mardi contre Chicago, après le périple dans l’Ouest canadien. Avec une fiche de 1-4-0, les Panthers doivent trouver que le mythe du retour à la maison est fondé sur des assises empiriques. À l’inverse, les Sharks de San Jose (3-0-1) et les Canucks de Vancouver (3-0-0) ont excellé quand ils ont renoué avec leurs partisans.

L’explication

Certains disent que c’est en raison du décalage horaire. D’autres que c’est plutôt parce que les joueurs – en particulier les pères de famille – doivent composer avec les responsabilités parentales accrues après une longue absence de la maison. Pourquoi donc ce premier match à domicile suscite-t-il autant de doutes ? Nous avons posé la question à l’ancien gardien Marc Denis. « De mon côté, la vie de famille ne posait pas problème, assure l’analyste des matchs du Canadien à RDS. C’était surtout le décalage. À mon passage à Columbus, les Blue Jackets jouaient dans l’Ouest, donc on jouait plusieurs matchs à l’étranger dans un autre fuseau horaire. Si tu as deux jours complets en revenant de voyage, ça peut aller. Mais la situation du Canadien, qui jouait 36 heures après être revenu, n’était pas idéale. Les athlètes ont leur routine et tu n’as pas le temps de la retrouver. L’autre chose qui est difficile, c’est quand l’autre équipe t’attend à la maison, car elle ne sent déjà plus les effets du décalage. » Le 3 avril prochain, les Panthers accueilleront le Canadien après avoir disputé quatre matchs de suite à l’étranger. Ils arriveront cependant de Boston et n’auront donc pas à composer avec le décalage.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.