RUE SAINT-JACQUES

Fermeture d’un tronçon jusqu’en 2017

Le MTQ procédera aujourd’hui à la fermeture d’un tronçon de la rue Saint-Jacques pour une période de deux ans, entre l’avenue Girouard et le boulevard Décarie, dans l’ouest de Montréal. Un chemin sera balisé pour passer d’un côté à l’autre de l’autoroute Décarie. Le pont qui enjambe aujourd’hui la rue Saint-Jacques sera démoli et reconstruit à partir de l’an prochain. Jusqu’à la fin de 2015, les piétons pourront passer d’un côté à l’autre de l’autoroute par le pont Saint-Jacques et la circulation automobile locale sera permise sur la rue Addington, l’avenue Prud’homme et le boulevard Décarie. Le nouveau pont doit être inauguré à l’automne 2017. — Bruno Bisson, La Presse

Environnement

Fragmenter une forêt affecte sa biodiversité, confirme une étude

Les biologistes le soupçonnaient depuis longtemps, mais pour la première fois, une synthèse internationale le confirme : construire des routes, faire des coupes forestières ou créer des champs et de nouveaux quartiers dans une forêt réduit le nombre d’espèces qui y vivent.

« [On a observé] différents endroits, des parcelles de tailles différentes, différentes plantes et différents animaux. Ce qui est remarquable, c’est la similitude des effets », a expliqué en entrevue à La Presse Nick Haddad, professeur de biologie à l’Université d’État de Caroline-du-Nord et auteur principal de la recherche.

L’étude est publiée dans la revue spécialisée Science Advances, de l’Association américaine pour l’avancement des sciences.

Les expériences dont on a fait la synthèse se déroulent sur cinq continents. La plus ancienne a démarré au Brésil il y a 35 ans. En tout, ces expériences ont donné lieu à la publication de 76 recherches au fil des ans.

Dans ces expériences, on compare des parcelles forestières isolées à d’autres qui sont demeurées enclavées dans la forêt originelle.

On y mesure trois facteurs qui influent sur la biodiversité : la taille de la parcelle, son isolement et l’effet de bordure, soit le fait d’être près de la nouvelle limite de forêt.

DES IMPACTS « FORTS, CONSTANTS ET CUMULATIFS »

Le constat est sans appel. Ces trois facteurs se combinent pour produire des impacts « forts, constants et cumulatifs ».

Par exemple, la proximité d’une bordure fait augmenter la prédation chez les oisillons, ce qui a un impact sur les populations d’oiseaux.

La perte de biodiversité s’observe à l’échelle des écosystèmes, qui deviennent moins performants. On note à cet égard que les habitats fragmentés absorbent moins de carbone atmosphérique.

Et l’impact négatif continue de se faire sentir des décennies plus tard. Dans une expérience au Kansas, on a observé un délai de 12 ans avant l’apparition de la perte de biodiversité chez les plantes.

70 %

La fragmentation des habitats touche 70 % de toutes les forêts restantes de la planète, selon les chercheurs, qui ont analysé pour la première fois des données satellitaires à haute résolution.

En d’autres termes, 70 % de la surface des forêts actuelles se trouve à 1 km ou moins d’une bordure. Et 20 % se trouve à 100 m ou moins d’une bordure.

« Il ne reste que deux gros blocs de forêts non fragmentées, affirme M. Haddad : l’Amazonie et le bassin du Congo. »

Selon Yves Bergeron, professeur à l’UQAT et titulaire de la Chaire industrielle en aménagement forestier durable, les conclusions de la recherche ne s’appliquent pas directement à la forêt boréale.

« En comparaison d’autres forêts, la forêt boréale est naturellement fragmentée par les feux, dit-il. Cependant, il faut s’inquiéter de l’ampleur de la fragmentation, si on ajoute les coupes forestières aux feux. Les coupes en forêt actuelles excèdent souvent en importance les feux observés en milieux naturels, et dans plusieurs régions, les deux phénomènes s’additionnent, ce qui crée une fragmentation plus grande que celle observée dans les écosystèmes naturels. »

La recherche aura des implications pour la planification urbaine et agricole, affirme M. Haddad. On cherchera à préserver des corridors entre des milieux forestiers, une pratique déjà prônée par les écologistes et qui reçoit maintenant une confirmation scientifique.

Andrew Gonzalez, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en science de la biodiversité, à l’Université McGill, est l’un des coauteurs de la recherche. Il croit qu’il faudra redoubler d’efforts dans la région de Montréal pour regagner du couvert forestier.

« Notre paysage forestier est très lourdement fragmenté, dit-il. Il faut replanter, soit dans la zone agricole par agroforesterie, soit dans des zones de conservation. Il faut recréer des corridors verts. »

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