Famille

Bien manger avec un budget serré

Une part gourmande de notre budget est consacrée à la nourriture. En 2017, l’alimentation occupait près de 12 % du revenu des familles québécoises, sans compter l’alcool. Et le prix du panier d’épicerie ne cesse de croître. Comment réduire sa facture ou éviter qu’elle n’augmente ? Notre journaliste s’est penchée sur la question.

UN DOSSIER D'ISABELLE MORIN

Trucs pour réduire sa facture d’épicerie

Comment faire plus avec moins ? C’est la question que plusieurs se posent, par nécessité ou par choix. Il y a toutefois moyen de bien manger avec un budget serré, comme le démontrent ces conseils et astuces de consommatrices averties.

Savoir ce qu’on mange (et à quel prix)

Après l’accident de travail de son mari, Jessica Laflamme, alors en congé de maternité, a fait face à la nécessité de faire vivre sa famille avec un seul salaire réduit de moitié. « J’ai réalisé que manger me coûtait vraiment cher », raconte cette maman de trois jeunes enfants. Elle s’est donc mise à tenir un registre serré de ses dépenses. Les aubaines, elle s’y connaît ! Chaque semaine, elle les recense d’ailleurs sur son site, L’ÉcoFam.

« Il faut commencer par connaître le prix des aliments qu’on a l’habitude de cuisiner. Moi, j’achète souvent des filets de porc. Au plein prix, on peut aller jusqu’à 7 $ la livre. Quand on les prend en rabais, ils sont à 2,99 $. »

S’éduquer à cuisiner

Pour réduire ses dépenses, Béatrice Bernard-Poulin a développé différentes stratégies qu’elle expose dans son livre Vivre mieux avec moins et sur son blogue Béatrice (anciennement Eille la cheap !). Pour s’encourager à manger à la maison, la jeune femme se fixe des règles : les soupers de semaine ne doivent pas prendre plus de 30 minutes à préparer ; les lunchs, 15 minutes au maximum. On ne s’en sort pas : pour réduire sa facture d’épicerie, il faut cuisiner, estime Olga Cherezova, de l’Association coopérative d’économie familiale (ACEF) de l’Est de Montréal. D’ailleurs, en doublant ou triplant une recette par semaine, on se retrouve rapidement avec une belle variété de plats au congélateur pour ces moments où on irait au resto, on se ferait livrer un repas ou on achèterait du prêt-à-manger. 

Réduire sa consommation de viande

La viande est la plus grosse dépense à l’épicerie : 19 % du budget y est consacré, comparativement à 16 % pour les fruits et légumes, 15 % pour les produits laitiers et 11 % pour les produits de boulangerie*. Les légumineuses et le tofu sont des substituts économiques qui valent la peine d’être intégrés au menu. On peut également les utiliser pour étirer ses portions de viande. Dans un pâté chinois ou une sauce bolognaise, quelques lentilles et du tofu émietté passeront inaperçus.

* Source : Bottin consommation et distribution alimentaires en chiffres, sondage réalisé pour le MAPAQ, octobre 2017

Devenir chasseur d’aubaines

Les rabais annoncés ne sont pas toujours intéressants, prévient Olga Cherezova, de l’association coopérative d’économie familiale (ACEF) de l’Est de Montréal. Faire la liste des aliments qu’on mange régulièrement et du prix qu’il nous paraît raisonnable de payer pour leur achat devient une base de comparaison pour évaluer les rabais.

Les épiciers sont tenus d’indiquer le rapport prix/poids. Comparez les prix par unité de mesure (au millilitre ou au kilo), car un article peut être moins cher au total, mais proportionnellement plus cher au poids.

Magasiner son épicier

Même en solde, un produit peut coûter plus cher dans une épicerie qu’au prix courant ailleurs. Sachez quels magasins offrent les meilleurs prix de la semaine ou de bons rabais en général. Certains, comme Maxi & Cie, « accotent » le prix de la plupart des concurrents. Les marques maison offrent également des produits qui, à qualité équivalente, sont de 20 à 30 % moins chers que les grandes marques.

Acheter en gros, oui, mais…

Les gros formats sont généralement plus économiques, dans la mesure où tout est consommé. Prévoyez partager les aliments périssables avec une autre personne. Sinon, il vous reviendra toujours moins cher d’acheter un produit au rabais que de payer pour un aliment en gros format qui sera en partie gaspillé.

Faire des listes

Prenez quelques minutes pour éplucher les circulaires et élaborer votre menu en fonction des promotions, conseille Béatrice Bernard-Poulin, auteure de Vivre mieux avec moins. Faites une liste avant d’aller à l’épicerie et indiquez les prix à côté de chaque article ou, du moins, un total approximatif. Pour éviter le gaspillage et le dédoublement, prenez d’abord le temps de réviser ce que vous avez déjà et utilisez-le avant d’acheter du nouveau.

Faire ses emplettes de façon futée

Allez uniquement dans les allées où sont les produits qui figurent sur votre liste. « Attention aux extrémités des allées où sont souvent placés des articles plus chers, avise Olga Cherezova. Les entreprises payent pour avoir ces emplacements qui offrent une meilleure visibilité à leurs produits. » Développez également le réflexe de regarder au-delà de ce qui saute aux yeux : dans le haut et dans le bas des étagères se trouvent généralement les produits à prix plus abordable.

« Le montant qu’on a en tête pour notre épicerie est souvent inférieur à ce qu’on dépense réellement. Il faut être discipliné. Sans limites, on est plus susceptibles de dépenser. »

— Olga Cherezova, conseillère financière à l’ACEF de l’Est de Montréal

Avec plus de 8000 $ déboursés annuellement pour faire l’épicerie (excluant l’alcool), la famille québécoise type est celle qui consacre la plus grosse part de ses revenus à l’alimentation, au Canada*.

Source : Bottin consommation et distribution alimentaires en chiffres, sondage réalisé pour le MAPAQ, octobre 2017

Au Canada, le ménage moyen consacre près de 30 % de son budget d’épicerie au prêt-à-manger. Ce chiffre pourrait grimper à 50 % d’ici 2035, prédisent les auteurs d’une étude commune des universités Dalhousie et Guelph.

Des ressources

Les cuisines collectives 

Elles permettent à plusieurs individus de se regrouper pour partager le coût des aliments et la confection des repas.

Les Associations coopératives d’économie familiale (ACEF) 

Ces organismes fournissent un soutien aux consommateurs en matière de budget personnel ou familial, de crédit ou d’endettement.

Viens manger  : 

Ce livre – écrit par les nutritionnistes Marie Marquis et Stéphanie Côté, en collaboration avec des étudiantes du département de nutrition de l’Université de Montréal – rassemble différentes recettes et différents trucs pour économiser, à l’attention des étudiants. 

Offert gratuitement en version électronique.

Le « fait maison »

Plus santé et plus économiques que les versions du commerce, certains plats, aliments et condiments sont faciles à concocter et méritent qu’on leur accorde un peu de temps.

À toutes les sauces

Les sauces à pizza et à pâtes, notamment, sont faciles à faire et permettent de passer les aliments qui ont moins bonne mine. « Aujourd’hui, je mange une sauce que j’ai faite avec plein de restants : un reste de bœuf haché, un cannage de tomates, des épinards et du bouillon de légumes, raconte Béatrice Bernard-Poulin, auteure du site Béatrice. J’en ai fait une sauce à pâtes qui est franchement bonne. » Les jus de viande, donne-t-elle encore en exemple, peuvent faire de bonnes sauces à poutine.

Vivez votre vinaigrette

À la base de la vinaigrette, il y a de l’huile et du vinaigre. Ajoutez-y un peu de moutarde et quelques fines herbes séchées, et vous aurez une vinaigrette maison bien meilleure que celles bourrées d’additifs du commerce, suggère Olga Cherezova, conseillère financière à l’ACEF de l’Est de Montréal. Pour varier, ajoutez-y des jus de fruits, des confitures, des tomates séchées…

Viandes et poissons marinés

Acheter des viandes et poissons marinés est une dépense qui n’en vaut pas la peine, selon Jessica Laflamme, mère de famille. « Un filet de porc mariné se vend environ 8 $. Un filet de porc à plein prix, c’est 7 $. Si on achète en plus un filet en rabais à 3 $, on parle d’une économie de 5 $ ! On sous-estime le pouvoir de l’oignon et de l’ail. Avec quelques épices, ça fait vraiment la job. Mis au congélateur en portions, ça pénètre encore plus dans l’aliment. »

Compotes et confitures

Donnez une chance aux fruits (et légumes) moches vendus à bien meilleurs prix que ceux qui répondent aux standards du commerce. Dans des compotes, croustades et confitures, leurs imperfections passeront inaperçues.

Fruits et légumes précoupés

« Si on manque de temps et que c’est ça ou rien, c’est mieux que rien, lance Jessica Laflamme. Mais si, en arrivant de faire l’épicerie, on prend l’habitude de couper tout de suite ses légumes, c’est vraiment plus rentable. » Les prix sont également plus intéressants et la variété plus grande lorsqu’on achète ses aliments en saison, fait remarquer Béatrice Bernard-Poulin. Certains se gardent longtemps, comme les carottes, betteraves et pommes de terre, tandis que d’autres peuvent être préparés et congelés.

Biscuits, muffins et barres tendres

Les versions du commerce coûtent cher et sont peu nutritives. En les faisant à la maison, on contrôle les quantités de sucre et de gras, souligne la conseillère de l’ACEF. Profitez d’un après-midi d’automne pour en cuisiner en grandes quantités. Ils se congèlent facilement.

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