Santé publique

Pour en finir avec l’alcool pendant la grossesse

En plus du syndrome de l’alcoolisme fœtal, la consommation d’alcool pendant la grossesse met aussi l’enfant à risque de contracter une foule d’autres troubles.

Invisibles, mais tout aussi sévères, ces répercussions vont des problèmes de développement aux difficultés d’apprentissage, en passant par des troubles de compréhension, de langage, même de sociabilité.

« Le syndrome de l’alcoolisme fœtal, ce n’est que la pointe de l’iceberg », résume Marie-Élizabeth Désourdy, consultante en programmes à l’Agence de la santé publique du Canada.

D’où l’importance d’une journée comme aujourd’hui, sacrée Journée internationale de sensibilisation à l’Ensemble des troubles causés par l’alcoolisme fœtal (ETCAF, pendant français de FASD, pour Fetal Alcohol Spectrum Disorder).

Le saviez-vous ? Chaque année, on estime que 9 nouveau-nés sur 1000 sont atteints de l’un ou l’autre de ces troubles. Globalement, 1 % de la population serait touchée. L’ETCAF serait même la cause principale de déficience chez les enfants canadiens.

Consommation zéro : un mot d’ordre qui passe mal

On le sait, les gynécologues et obstétriciens recommandent aux femmes enceintes de s’abstenir totalement de consommer de l’alcool pendant leur grossesse. Le mot d’ordre ? Consommation zéro, notamment parce qu’on ne connaît toujours pas le seuil exact au-delà duquel la consommation peut effectivement mettre le fœtus à risque. Mais combien de femmes le respectent ? D’après les chiffres de la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada, de 10 à 15 % des femmes avouent consommer de l’alcool enceintes, et plus de 60 % ont aussi consommé dans les mois précédant leur grossesse.

Ces recommandations sont-elles trop sévères ? « Il n’y a pas de débat à ce sujet. Les études sont très claires. Mais le message, lui, n’est pas clair, déplore Anne-Marie Goyette, pédiatre du développement à l’Hôpital de Montréal pour enfants. Parce que non, il n’y a pas de quantité sécuritaire de consommation ! »

La preuve ? « Certaines femmes n’ont consommé que de petites quantités, et leur enfant a été atteint », fait-elle valoir. Le risque serait variable d’une femme à l’autre, même d’une grossesse à l’autre.

Tout le monde à risque

« Oui, tout le monde est à risque. On a des préjugés envers les populations autochtones, mais tout le monde, de toutes les classes socioéconomiques, de toutes les ethnies, est touché. »

La situation est d’autant plus préoccupante qu’on sait que les femmes boivent de plus en plus, notamment les jeunes, en âge, précisément, d’avoir des enfants. « C’est inquiétant ! En matière de chiffres, la prévalence s’apparente à l’autisme. C’est énorme. Et c’est un coût énorme pour la société ! »

La pédiatre ne veut toutefois pas culpabiliser les mères. Au contraire. Elle cherche à mieux les informer. « Il faut déculpabiliser les mamans. Parce qu’une chose est claire : il n’y a pas une seule mère qui boit pour faire du mal à son enfant. Elle boit parce qu’elle manque d’information, parce qu’elle ne sait pas qu’elle est enceinte, parce qu’elle a une dépendance, ou parce que son conjoint boit, dit-elle. Et c’est pour ça qu’on fait une journée de sensibilisation. Pour augmenter le niveau d’éducation. Pour que les gens comprennent cette prévention primaire. »

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