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L’ONU réclame un moratoire sur les robots tueurs

Après avoir fait la pluie et le beau temps dans les films de science-fiction, voilà que les robots tueurs font leur entrée dans le monde réel. La semaine dernière, à Genève, un représentant de l’ONU a prononcé un discours pour réclamer un moratoire sur la mise au point de robots militaires capables de prendre la décision de tuer. Zoom sur une technologie qui, même si elle n’est pas encore au point, soulève bien des questions.

Les robots tueurs en science-fiction

Ils n’ont pas de sentiments, ne se fatiguent jamais et sont d’une efficacité redoutable. De T-800 dans Terminator à ED-209 dans Robocop en passant par AMEE, du film Red Planet, les robots qui s’en prennent à la race humaine sont un grand classique des films de science-fiction.

L’invention du mot « robot » est d’ailleurs attribuée à un auteur de science-fiction, le Tchèque Karel Čapek.

Heureux mélange de robot et de cow-boy, Gunslinger, du film Westworld (1973), était quant à lui programmé pour déclencher des duels au fusil au milieu des rues… ou en plein saloon.

La technologie

Dans le monde réel, les robots capables d’identifier des cibles humaines et de décider de les éliminer sans intervention humaine n’existent pas. Mais l’ONU avertit que les technologies sont mises au point de façon « exponentielle » et qu’il est impossible de prédire à quel moment de telles machines apparaîtront sur les champs de bataille.

Des systèmes automatisés capables de détecter et de détruire des missiles et des avions sont déjà employés par plusieurs pays. Mais ce qui se rapproche le plus de la science-fiction est le déploiement par la Corée du Sud de robots dans la zone démilitarisée séparant le pays de la Corée du Nord. Ces machines armées sont dotées de systèmes infrarouges capables de détecter des êtres humains dans un rayon de 500 m. Elles sont actuellement dirigées par des humains, mais ont aussi un « mode automatique », selon l’ONU.

Le département de la Défense américain affirme que tous ces systèmes capables de tuer sont sous le contrôle des humains et qu’ils le demeureront.

Un moratoire réclamé

La semaine dernière, Christof Heyns, expert en droits de l’homme de l’ONU, a demandé aux États de la planète d’imposer un moratoire sur la conception de robots capables de prendre la décision de tuer, sans intervention humaine.

Son allocution faisait suite à un rapport publié par l’ONU, en avril, dans lequel l’organisation affirme que « les robots ne devraient pas avoir le pouvoir de vie ou de mort sur les êtres humains ».

En créant une distance entre l’humain et la décision de tuer, d’éventuels robots tueurs créeraient un « grave danger pour les valeurs humaines fondamentales et le système de sécurité international », selon l’ONU.

L’organisation voit aussi un problème de responsabilisation dans l’utilisation de robots tueurs et s’interroge sur la façon de les faire agir selon les règles de droit international.

Un regroupement d’organisations non gouvernementales dirigé par Human Rights Watch a également lancé une campagne intitulée « Stoppons les robots tueurs ».

Les drones

Le débat sur les robots tueurs survient au moment où celui sur les drones fait toujours rage. Ces avions sans pilote sont notamment utilisés par les États-Unis au Pakistan et peuvent envoyer des missiles. Le 23 mai dernier, Barack Obama a prononcé un discours affirmant que les règles entourant l’usage des drones seraient resserrées. Mais deux frappes de drone meurtrières dans les jours suivants, l’une au Pakistan et l’autre au Yémen, ont fait dire à plusieurs observateurs que rien n’a changé sur le terrain.

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