Chronique

L’hiver lesbien

Les lesbiennes, généralement plus discrètes au petit écran, sortent enfin du placard. C’est particulièrement frappant cet hiver à la télévision québécoise. Plusieurs séries et téléromans mettent en scène des couples de femmes, des femmes qui s’aiment et qui élèvent des enfants, des femmes qui se questionnent sur leur orientation sexuelle et des femmes qui cherchent du réconfort en prison. Il était temps que nos réseaux se déniaisent.

En termes de quantité de personnages lesbiens, c’est du jamais-vu. Les mardis soir, Radio-Canada présente successivement les émissions Unité 9 et Mémoires vives où les lesbiennes héritent d’intrigues principales, et non secondaires. Dans Unité 9, par contre, les relations homosexuelles sont souvent spéculaires ou circonstancielles : Annie Surprenant (Anne Casabonne) a rompu avec Suzanne (Céline Bonnier), Michèle (Catherine Proulx-Lemay) a fréquenté Avril (Myriam Côté), Shandy (Suzanne Clément) a été la blonde de Jeanne (Ève Landry), et Élise (Micheline Lanctôt) a longtemps formé un couple avec Annie la cantinière. Vous suivez toujours ?

Dans Mémoires vives, la psychiatre Flavie Hamelin-Berthier (Catherine Renaud) et sa copine Julie (Marie-Évelyne Baribeau) viennent d’avoir un bébé. Leur union – très crédible – a été ébranlée par le retour du premier amour de Flavie, Nancy Grimard (Catherine-Anne Toupin), qui, aux dernières nouvelles, se remettait d’une tentative de suicide.

Dans Trauma, toujours à la SRC, Martine Laliberté (Madeleine Péloquin) et la pulpeuse neurochirurgienne Giulia Amaro (Cristina Rosato) se fréquentent toujours. Mais pour combien de temps ? On sent que Martine éprouve toujours des sentiments forts pour Sophie Léveillée (Laurence Leboeuf).

Dans Les jeunes loups de TVA, la chef de « punkpitre » Maripier Renaud (Catherine Bérubé) ne cache pas son goût pour les filles aux jambes infinies. Dans Yamaska à TVA, avant de se mettre en ménage avec Quentin (Richard Robitaille), Sacha Carpentier (Sylvie De Morais) a craqué pour des femmes.

Pour boucler la boucle, la cinéaste Chloé Robichaud (Sarah préfère la course) a lancé la semaine dernière sa websérie Féminin/féminin, qui suit un groupe d’amies lesbiennes de Montréal dans leurs aventures amoureuses. Le premier épisode, disponible à lezspreadtheword.com, annonce de belles choses. Dans la première minute de Féminin/féminin, une des protagonistes parle d’ailleurs de l’homosexualité féminine à la télévision québécoise. « C’est comme Catherine Renaud dans Mémoires vives, elle joue trop bien la lesbienne », s’exclame la jeune femme.

Toute la vérité de TVA, qui a pris une courte pause hivernale, détaille régulièrement la vie domestique de la procureure de la Couronne Dominique (Maude Guérin) et de sa conjointe Anaïs (Salomé Corbo), les mamans du petit Hippolyte. La policière Bérangère Hamelin (Véronique Beaudet) dans 19-2 est également lesbienne.

Comme vous le voyez, les personnages de lesbiennes pullulent chez nous. À ARTV, il y a aussi un couple de femmes dans Les revenants, une captivante série française. À la télévision américaine, la recension serait trop longue, mais mentionnons le couple formé par Callie (Sara Ramirez) et Arizona (Jessica Capshaw) dans Grey’s Anatomy. Il y a notamment des personnages de femmes gaies dans The Walking Dead, Orange is the New Black, The Killing et The Fosters. Une des clones d’Orphan Black en pince pour une scientifique jouée par Évelyne Brochu.

Et n’oublions pas la série pour ados Les menteuses de Vrak.TV (Pretty Little Liars), où une des héroïnes, Emily, est sortie du placard très tôt.

Luther à Radio-Canada

Super nouvelle : la SRC a acheté l’intense minisérie britannique Luther, chuchotent mes espions. Radio-Canada prévoit diffuser en rafale les 3 saisons (pour un total de 14 épisodes) de ce brillant suspense policier à partir du mois de mai. Luther raconte les enquêtes tordues du détective londonien John Luther, capable du meilleur comme du pire. Il est campé par Idris Elba, un acteur de grand talent qui a longtemps incarné le criminel Stringer Bell dans The Wire (Sur écoute, en français). On aura le temps de s’en reparler d’ici là.

La voix monte encore

Le froid est revenu juste à temps pour la grande première de La voix à TVA, qui a été regardée par 2 723 000 téléspectateurs dimanche soir. Une audience encore plus élevée que celle de 2 593 000 fidèles mesurée lors du lancement de La voix en 2013.

Précision ici :  Tout le monde en parle n’était pas encore revenu en ondes, et Radio-Canada a plutôt diffusé le film Starbuck (576 000). Après La voix, les coulisses de Fort Boyard ont intéressé 1 876 000 fans, ce qui donne un bon indice de l’intérêt suscité par ce populaire jeu rescapé des années 90.

Toujours dimanche soir, la reprise des Jeunes loups a titillé la curiosité de 578 000 personnes, ce qui donne une cote d’écoute totale de 2 083 000 téléphages pour la dernière œuvre de Réjean Tremblay.

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