Pause zen

Courir pour être en contact avec soi-même

Coureuse émérite, Rachel Paquette a touché le fond à l’adolescence. Tentative de suicide, grave dépression suivie d’anorexie, de l’âge de 15 à 16 ans.

Elle ne voulait pas d’antidépresseurs. « Je voulais trouver autre chose. J’étais très au courant de ma condition, j’avais lu beaucoup. » Elle a consulté un psychologue une fois par semaine pendant plus de six mois. Dans son cas, la dépression a été longue à guérir, car « les éléments irritants étaient toujours sur place ». Elle reconnaît aussi aujourd’hui que, avec des médicaments, sa remontée aurait sûrement été plus facile. Son milieu familial, exigeant et rigide, selon elle, ne correspondait pas à son caractère artiste et extraverti. 

Enfant, elle bougeait beaucoup. Basket-ball, natation, course sur route. « C’était une façon pour moi de gérer mes émotions. » Elle a découvert la course en forêt en 2002, à 17 ans. À l’époque, elle partait de deux à trois heures dans la montagne à Chesterville, près de Victoriaville. Lors de sa première sortie, elle s’est perdue dans les sentiers. « C’était la première fois que je me sentais libre. Démunie, sans eau, je n’avais que ma force mentale pour m’en sortir. »

Devant faire face à elle-même, elle affirme avoir alors découvert qui elle était vraiment, et quelles étaient ses limites. Rachel se souvient d’ailleurs de moments magiques, dans les montagnes aux États-Unis, « dans les nuages, à pleurer, car les émotions prennent le dessus ». En dépression, confie-t-elle, elle ne ressentait plus aucune émotion, se sentait comme un robot. Puis, petit à petit, grâce à la course, elle s’est reconnectée à elle-même. La joie, la tristesse et l’émerveillement sont revenus.

À bientôt 27 ans, Rachel figure parmi les meilleures Canadiennes en ultramarathon, une épreuve exigeante de course à pied en milieu naturel (dont la distance doit être supérieure à 42,2 km) et se distingue également dans sa discipline partout dans le monde. Rien de moins. Elle entraîne aujourd’hui d’autres sportifs à réussir à courir 60, 85, 100 ou même 125 km en forêt et à se dépasser. 

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