Entente entre Uber et Québec

Vers un front commun des chauffeurs de taxi

QUÉBEC — Déçus de leur rencontre avec le ministre Laurent Lessard, les représentants de l’industrie du taxi veulent faire front commun et adopter des moyens de pression concertés.

Une rencontre aura lieu à Montréal aujourd’hui entre les différents regroupements, divisés sur le plan à adopter depuis l’entente conclue entre Uber et le gouvernement Couillard, la semaine dernière.

La réaction de l’industrie jusqu’ici, « ça fait désordre », a reconnu hier Guy Chevrette, porte-parole du Comité provincial de concertation et de développement du taxi.

Lors de rencontres qui se sont tenues à Québec, le ministre des Transports a proposé aux différents représentants de l’industrie de suivre l’évolution de la valeur des permis et des conditions de vie des chauffeurs par l’entremise d’un comité. L’offre a été jugée insatisfaisante.

« Ce n’était pas emballant. Je suis sorti personnellement la fale assez basse. Par contre, avec les ergots un peu plus ouverts », a lancé Guy Chevrette lors d’une mêlée de presse.

UBER ET LA LOI 100

Devant le ministre Lessard, il a plaidé en vain que l’entente entre Uber et le gouvernement ne respecte pas les dispositions de la loi 100 adoptée en juin dernier. En outre, il faut avoir un permis d’intermédiaire avant de s’entendre avec le gouvernement sur un projet-pilote, ce qu’Uber n’a toujours pas, a-t-il soutenu. Selon lui, le ministre s’est montré incapable d’expliquer à quoi serviront les redevances payées par Uber au gouvernement – environ 1 $ la course. Les modalités du fonds de modernisation de l’industrie du taxi, dans lequel les redevances seront versées, sont inconnues.

De son côté, le Regroupement des travailleurs autonomes Métallos (RTAM) a demandé au ministre de suspendre l’application de l’entente, ce qui a été refusé. Avec la rencontre d’aujourd’hui, « on veut montrer au ministre qu’on est tous unis », a affirmé son porte-parole, Benoît Jugand. Recourir à la grève, « on va l’étudier avant et on va regarder les impacts ». « Tout est sur la table », a-t-il indiqué.

Guy Chevrette veut toutefois éviter les « dérapages ». Il remettra sa démission si les ponts sont bloqués, par exemple. « Si on prend [pour cible] le transport adapté pour les handicapés, je ne marcherai pas », a-t-il ajouté.

« Un cadre légal »

Laurent Lessard a « bien entendu » que les chauffeurs de taxi « sont en maudit ». Il doute que la meilleure méthode pour faire valoir son point de vue soit de « prendre en otage ou priver de services sa propre clientèle ».

L’industrie du taxi entend faire appel aux tribunaux afin de contester l’entente. Pour Laurent Lessard, « l’entente a été conclue à l’intérieur d’un cadre légal ».

Mais les activités d’Uber à l’heure actuelle sont-elles légales ou non, alors que l’entente n’est toujours pas en vigueur ? Les sanctions prévues à la loi 100 doivent-elles s’appliquer entre-temps ? « On n’a pas de directives à donner à la police », a répondu Laurent Lessard. « On s’en remet aux autorités compétentes pour appliquer ou pas le cadre qu’on leur a soumis. »

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.