Salon de Detroit

Camionnettes et VUS
à l’honneur

NEW YORK — Les gros véhicules consommateurs d’essence ont encore la part belle au 30e Salon de l’auto de Detroit, qui s’est ouvert hier dans la capitale de l’auto américaine, même si les véhicules électriques tentent de percer le marché.

Après des années records, le marché s’essouffle quelque peu aux États-Unis et les constructeurs veulent exposer ce qui se vend le mieux, alors que plusieurs d’entre eux sont menacés de voir leurs marges considérablement réduites si Donald Trump met à exécution ses menaces de quitter l’accord de libre-échange nord-américain (ALENA) qui unit le Canada, les États-Unis et le Mexique.

Lors de sa campagne et encore après son arrivée au pouvoir il y a un an, le président américain avait exhorté les grands groupes automobiles à produire davantage aux États-Unis sous peine de sanctions. L’ALENA permet de produire des voitures au Mexique, où la main-d’œuvre est bon marché, puis de les revendre sans taxes en Amérique du Nord.

M. Trump s’en était également pris aux « belles allemandes » (Audi, BMW, Mercedes-Benz et Volkswagen), responsables en partie, selon lui, du déficit commercial des États-Unis vis-à-vis de l’Allemagne.

Le Salon a démarré hier avec les journées consacrées à la presse, qui s’étaleront jusqu’à mardi et qui seront suivies de visites des professionnels.

Les portes du Cobo Center, salle d’exposition située au centre de Detroit près de la rivière-frontière avec le Canada, seront ouvertes au public du 20 au 28 janvier. Quelque 700 000 personnes sont attendues.

En dépit de l’enthousiasme autour des véhicules autonomes et électriques, les grandes vedettes de cette grand-messe seront encore les gros véhicules (camionnettes, VUS, multisegments) qui ont constitué près des deux tiers des 17,23 millions de véhicules vendus en 2017 aux États-Unis.

« Cela va être rempli de camionnettes et de VUS. »

— Joe Wiesenfelder, journaliste au site spécialisé cars.com

Près de la moitié des nouveaux modèles qui vont être dévoilés seront des grosses voitures grandes consommatrices de carburant.

Fiat Chrysler devrait présenter la nouvelle camionnette RAM 1500, tandis que GM va dévoiler la nouvelle Chevrolet Silverado en fibre de carbone.

Outre une édition limitée de la super voiture de sport GT Mustang Bullitt, Ford devrait ressusciter la camionnette compacte Ranger, disparue en Amérique du Nord depuis 2011. Nissan dévoilera aussi son nouveau VUS Rogue, un de ses produits les plus populaires sur le marché américain.

Detroit va aussi marquer la première nord-américaine du VUS Urus de Lamborghini, présenté comme le plus rapide au monde et vendu au prix de base de 200 000 $US.

« Tant que le prix de l’essence sera à 2 $US le gallon, je ne vois pas de gros nuages à l’horizon pour ces gros véhicules », explique Maryann Keller, experte au cabinet MK & A.

Coût de production

D’autant, ajoute-t-elle, que le coût de production de ces gros véhicules n’est pas beaucoup plus élevé que celui des berlines et des citadines, alors qu’elles sont beaucoup plus rentables.

La plupart des berlines moyennes coûtent environ 17 000 $US à produire et sont vendues par la suite au consommateur autour de 25 000 $US. Une camionnette peut coûter entre 20 000 $US et 22 000 $US à construire, mais peut être vendue aux alentours de 45 000 $US, détaille l’experte.

Dans une présentation aux investisseurs en 2016, Itay Michaeli, analyste de la banque Citigroup, avait avancé que chaque camionnette de GM générait un bénéfice d’environ 11 000 $US. À l’inverse, le géant de Detroit perdait, selon lui, des centaines de dollars sur des berlines et citadines.

« Detroit met en exergue les véhicules qui sont le pain et le beurre des constructeurs. »

— Matt DiLorenzo, de Kelley Blue Book

Il ne devrait pas y avoir de grande annonce concernant les voitures autonomes, malgré une section du salon consacrée à l’autonomie, s’accordent à dire les experts, ajoutant que les informations sur les technologies futures sont désormais réservées au Consumer Electronics Show (CES) qui se tient en ce moment à Las Vegas.

L’absence d’un nombre important de constructeurs tels Volvo, Porsche ou encore Jaguar ne va pas manquer d’alimenter le débat en cours sur l’avenir de Detroit au moment où la Silicon Valley veut prendre le volant du secteur.

« La plupart des constructeurs choisissent de dévoiler leurs produits et technologies futurs au CES […] et se tournent vers Detroit pour présenter ce qu’ils vendent actuellement », résume Matt DiLorenzo.

La vedette des véhicules électriques, l’américain Tesla, ne fait d’ailleurs même pas le déplacement à Detroit pour y présenter ses produits.

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