Ingérence russe dans l’élection américaine

Trump préfère la version d’Assange

Le président désigné des États-Unis, Donald Trump, maintient que la Russie n’a joué aucun rôle dans le piratage de courriels du camp démocrate lors de la dernière élection américaine, et ce ne sont pas les sanctions récemment imposées contre Moscou par la Maison-Blanche qui vont le faire changer d’avis.

Hier, le controversé politicien est revenu à la charge sur le sujet en évoquant sur son compte Twitter une entrevue accordée par le fondateur de Wikileaks, Julian Assange, à la chaîne Fox News.

L’activiste, qui a diffusé en ligne des milliers de courriels émanant du camp démocrate avant l’élection américaine, a assuré que la source de son organisation n’était pas un État, sans donner plus de précisions.

Il a également déclaré que le directeur de campagne d’Hillary Clinton, John Podesta, avait été trompé par une tactique d’hameçonnage sommaire qui ne demandait pas une expertise poussée.

« Julian Assange a dit qu’un enfant de 14 ans aurait pu pirater Podesta. Pourquoi est-ce que le Parti démocrate a été aussi négligent ? Il a aussi dit que la Russie ne lui avait pas donné d’information », s’est félicité en ligne Donald Trump.

Il a suggéré par ailleurs, dans un autre tweet, que les services de renseignements américains cherchaient potentiellement à le berner en relevant qu’une rencontre prévue pour l’informer des détails du piratage avait été reportée à vendredi.

« Peut-être qu’ils ont besoin de plus de temps pour monter un dossier. Très étrange ! »

— Donald Trump

La tonalité « conspirationniste » de l’intervention du président désigné est « choquante », mais pas vraiment surprenante, relève Arun Vishwanath, spécialiste de la cybersécurité rattaché à l’Université de Buffalo.

« Toute sa campagne a été construite autour de théories conspirationnistes… Beaucoup de gens pensaient qu’il changerait après avoir été élu, mais il semble que ce qu’on a vu durant la campagne est ce qu’il est », relève le spécialiste, qui juge tout à fait crédibles les affirmations des services de renseignements américains sur l’identité des pirates ayant ciblé le camp démocrate.

En niant toute ingérence russe, « Donald Trump place ses préoccupations personnelles à propos de sa légitimité politique devant les intérêts de sécurité nationale américains », juge Neil Sroka, porte-parole de Democracy for America, une organisation qui soutenait la candidate démocrate.

La Russie en cause

Dans un avis publié en octobre dernier, le département de la Sécurité intérieure des États-Unis s’était dit « raisonnablement certain » que la Russie était « directement responsable » de ces cyberattaques.

Un autre rapport des services de renseignements daté du 29 décembre se faisait encore plus affirmatif à ce sujet en relevant l’existence d’une campagne des services de renseignements russes visant le gouvernement américain et ses citoyens.

Le rapport en question soulignait que deux groupes liés au gouvernement russe – connus sous les acronymes AP29 et APT28 – avaient infiltré les systèmes informatiques d’un « parti politique américain » qui n’est pas nommément identifié.

Les analystes y précisaient qu’AP29 avait lancé, à l’été 2015, une campagne d’hameçonnage ciblant près d’un millier de destinataires et qu’au moins un individu ciblé avait répondu au courriel reçu en ouvrant la porte à l’implantation d’un logiciel espion.

Représailles

Une autre attaque a été lancée au printemps 2016 par APT28 de manière à inciter les personnes ciblées à révéler en ligne leur mot de passe, permettant d’accéder à des informations « qui ont été transmises aux médias et dévoilées publiquement ».

Le document, qui n’évoque pas nommément Wikileaks, a été dévoilé à la fin de l’année alors que la Maison-Blanche annonçait l’expulsion de 35 diplomates russes des États-Unis en guise de représailles pour le piratage relevé par les services de renseignements.

Des sanctions ont également été annoncées contre deux agences d’espionnage russes et quatre de ses dirigeants, ainsi que des entreprises offrant un soutien matériel à leurs opérations en ligne.

Arun Vishwanath estime que divers indicateurs liés aux cyberattaques, incluant leur complexité, peuvent permettre aux spécialistes de déterminer, avec une certitude relativement élevée, leur provenance et l’identité, étatique ou non, de leur commanditaire.

Il n’y a cependant jamais de certitude absolue en matière de renseignements, prévient le spécialiste.

« Donald Trump voudrait la preuve absolue qu’une personne précise au Kremlin a ordonné le piratage, mais ce n’est pas comme ça que ça fonctionne », conclut-il.

Des fuites importantes ?

Le débat qui fait rage sur la source des courriels du camp démocrate divulgués par Wikileaks durant la campagne présidentielle ne dit rien de leur incidence sur les résultats de l’élection. Dans une analyse parue peu avant Noël, le site Fivethirtyeight a cherché à évaluer cet impact, sans parvenir à trancher. L’auteur de l’analyse, Harry Enten, a relevé à l’aide de Google Trends que le nombre de recherches portant sur Wikileaks a sensiblement augmenté en octobre, sans pour autant infléchir le pourcentage d’Américains qui jugeaient Hillary Clinton digne de confiance. « Évidemment, on ne peut pas affirmer qu’un seul facteur a coulé Clinton. Les faits disponibles suggèrent que Wikileaks est un des facteurs qui ont pu contribuer à sa défaite, mais on ne peut pas vraiment dire plus que ça », a conclu M. Enten.

États-Unis

Plaidoyer pour l’Obamacare

Barack Obama a enjoint hier à ses alliés démocrates de « se battre » contre la suppression de sa réforme emblématique de l’assurance-maladie, dont Donald Trump entend lancer l’abrogation dès son entrée en fonction, le 20 janvier. « Je vous envie par rapport au combat que vous allez pouvoir mener pour protéger la santé des Américains », a lancé d’emblée le président sortant aux élus démocrates du Congrès lors d’une réunion à huis clos de 100 minutes au Capitole, selon le sénateur Ed Markey. L’argument de Barack Obama est simple : il est facile d’abroger une loi, il l’est moins de la remplacer par un autre système viable et moins coûteux, sans rogner les acquis que les Américains se sont appropriés – notamment l’interdiction aux assureurs de refuser des patients en raison de leurs antécédents médicaux ou la possibilité pour les jeunes de rester couverts par l’assurance de leurs parents jusqu’à 26 ans.

— Agence France-Presse

États-Unis

Une transition militaire « sans heurts »

Barack Obama a aussi réuni hier, pour la dernière fois, les plus hauts responsables militaires du pays, les appelant à une transition en douceur avec son successeur Donald Trump et louant leur professionnalisme. « Nous devons faire en sorte que, durant cette période de transition, la passation de relais se fasse sans heurts », a-t-il déclaré avant le début de cette rencontre à la Maison-Blanche. Après huit années au pouvoir, Barack Obama cédera sa place à Donald Trump le 20 janvier. La personnalité de ce dernier et son accession météoritique à la présidence sans aucune expérience politique, militaire ou diplomatique ont suscité des interrogations sur la façon dont il exercerait le pouvoir à la tête de la première puissance mondiale. « Mon optimisme sur l’avenir de l’Amérique est lié en partie au fait que nous avons une armée aussi extraordinaire », a souligné M. Obama.

— Agence France-Presse

États-Unis

Un entretien avec le patron de l’ONU

Donald Trump s’est entretenu hier par téléphone avec le nouveau secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, auquel le prochain président américain entend demander des réformes profondes de l’organisation. L’entretien s’est déroulé à l’initiative de M. Guterres, qui, au lendemain de son entrée en fonction, a voulu se présenter au président désigné, a précisé le porte-parole adjoint de l’ONU, Farhan Haq. « Ils ont eu une conversation très positive sur les relations entre les États-Unis et l’ONU », a affirmé M. Haq. « Le secrétaire général s’est dit impatient de travailler avec le président après son entrée en fonction », a-t-il ajouté. L’entretien a été confirmé par le porte-parole de Donald Trump, Sean Spicer, qui a noté que l’homme d’affaires poussera pour des réformes au sein de l’ONU, sans détailler le contenu de la conversation entre les deux hommes.

— Agence France-Presse

États-Unis

Du pot à l’investiture

Un groupe américain de défenseurs de la légalisation de la marijuana prévoit distribuer des milliers de joints à l’occasion de l’investiture de Donald Trump à Washington. L’organisation DCMJ, qui milite pour la légalisation du cannabis, distribuera 4200 joints à 8 h, le 20 janvier, dans l’ouest du quartier Dupont Circle. Une marche en direction du National Mall se mettra en branle par la suite. Le fondateur de DCMJ, Adam Eidinger, a indiqué que tous les participants au rassemblement recevront le mot d’ordre d’allumer leur joint 4 minutes et 20 secondes après le début du discours de Donald Trump. Fumer du cannabis est légal dans le District de Columbia, sauf sur les terrains appartenant au gouvernement fédéral. Dans ce dernier cas, les contrevenants risquent d’être arrêtés par les autorités.

— Associated Press

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