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Les entreprises s’arrachent les finissants

L’avenir semble rose pour les étudiants en génie de la province. La demande est en hausse dans tous les secteurs. Les firmes accueillent les finissants à bras ouverts et c’est encore plus vrai pour les femmes.

Plusieurs signes portent à croire qu’il y a une pénurie d’ingénieurs au Québec. « Tous nos étudiants au premier cycle se trouvent un emploi très rapidement, et ce, dans toutes les spécialités. On n’a pas assez d’étudiants pour combler la demande de stages », souligne le directeur général adjoint et directeur de la formation et de la recherche à Polytechnique, François Bertrand. Pour les études au baccalauréat, on compte présentement 3,27 offres de stages pour chaque stagiaire.

Le nombre de jeunes qui choisissent le génie n’est pas non plus suffisant. « On a réalisé il y a longtemps qu’on avait du travail à faire sur le terrain à ce sujet », admet François Bertrand. Le constat est partagé par Kathy Baig, présidente de l’Ordre des ingénieurs du Québec (OIQ). « Je parle avec les employeurs et ils expriment qu’ils ont parfois de la difficulté à recruter dans certains domaines, particulièrement en région. »

Kathy Baig indique toutefois que le nombre de diplômés est en hausse d’environ 18 %. « En 2012, on comptait 3043 diplômés au niveau universitaire. Quatre ans plus tard, on était à 3771. C’est un bon indicateur pour le renouvellement de la profession. »

Secteurs d’avenir

En raison des départs à la retraite, on devra procéder à plusieurs remplacements dans les prochaines années. « Trente-cinq pour cent de nos membres sont âgés de plus de 50 ans. Ça crée plus de demande dans les génies dits traditionnels, comme les génies civil, mécanique, chimique, électrique et industriel  », dit Kathy Baig.

WSP Global, un des plus grands cabinets du Québec, peine pour sa part à recruter dans le secteur des infrastructures et du transport. « Les gouvernements, tant au provincial qu’au fédéral, investissent massivement dans ce secteur. On n’a qu’à penser au REM ou à l’échangeur Turcot », explique Isabelle Adjahi, vice-présidente, relations avec les investisseurs et communications d’entreprise.

Les génies informatique et logiciel auront aussi besoin de sang neuf. « On parle aujourd’hui d’industrie 4.0 [qui mise sur la connectivité entre l’humain, la machine et le produit] et ça aura un impact sur le marché du travail, affirme François Bertrand. Il y a des emplois qui sont voués à disparaître et qui sont remplacés par d’autres, plus technologiques. En génie biomédical, par exemple, un de nos professeurs travaille avec des médecins. Il utilise l’intelligence artificielle et les données massives pour identifier des tumeurs à partir d’images médicales. »

Femmes recherchées

Les firmes d’ingénierie ont également soif de diversité. C’est le cas notamment de WSP Global.

« Notre plus gros défi, c’est la féminisation. On veut compter 30 % de femmes d’ici quelques années. »

— Isabelle Adjahi, de WSP Global

Pour éveiller l’intérêt des jeunes envers le génie, les universités et les entreprises ont mis sur pied de nombreux projets, comme le camp scientifique Folie Technique de Polytechnique Montréal, qui rejoint plus de 20 000 jeunes par année, ou le site internet placepourtoi.ca. Certaines interventions sont par ailleurs consacrées aux filles. Rio Tinto a notamment décidé de faire équipe avec la Polytechnique pour lui permettre d’atteindre un taux de diplomation féminine de 30 % d’ici 2030. Selon Kathy Baig, chaque université a ses stratégies. L’OIQ envoie aussi des ambassadrices dans les écoles secondaires et organise des événements pour promouvoir la profession.

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