Se relever après un échec
Cinq conseils pour se relever d’une restructuration
La Presse
Une restructuration judiciaire est un processus éprouvant pour toute entreprise. Mais c’est souvent une façon de trouver un deuxième souffle et de repartir sur des bases plus solides. En fait, la majorité des entreprises qui font une proposition à leurs créanciers survivent. Luc Morin, avocat spécialisé en restructuration d’entreprises chez Fasken Martineau, et Marc Bergeron, vice-président en redressement et insolvabilité chez Raymond Chabot Grant Thornton, y vont de quelques conseils.
Un plan d’affaires est toujours important pour une entreprise, mais ce l’est encore plus dans le cadre d’une restructuration. C’est l’occasion de recentrer l’entreprise sur ce qu’elle fait de mieux, sur ses produits et services les plus rentables. Avec un plan d’affaires bien ficelé, il sera plus facile de convaincre les créanciers d’appuyer la restructuration, souligne Marc Bergeron.
« C’est souvent un aspect qu’on néglige dans une restructuration, constate Luc Morin. Les patrons ont tendance à tenir pour acquis que les employés vont rester quoi qu’il arrive. Mais dans les faits, plusieurs d’entre eux sentent que leur poste est menacé. » Pour maintenir la mobilisation du personnel, M Morin recommande à la direction de faire preuve d’une grande transparence à l’égard du processus et de prévoir la mise en place de primes de rétention ou d’un régime d’intéressement (participation aux bénéfices ou à l’actionnariat de l’entreprise).
« Pour un client, le processus de restructuration d’un fournisseur est souvent perçu comme un risque additionnel », note Luc Morin. Une entreprise en restructuration doit donc accroître la proximité avec ses clients et s’assurer de répondre rapidement à leurs préoccupations, indique Marc Bergeron. « S’ils sont bien informés, les clients vont comprendre et rester fidèles », affirme-t-il. La fin de la restructuration peut même être une « occasion en or » pour lancer au marché le message que l’entreprise « est non seulement en pleine forme, mais qu’elle est maintenant débarrassée de ses problèmes », estime M Morin.
Les fournisseurs d’une entreprise subissent généralement des pertes lors d’une restructuration. Il faut donc s’attendre à ce qu’ils imposent des conditions de vente moins avantageuses (marge de crédit limitée, délais de paiement resserrés, etc.) pendant la restructuration et même après. Pour rétablir la situation, l’entreprise doit rebâtir sa crédibilité en montrant patte blanche. « Étonnamment, ça peut se faire relativement vite », dit M. Bergeron. Si un fournisseur se montre trop gourmand dans l’espoir de récupérer ses pertes, il faut songer à le mettre de côté, surtout s’il n’est pas essentiel pour l’entreprise, relève de son côté Luc Morin.
« Une restructuration permet aux dirigeants de faire une analyse approfondie de leur entreprise, une sorte de scan complet », rappelle Luc Morin. Il faut savoir mettre ces connaissances à profit pour éviter de retomber dans les mauvaises habitudes qui ont mené l’entreprise au bord de l’abîme, dit-il.